La Lance brisée (Broken Lance) – d’Edward Dmytryk – 1954
Habitué aux cadres resserrés et aux décors exigus du film noir, Dmytryk signe ici un western en cinémascope, dans des décors naturels arides et spectaculaires, baignés de soleil et magnifiquement filmés.
Le scénario, lui, emprunte aussi bien aux grandes figures du western (la confrontation de deux frères ennemis en particulier), qu’à celles du film noir, avec cette construction en flash back qui souligne le destin tragique de cette famille condamnée par les rivalités, les rancoeurs et la soif de pouvoir.
Spencer Tracy est exceptionnel en patriarche qui voit son époque tirer à sa fin. Il est le personnage le plus intéressant et le plus fascinant. Attachant et hyper charismatique, il n’est sympathique que parce qu’il est au cœur du film, et qu’on le voit dans son intimité, avec cette Indienne qu’il a épousée en dépit de tous les préjugés, et qu’il aime comme au premier jour. Mais c’est aussi un être dur et directif, qui n’a pas le moindre geste tendre pour ses trois fils aînés à qui il préfère le plus jeune, plus intelligent et plus honnête. Un meneur connu pour son intransigeance, et pour avoir lynché ceux qui ont voulu le voler. Dans d’autres westerns, il aurait été le grand méchant…
Dans le rôle du fils préféré, le jeune Robert Wagner est très bien. Beaucoup mieux que dans Prince Vaillant ou dans les autres films de cette époque, où il est souvent bien terne. Mais c’est Richard Widmark qui impressionne. Dans le rôle plus en retrait et moins facile du frère honni, il apporte une humanité et une complexité qui font beaucoup pour la réussite du film.
Laisser un commentaire
Vous devez être connecté pour rédiger un commentaire.