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Guerre et amour (Love and Death) – de Woody Allen – 1975

Classé dans : 1970-1979,ALLEN Woody — 19 novembre, 2013 @ 14:33

Guerre et amour

Une révolution dans une république bananière (Bananas), un film de science-fiction (Woody et les robots), et maintenant un film de guerre napoléonienne. L’esprit de Woody Allen est déjà là, plus ou moins perceptibles, dans ses films de jeunesse, mais toujours sous couvert du film de genre, et de l’effet comique immédiat et pas toujours très fin.

Mais dans ces films de jeunesse, ce Love and Death constitue un pas en avant gigantesque pour Allen. Parce qu’il aborde concrètement les principales obsessions d’Allen (la psychanalyse, le sexe, Dieu). Et surtout parce que c’est, alors, son film le plus drôle, et de loin (on le sent dès les premières minutes avec cette réplique d’anthologie : « Je vais être exécuté demain à 6h. Je devais partir à 5h, mais j’ai un bon avocat. » Mais aussi et surtout parce que c’est le mieux construit et le plus dynamique de tous ses films d’avant Annie Hall.

Même s’il se cache encore un peu derrière les apparats du film en costumes, avec de belles reconstitutions, des scènes de bataille pleine de figurants et d’explosions, et une (formidable) musique tonitruante, Woody Allen semble enfin se faire vraiment confiance, consacrant de longues scènes à son personnage et à sa relation avec Diane Keaton, avec un sens du rythme et des dialogues réellement formidables. « Si, par miracle, j’en réchappe demain, accepterais-tu de m’épouser ? – Quelles sont tes chances ? »

Love and Death est, de loin, le plus drôle de ses films de jeunesse. Visuellement, Allen s’inscrit une nouvelle fois comme un digne descendant de Chaplin (les séquences d’entraînement militaire sont irrésistible). Et puis il y a ces dialogues, souvent à mourir de rire (il y a bien longtemps que je n’avais pas ri aussi franchement et aussi souvent), qui rythment le film. « Si je pouvais voir un miracle, un seul miracle. Un buisson ardent, les mers s’ouvrirent en deux, ou… Ou mon oncle Sasha payer l’addition. » Et cette manière unique d’enchaîner, sur le même ton, les citations les plus érudites et les dialogues les plus triviaux : « Vous avez bafoué l’honneur de la comtesse – Pourquoi ? Je l’ai laissée jouir en premier. »

Très, très drôle, le film est le trait d’union parfait entre les films de jeunesse et la grande période d’Allen, qui s’ouvre dès son film suivant, Annie Hall.

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