Woody et les robots (Sleeper) – de Woody Allen – 1973
Après la douteuse récréation de Tout ce que vous avez toujours voulu savoir…, Woody Allen signe une sorte de remake futuriste de Bananas, où son personnage, cette fois cryogénisé et réveillé 200 ans plus tard, est impliqué malgré lui dans une révolution qui n’a de sens pour lui que pour séduire LA femme.
La femme en l’occurrence, c’est Diane Keaton, pour son premier rôle dans un film d’Allen. L’actrice, qui sortait du premier Parrain, se révèle d’emblée comme le parfait pendant féminin du personnage de Woody Allen. La complicité entre ces deux-là est parfaite, et c’est de cette complicité que viennent les meilleurs moments du film.
Le passé de gagman de l’acteur-réalisateur est encore très palpable : Sleeper tire encore énormément vers le pur burlesque, et son personnage a encore quelque chose de très chaplinesque. Mais il y a dans ce film plein d’excès une sorte de parenthèse qui annonce les grandes heures à venir du cinéma allenien : un simple dialogue sur les marches d’un escalier.
Comme si la clarinette qu’il avait à la main dans cette scène lui permettait soudain de révéler sa vraie nature, face à une Diane Keaton très complice. C’est dans ce moment de magie, sensible et délicat, qu’arrive le meilleur dialogue du film, celui qui évoque le plus le génie d’Allen : « C’est dur d’imaginer que tu n’as pas fait l’amour depuis 200 ans – 204 si tu comptes mon mariage. »
Contrairement au film précédent, Allen apporte une attention inédite à son scénario, parfaitement construit et émaillé de dialogues brillants : « Mon cerveau ! Mais c’est mon deuxième organe préféré ! ». Et lorsqu’il comprend que la banale opération pour laquelle il avait été hospitalisé en 1973 a mal tourné : « Je savais que c’était trop beau : je m’étais garé à côté de l’hôpital. »
Woody Allen, cependant, est encore plus un homme de mots qu’un homme d’images. Gagman efficace, scénariste brillant, interprète formidable, il semble n’accorder de réel intérêt à la mise en scène que lors de brefs passages, en particulier une courte scène en ombres chinoises entre Diane Keaton et lui. Mais il faudra attendre les films suivants pour s’en mettre un peu plus sous la dent…
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