End of watch (id.) – de David Ayer – 2012
Scénariste de Training Day et réalisateur de Au bout de la nuit, polar urbain co-écrit par James Ellroy, David Ayer poursuit dans la même veine avec ce End of Watch, qui part d’un part-pris original et audacieux : suivre le quotidien mouvementés de deux flics du LAPD, dans un quartier particulièrement difficile, à travers des caméras embarquées ou des images de vidéo-surveillance.
Il ne faut pas plus de dix minutes pour réaliser que ce postulat gène Ayer plutôt qu’il ne l’inspire. Il ne lui faut pas longtemps pour ne plus même tenter de donner le change : même si, visuellement, Ayer tient son cap, ne proposant que des images qui semblent effectivement sorties de caméras embarquées, le réalisateur se défait rapidement de toute contrainte de cadrage. De temps à autres, il glisse bien une caméra dans le cadre, mais le choix des cadres n’est clairement dicté que par de pures contraintes d’efficacité.
Et côté efficacité, il faut reconnaître que David Ayer frappe très, très fort. Une fois passé l’agacement lié aux choix visuels, cette plongée dans les bas fonds de L.A. est réellement bluffante. L’aspect documentaire du film n’est qu’une façade : il arrive davantage de péripéties à ces deux flics en quelques jours qu’à leurs vrais collègues en une décennie. Mais le scénario est aussi sombre qu’intelligent, et Ayer sait donner un souffle tragique à son film, parsemé d’éclairs de violence qui tétanisent tant ils paraissent réalistes.
Le cinéaste sait créer une tension. Il sait aussi diriger ses acteurs : Jake Gyllenhaal et Michael Pena, loin d’être prisonniers des contraintes formelles, sont extraordinaires en flics ordinaires, ni héroïques ni lâches, ni parfaits ni pourris. Des agents en uniformes qui patrouillent toute la journée, et sont confrontés à ce que l’humanité fait de plus bas. Il y a des passages bouleversants dans ce faux docu, à commencer par la découverte de deux gamins attachés dans un placard par des parents défoncés.
Les deux flics révèlent peu à peu leurs fêlures, et leur humanité. Leurs virées nocturnes et diurnes n’en deviennent que plus tendues, et plus émouvantes…
• DVD chez Metropolitan, avec une poignée de scènes coupées et des commentaires audios du réalisateur.
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