Plein soleil – de René Clément – 1960
Le film qui a fait exploser Delon. Encore peu connu à l’époque (c’est en voyant ce film que Visconti s’est pris de passion pour lui, lui offrant Rocco et ses frères), il est de toutes les scènes, présence animale dont le comportement fascine autant qu’il dérange.
C’est quand il est seul à l’écran que la mise en scène de René Clément est la plus inspirée, comme si son seul magnétisme guidait la caméra. La première partie assume l’influence de la Nouvelle Vague. C’est, visuellement en tout cas, la moins intéressante du film : Clément cherche son style, et ces premières minutes paraissent un peu datées aujourd’hui. Il y a là aussi une courte apparition (muette) de Romy Schneider, qui dévore Delon des yeux. Une simple apparition pour l’ex-interprète de Sissi, venue rendre visite à son fiancé d’alors sur le tournage du film.
Heureusement, les acteurs sont fascinants, et la relation entre Maurice Ronet et Alain Delon est parfaitement trouble. Le premier, enfant riche et gâté, se joue de son « ami » venu le chercher en Italie à la demande de son père, prenant plaisir à l’humilier. Le second accepte tout et se glisse dans les frusques de son comparse : attirance, fascination, ou envie ?
Et puis le ton change radicalement en une fraction de seconde, lors de la scène du meurtre, brutale et sauvage, qui semble déchaîner les éléments. Impressionnant.
La suite est passionnante, Delon semblant se transformer peu à peu en clone de Ronet, faisant sienne sa vie, ses vêtements, et même sa petite amie, Marie Laforêt, dont on se demande jusqu’à quel point elle est vraiment dupe.
Œuvre troublante et fascinante, Plein soleil est une belle adaptation d’un roman de Patricia Highsmith, un grand thriller, d’une efficacité imparable dont la fin est absolument magnifique : ultime image de bonheur d’un Tom Ripley arrivé là où il le voulait, dans la peau et la vie de Philippe Greenleaf.
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