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Blue Jasmine (id.) – de Woody Allen – 2013

Classé dans : 2010-2019,ALLEN Woody — 20 octobre, 2013 @ 10:12

Blue Jasmine (id.) - de Woody Allen - 2013 dans 2010-2019 blue-jasmine

Woody Allen se bonifierait-il avec l’âge ? Son dernier opus, en tout cas, est une merveille d’une justesse et d’une force rares. Une œuvre élégante aussi, où les riches et les pauvres sont filmés avec le même mélange d’affection et d’hyper-conscience. Avec ce portrait de l’ex-femme d’un richissime trader véreux, passée de la fortune à la misère, du luxe mondain de Central Park à la promiscuité d’un quartier populaire de San Francisco, Allen aurait pu choisir de dénoncer les dérives du capitalisme, magnifiant les victimes et faisant des cyniques boursicoteurs des monstres insensibles.

Blue Jasmine est beaucoup plus délicat que ça, même s’il n’évite pas ces sujets, qui donnent le fond du film (notamment avec le beau personnage de l’ancien mari de Ginger, la sœur de Jasmine). On a déjà vu des films s’intéresser à des personnages à la Madoff (le récent et très bon Arbitrage, avec Richard Gere), mais cette fois, c’est à son entourage qu’il s’intéresse. De ce « Madoff », interprété par un Alec Baldwin rajeuni et ressuscité (depuis quand ne l’a-t-on pas vu aussi bien au cinéma ?), on ne voit que la superbe, ou les prémisses du doute, pas la déchéance.

C’est celle de Cate Blanchett, sa femme, qui intéresse Woody Allen. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que cette déchéance est profonde. C’est aussi celle d’un système… qui n’en profite pas pour se remettre en cause et renaître. La force surprenante du film tient justement au fait qu’Allen évite soigneusement les revirement attendus, l’hypothétique résurrection morale ou matérielle.

Il ne condamne pas, jamais. Mais il n’est ni dupe, ni naïf : Cate Blanchett est touchante parce qu’elle est brisée, mais elle est aussi détestable, totalement égoïste et égocentrique. Ce fils qui a tout perdu, y compris un père qui était son modèle, elle ne le retrouve que pour lui reprocher de ne pas être là quand ELLE avait besoin de lui. Cette sœur qu’elle snobait quand elle était sur le toit du monde, elle continue à vouloir la façonner à son image…

Les personnages, d’ailleurs, sont absolument formidables, très « alleniens » bien sûr, mais d’une grande justesse : en particulier ce fiancé brut de décoffrage, physique de brute mais sensibilité à fleur de peau, qui éclate en sanglots dans le magasin où travaille son amie… Ou la sœur bien sûr, personnage incroyablement attachant joué par Sally Hawkins.

Finalement, le seul stéréotype dans ce film, c’est le « prince charmant » interprété par Peter Sarsgaard, dont on finit par se demander s’il est réel ou s’il n’est qu’un fantasme de Jasmine, son ultime chance de retrouver sa place dans cet univers qu’elle sait hypocrite et fait de faux-semblant, mais auquel elle appartient corps-et-âmes.

Cate Blanchett est exceptionnelle, d’une grande intensité, donnant corps aux différentes étapes de cette déchéance abyssale dans des allers et retours incessants, et intelligents, entre présent et passé. Deux époques qui se répondent ironiquement, ou tragiquement, grâce à la formidable construction du film.

Le cinéma de Woody Allen m’avait fait fuir durablement à la fin des années 90. Blue Jasmine est une splendide invitation à renouer avec ses films…

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