Etat de choc (Inhale) – de Baltasar Kormakur – 2010
Révélé en tant qu’acteur par Illegal Traffic et en tant que réalisateur par son remake américain, Contrebande, Baltasar Kormakur s’est fait un nom en Europe et de l’autre côté de l’Atlantique avec des thrillers qui sont autant de prétextes pour prendre le pouls de sociétés qui ne vont pas bien.
Ce Etat de choc, production américaine sortie en toute discrétion chez nous, s’inscrit dans la même lignée, avec un sujet fort. Le héros est le père désespéré d’une fillette condamnée à mourir si on ne lui transplante pas très vite de nouveaux poumons. Mais devant la lenteur des procédures américaines, devant la longue liste d’attente de donneur, ce père honnête (mieux : il représente la loi, en tant que procureur) décide de franchir la frontière et de chercher des filières plus rapides au Mexique, en utilisant son argent.
On voit bien tout le potentiel dramatique que véhicule cette situation : le père de famille prêt à tout, qui plonge de plus en plus profondément dans une société gangrenée par la violence et la corruption, qu’il doit affronter pour sauver sa fille. Sur le plan formel, Kormakur se révèle efficace, à défaut d’être original : comme tous les films récents qui se déroulent dans un Mexique inquiétant, l’image est saturée d’un beige poussiéreux et étouffant, qui donne immédiatement le ton.
Mais c’est surtout sur le fond que le film impressionne : sur l’honnêteté avec laquelle le sujet est abordé. Car plus il s’enfonce dans cette violence dont il espère tirer la survie de sa fille, plus le père s’approche de la réalité, et réalise que le miracle qu’il espère n’est qu’une abomination.
Jusqu’à où un père est-il capable d’aller pour sauver son enfant ? Jusqu’à quel point peut-il remettre en cause tout ce en quoi il croit ? Le film n’apporte pas une réponse philosophique à ces questions, mais a le mérite de les poser frontalement, à travers ce personnage bouleversant interprété avec une grande retenue et une grande force par Dermot Mulroney.
Les seconds rôles (Diane Kruger en mère éplorée, Vincent Perez en médecin mystérieux, Sam Shepard en ami au lourd secret) sont bien fades, mais lui porte le film et le drame sur ses épaules. On n’est pas prêt d’oublier son regard éperdu face à l’impossible décision qu’il doit prendre dans la salle d’opération…
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