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Archive pour le 6 septembre, 2013

Le Dernier Nabab (The Last Tycoon) – d’Elia Kazan – 1976

Posté : 6 septembre, 2013 @ 1:39 dans 1970-1979, CARRADINE John, CURTIS Tony, DE NIRO Robert, KAZAN Elia, MITCHUM Robert | Pas de commentaires »

Le Dernier Nabab (The Last Tycoon) – d’Elia Kazan – 1976 dans 1970-1979 le-dernier-nabab

Elia Kazan savait-il que The Last Tycoon serait son dernier film ? Il y a en tout cas des allures de testament cinématographique dans cette magnifique adaptation d’un roman de Fitzgerald. Dans le cadre du Hollywood des années 30, celui de la jeunesse de Kazan, c’est un film profondément mélancolique, l’histoire d’un amour disparu, que De Niro tente de retrouver à travers le personnage quasi-fantasmé de Katherine Moore, sosie de sa défunte femme.

Dans le rôle, Ingrid Boulting n’a pas eu bonne presse à l’époque de la sortie. Son interprétation vaporeuse en a surpris plus d’elle. A tort : elle tient davantage du fantasme que de l’héroïne classique. Sa première apparition affiche la couleur : après un tremblement de terre qui surprend le producteur interprété par DeNiro dans son sommeil, elle entre en scène chevauchant une tête géante dérivant dans un décor de cinéma inondé par un torrent…

Producteur à l’ancienne, à l’époque où les producteurs étaient les maîtres absolus et disposaient à leur convenance des réalisateurs comme des scénaristes, Monroe Stahr est inspiré par Irving Thalberg, le jeune maître à penser de la MGM dans les années 20 et 30. Il est aussi le symbole d’un Hollywood déjà condamné à disparaître, alors que le studio est secoué par la grogne des scénaristes, sur le point de créer leur syndicat. La toute puissance du producteur qui ne vit que pour les films est remise en cause. L’ère des financiers et des avocats se profile.

Stahr/DeNiro représente aussi toute la complexité de ce système de l’âge d’or d’Hollywood : un vrai amoureux de cinéma qui connaît mieux que quiconque les clés d’un bon film (la période a donné un paquet de grandes réussites, quand même…), mais qui se révèle sans pitié, obligeant un grand écrivain perdu dans un Hollywood qu’il ne comprend pas (Donald Pleasance, sans doute inspiré de Fitzgerald lui-même) à travailler avec de jeunes scénaristes aux ordres, ou virant sans ménagement d’un plateau un réalisateur (Dana Andrews) incapable de canaliser la star capricieuse jouée par Jeanne Moreau.

Monroe Stahr est à l’image de ce Hollywood recréé à l’écran dans toute sa complexité, à la fois terriblement séduisant et terrible tout court. Kazan n’est pas dupe, lui qui a connu les sommets d’Hollywood comme ses revers, après son fameux témoignage devant la commission des activités anti-américaines. Est-ce pour cela que l’un des personnages les plus sympathiques, le moins altéré par le cynisme hollywoodien, est un communiste, interprété par Jack Nicholson ?

Le film est beau parce que le personnage de DeNiro, en pleine perdition, est très émouvant. Mais aussi parce que derrière le cynisme et la critique d’un système, on sent une certaine nostalgie de cette époque disparue : The Last Tycoon est aussi une déclaration d’amour pour le cinéma et ses acteurs, avec une affiche magnifique qui semble réunir toutes les générations d’acteurs.

John Carradine sert de guide à travers les décors du studio. Tony Curtis, formidable, joue avec sa propre image. Robert Mitchum n’avait plus été aussi bon depuis des années. Ray Milland et Dana Andrews échappent pour un temps aux nanars qu’ils enchaînent alors pour des rôles en retrait mais marquants.

Ces monstres sacrés, stars d’un Hollywood déjà disparu, semblent passer le flambeau à DeNiro, fascinant dans sa raideur. L’acteur est sans doute celui qui incarne le mieux le nouvel Hollywood. Pourtant, c’est le Hollywood de l’Âge d’Or dont il est le symbole dans ce film. Qu’importe le système finalement. A la fin du film, avant de quitter ce studio pour lequel il a tout donné, il lance face caméra : « Je viens de faire du cinéma ». Et la phrase résonne comme un adieu du réalisateur. C’est bouleversant.

Infiltré (Snitch) – de Ric Roman Waugh – 2012

Posté : 6 septembre, 2013 @ 1:35 dans * Thrillers US (1980-…), 2010-2019, WAUGH Ric Roman | Pas de commentaires »

Infiltré (Snitch) – de Ric Roman Waugh - 2012 dans * Thrillers US (1980-…) infiltre

Aujourd’hui est un grand jour : celui où j’ai vu un bon film avec Dwayne Johnson. Le moins que l’on puisse dire, c’est que la version junior de Schwarzie prend de l’envergure avec ce film noir fort bien troussé par un auteur-réalisateur venu je ne sais d’où, mais pas dénué de talent le bougre.

Grotesque et tellement lisse qu’il en devenait invisible dans G.I. Joe 2 et autres superproductions sans cervelle, Johnson révèle enfin qu’il a la carrure (normal, vues les épaules) pour un cinéma plus adulte.

Inspiré de faits réels (c’est écrit au générique), le film raconte le combat d’un père sans histoire, petit patron du BTP, pour sauver son fils qui encourt une longue peine de prison pour une bêtise de jeunes avec un pote dealer. Prêt à tout, il passe un marché avec le procureur, et accepte de jouer les infiltrés pour piéger des pontes du trafic de drogue.

Très réussi, le film privilégie la tension à l’action. Il y a bien quelques rares explosions de violence : une course poursuite avec un poids lourd, une fusillade dans les étroits couloirs d’une petite maison. Mais la violence y est sèche et brutale, rien de fun ici.

L’ex-The Rock est très émouvant dans le rôle de ce père acculé, qui plonge de plus en plus profond dans un milieu qu’il ne connaît pas, et dont on sent qu’il ne pourra plus jamais s’extirper. Mais l’ancien taulard (Jon Bernthal) que le père de famille entraîne malgré lui dans sa spirale infernale est plus intéressant encore : ancien trafiquant décidé à tout subir pour mener une vie de famille plutôt que de replonger, il a tout de l’anti-héros tragique qui donne de la consistance au film. Et qui pose la question du bien-fondé des actes du père.

Et puis les seconds rôles sont parfaits, de Susan Sarandon en procureur cynique, à Barry Pepper dont la longue barbichette met en valeur le regard mort de celui qui en a trop vu.

Ric Roman Waugh signe un bon petit noir comme on les aime, une bien belle surprise.

• Des featurettes spéciales promo accompagnent le blue ray du film, édité chez Metropolitan.

Le Repenti (El taaib) – de Merzak Allouache – 2012

Posté : 6 septembre, 2013 @ 1:31 dans 2010-2019, ALLOUACHE Merzak | Pas de commentaires »

Le Repenti (El taaib) – de Merzak Allouache – 2012 dans 2010-2019 le-repenti

En 2000, après une décennie d’attentats et de massacres, l’Algérie tente de renouer avec la paix. La loi de la « concorde civile » permet aux islamistes maquisards de quitter les montagnes et de retourner chez eux. Une quasi-amnistie dont profite Rachid, jeune fermier qui avait rejoint les « frères » islamistes.

Quel y a été son rôle précis ? A-t-il participé directement à des massacres ? Lui affirme que non, ses yeux perdus sèment le doute, et Merzak Allouache n’en dira rien. Le sujet écrit et filmé par le cinéaste franco-algérien est fort, très fort : la réinsertion d’un ancien terroriste est-elle possible, au sein d’une population directement victime de la violence dont il est le symbole tangible ?

Le film n’est pas franchement optimiste. Il donne aussi le sentiment de ne pas aller tout à fait au bout de son sujet, s’en sortant avec une pirouette scénaristique qui plonge le spectateur dans le flou pendant la moitié du film, et qui recentre l’histoire sur un pharmacien et son ex-femme, qui se sont séparés après une tragédie qu’on ne peut qu’imaginer jusqu’à la toute fin du film.

Choisir de ne révéler cette proposition que dans la toute dernière partie prive le film d’une émotion qui ne vient jamais vraiment, et le style caméra à l’épaule ne fait rien pour renforcer l’empathie. Il y a pourtant de beaux moments, et de beaux personnages : le couple qui semble ne plus avoir dormi depuis cinq ans, une vieille mère qui regarde son fils perdu dévorer sa soupe, et beaucoup de regards vides, seuls signes concrets des horreurs passées…

Mais Merzak Allouache est passé à côté d’un film important. De deux films importants, même : celui qu’il aurait pu faire avec l’impossible réinsertion du repenti ; et celui qu’il aurait pu consacrer à ses parents en deuil qui voient les assassins de leur enfant invités à reprendre la place dans la société. Deux visions humaines et politiques à la fois que le cinéaste n’ose pas aborder de front. La dernière image, glaçante, ne fait que renforcer cette sensation d’inaboutie.

• Le film vient d’être édité chez Blaq Out, avec une interview assez passionnante du réalisateur.

 

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