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Archive pour août, 2013

La Ronde de l’aube (The Tarnished Angels) – de Douglas Sirk – 1958

Posté : 12 août, 2013 @ 11:13 dans 1950-1959, SIRK Douglas | Pas de commentaires »

La Ronde de l’aube (The Tarnished Angels) – de Douglas Sirk – 1958 dans 1950-1959 la-ronde-de-laube

« I need this plane like an alcoholic needs his drink »

Dans une petite ville américaine du début des années 30, un meeting aérien se prépare. Les pilotes vivent difficilement de shows à hauts risques et de la bonne volonté des populations locales. Parmi eux, un vétéran de la Grande Guerre, sa jeune épouse terriblement belle, leur jeune fils et son mécanicien, amoureux depuis toujours de la belle épouse. Cette étrange famille où règne le non-dit rencontre un journaliste local qui tombe lui aussi sous le charme de cette femme si désirable.

L’immense Douglas Sirk arrive au terme de sa carrière américaine (il n’y réalisera plus que deux films, Le Temps d’aimer et le temps de mourir et Mirage de la vie) lorsqu’il s’empare du roman Pylône de William Faulkner. On ne fait pas forcément de grands films avec de grands livres, mais Sirk a l’intelligence de s’approprier totalement l’histoire du roman pour en tirer un film profondément sirkien, qui respecte pourtant l’univers de Faulkner.

Un film visuellement magnifique, tourné dans un noir et blanc d’une grande profondeur qui souligne le poids de la grande Dépression, omniprésent, qui sert de cadre au film, même si on n’en parle jamais vraiment. Le quatuor au cœur de l’histoire dégage un mal-être abyssal, chaque personnage à sa manière.

Rock Hudson, dirigé pour la dernière fois par Sirk, trouve un nouveau grand rôle, très étonnant : celui du journaliste, un observateur étranger qui sert de liant et de révélateur des sentiments les plus enfouis, mais reste constamment extérieur à ce triangle amoureux atypique.

Robert Stack, dans le rôle de sa vie, est à la fois odieux et bouleversant. C’est le rôle inoubliable d’un type en pleine décadence, incapable de se laisser aller à ses sentiments, et qui se comporte comme la pire des ordures, jouant la femme qu’il aime aux dés, ou l’envoyant s’offrir à son pire adversaire. Il est d’autant plus bouleversant qu’on le sent dégoûté par soi-même, constamment à la limite de la fracture.

Et surtout, il y a Dorothy Malone, actrice magnifique trop vite oubliée, qui trouve elle aussi son plus beau rôle, celui du fantasme faite femme, d’une sensualité absolument hallucinante, mais dont le corps si désirable cache, mal, les rêves d’enfant d’une jeune femme qui n’aspire qu’au bonheur et à la pureté. Cette sensualité est une malédiction pour elle, et menace les derniers rêves de cette femme si amoureuse de son mari. Le baiser qu’elle finit par donner à Rock Hudson est suivi par l’irruption d’un fêtard portant un masque de mort. Glaçant…

La dernière partie est une sorte de veillée funèbre déchirante et inoubliable, qui nous hante longtemps. La Ronde de l’aube est un chef d’œuvre absolu.

• Comme beaucoup de films de Sirk, La Ronde de l’aube a été édité chez Carlotta, avec de passionnants bonus. Marguerite Chabrol, enseignante à l’université Paris X, évoque notamment la manière dont Sirk s’est emparé de l’univers de Faulkner.

Waterloo Bridge (id.) – de James Whale – 1931

Posté : 9 août, 2013 @ 11:21 dans 1930-1939, WHALE James | Pas de commentaires »

Waterloo Bridge (id.) – de James Whale – 1931 dans 1930-1939 waterloo-bridge

Dix ans avant le sublime remake de Mervyn LeRoy, la pièce à succès de Robert Sherwood avait eu droit à une première adaptation hollywoodienne, déjà très réussie. Ne connaissant pas la pièce originale, impossible de dire laquelle des deux versions est la plus fidèle. Mais ce premier film met en valeur le superbe travail de scénariste du second, qui sera nettement plus complexe et tragiquement romanesque que cette version 1931.

Le Waterloo Brigde de James Whale repose sur le même fil conducteur et les mêmes scènes-clés que son remake, mais d’une manière beaucoup plus simple et linéaire. La rencontre sur Waterloo Bridge menacée par les raids aériens de la Grande Guerre est quasiment la même, mais le poids omniprésent du conflit est bien moins perceptible ici. Le contexte du tournage, bien sûr, est différent : le film de LeRoy sera marqué par la seconde guerre mondiale, alors en cours, ce qui n’est pas le cas ici.

La guerre, dans le film de Whale, n’est qu’un ressors dramatique, une figure assez classique du destin, aussi tragique soit-il. L’une des principale différence entre les deux scénarios n’est pas anodin : la « faute » de Myra, contrainte à vendre son corps pour survivre, est antérieure à sa rencontre avec Roy, son chevalier blanc. Dès la rencontre de ces deux-là, leur destin est scellé. La responsable de cet amour impossible est moins la folie de la guerre que l’ombre de la grande dépression.

Moins bouleversant que La Valse dans l’ombre, Waterloo Bridge reste une belle réussite, passionnante et émouvante. Un film bien de son époque (l’ère pré-code Hayes), où la présence de danseuses semble n’être qu’un prétexte à filmer les comédiennes en petites tenues dans les coulisses, où, contrairement au remake, on voit Myra tapiner, et où la violence psychologique est souvent extrême.

Un beau film porté par une formidable Mae Clarke, et un Douglass Montgomery juvénile qui semble prendre vingt ans au fil de ces quelques jours. Les seconds rôles, cependant, sont nettement moins intéressants que dans le remake. La mise en scène de James Whale, elle, est très inspirée (malgré des transparences très approximatives), même si moins éclatante que celle de LeRoy. Whale n’est pourtant pas dans son terrain de prédilection, lui qui allait enchaîner avec Frankenstein, pour devenir l’un des grands noms du fantastique, au même titre que Tod Browning.

• Le film de James Whale figure en bonus sur l’indispensable double-DVD de La Valse dans l’ombre, édité chez Wild Side Vidéos il y a quelques mois.

Le dernier train pour Frisco (One more train to rob) – de Andrew V. McLaglen – 1971

Posté : 9 août, 2013 @ 11:12 dans 1970-1979, McLAGLEN Andrew V., WESTERNS | Pas de commentaires »

Le dernier train pour Frisco (One more train to rob) – de Andrew V. McLaglen – 1971 dans 1970-1979 le-dernier-train-pour-frisco

Pas grand-chose à sauver dans ce western semi-parodique qui ressemble bien plus à un téléfilm un peu bancal qu’aux grandes réussites du genre, qui ont pourtant toujours influencé le fils McLaglen. Elevé par un acteur fétiche de John Ford (Victor McLaglen, donc), lui-même ancien assistant du grand Ford, le réalisateur n’a jamais cessé de diriger les anciens acteurs de son maître à penser (John Wayne, notamment, est très présent dans sa filmo). Ici, on retrouve ainsi George Peppard, (petite) figure fordienne depuis La Conquête de l’Ouest, et surtout Harry Carey Jr dans un petit rôle de braqueur.

Contrairement à beaucoup de films de McLaglen, qui tente souvent, maladroitement la plupart du temps, de renouer avec l’esprit de l’âge d’or d’Hollywood, celui-ci est visiblement inspiré par les programmes télé de l’époque. L’intrigue assez classique (un braqueur de trains sort de prison et veut se venger de son ancien complice et ami) est engloutie sous un humour lourdingue qui ne fait jamais mouche, et qui casse totalement le rythme de ce qui aurait pu être un petit western sombre et plaisant.

George Peppard n’est ni bon, ni mauvais. Il est là, c’est tout, se contentant de sourire à pleines dents comme son futur personnage de la série L’Agence tous risques, le seul de ses rôles dont le grand public d’aujourd’hui se souvienne vraiment. On ne croit jamais vraiment à son personnage, ni à ses relations avec la communauté chinoise, omniprésente. C’est d’ailleurs la seule vraie originalité de ce film, mais traitée avec des sabots énormes.

• Le DVD vient d’être édité par Sidonis dans sa collection Westerns de Légendes, avec une présentation par l’incontournable Patrick Brion.

Le Tueur du Montana (Gunsmoske) – de Nathan Juran – 1953

Posté : 8 août, 2013 @ 5:21 dans 1950-1959, JURAN Nathan, MURPHY Audie, WESTERNS | Pas de commentaires »

Le Tueur du Montana (Gunsmoske) – de Nathan Juran – 1953 dans 1950-1959 le-tueur-du-montana

Dans la longue liste des westerns avec Audie Murphy, celui-ci est une grande réussite. D’une grande simplicité, cette petite production sort du lot par une belle interprétation (Susans Cabot est bien jolie, et Murphy, qui ne joue pas les durs en serrant la mâchoire, a rarement été aussi convaincant), et d’excellents dialogues, percutants et souvent drôles.

Murphy, précédé de sa réputation de tueur (qui, de fait, n’a jamais tué), commande un whisky dans un saloon. Le bartender lui demande alors : « Pour le boire ou le jeter à quelqu’un ? »… L’ensemble des dialogues est à l’avenant : vifs, originaux et réjouissants.

Pour autant, le réalisateur Nathan Juran, petit artisan dont la carrière est d’avantage marquée par les décors qu’il a créés pour de nombreux films (dont Qu’elle était verte ma vallée) que par ses propres réalisations, particulièrement dans le fantastique (L’Attaque de la femme de 50 pieds, Le Septième voyage de Sinbad…), prend son film comme ce qu’il est : un petit western de genre, sans prétention et efficace.

Le résultat est assez brillant : une histoire classique de western (un tueur est engagé par celui qu’il était chargé de tuer, tombe amoureux de sa fille, doit convoyer un troupeau, et se retrouve confronté à son meilleur ami), tournée avec un grand sens de la concision (1h15, pas une minute de plus), et avec une réalisation qui tire le meilleur de ses beaux décors naturels.

La traversée à hauts risques de la montagne, qui constitue l’un des clous du film, se limite à l’écran à un chariot qui doit descendre une pente courte, mais raide. Ce pourrait être cheap et ridicule, mais le réalisateur réussit à imposer un souffle et une tension qui font mouche.

Avec ce western-là, sa deuxième réalisation, l’inégal et mal aimé Nathan Juran prouve qu’il peut avoir l’étoffe des grands artisans du genre.

Le Tueur du Montana fait partie de la dernière fournée en dates des Westerns de Légende, la fameuse collection éditée par Sidonis. En bonus, comme toujours, une présentation du film par Patrick Brion, amoureux sincère du genre. On retrouve également un portrait d’Audie Murphy par le même Brion, déjà en bonus d’autres titres de la collection.

The Thing (id.) – de John Carpenter – 1982

Posté : 8 août, 2013 @ 5:08 dans 1980-1989, CARPENTER John, FANTASTIQUE/SF | Pas de commentaires »

The Thing (id.) – de John Carpenter – 1982 dans 1980-1989 the-thing

Grand admirateur de Howard Hawks (son premier vrai film, Assaut, était un remake de Rio Bravo), John Carpenter est aussi un fan de La Chose d’un autre monde, le fameux film de SF de Hawks, que les personnages de Halloween regardaient à la télévision. Autant dire que ce remake était attendu.

Mais les deux films diffèrent énormément. Le titre original est identique (avec la même police), le cadre est le même (une base américaine au Pôle Nord), le début est le même (l’expédition découvre un extraterrestre dans la glace, qui finira par menacer les membres de la base)… Mais tout le reste est radicalement différent, malgré de beaux clins d’œil discrets et amoureux (la vidéo norvégienne).

Les premières images (une soucoupe volante très kitsch) renvoient aux films de SF des années 50. Mais les temps ont bien changé, et The Thing version Carpenter est un film qui porte la marque du cinéaste, avec sa manière unique de faire monter l’angoisse (à la manière de l’étouffant Prince des Ténèbres) et la paranoïa (comme L’Antre de la folie) avec de petits riens, une mise en scène toujours élégante, et une musique répétitive signée par un Ennio Morricone qui reprend le style des compos de Carpenter.

Dans le film de Hawks, la « chose » était un géant humanoïde quasi-indestructible. Dans celui de Carpenter, elle prend la forme de tout ce qu’elle approche, animaux et êtres humains. Autant dire que la légèreté et le bel esprit d’équipe du film originel volent ici en éclats. Tout n’est que suspicion, méfiance et paranoïa. On est finalement plus proche de L’Invasion des profanateurs de sépultures que du film de Hawks.

Formellement aussi, le film est radicalement différent. Le classique de 1951 était énormément bavard. Celui-ci est particulièrement économe en dialogue, avec une psychologie beaucoup plus réaliste et des rapports beaucoup plus tendus.

Avec The Thing, Carpenter réussit à rendre un bel hommage à un film dont il se démarque sur tous les points, et à signer l’un des grands chefs d’œuvre du cinéma de terreur de la décennie.

Les Schtroumpfs 2 (The Smurfs 2) – de Raja Gosnell – 2013

Posté : 8 août, 2013 @ 5:03 dans 2010-2019, DESSINS ANIMÉS, FANTASTIQUE/SF, GOSNELL Raja | Pas de commentaires »

Les Schtroumpfs 2 (The Smurfs 2) – de Raja Gosnell – 2013 dans 2010-2019 les-schtroumpfs-2

On prend strictement les mêmes ingrédients, et on recommence. Même réalisateur et mêmes acteurs (avec Brendan Gleeson transformé en canard en prime) pour cette deuxième aventure « live » des bonshommes bleus imaginés par Peyo, qui débarquent non plus à New York comme dans le premier film, mais à Paris, la ville lumière telle que vue par les Américains, donc pleine de lumières et de romantisme, avec la Tour Eiffel à tous les coins de rue et en toile de fond de toutes les chambres d’hôtel, avec des pavés humides et des jeunes femmes habillées comme Audrey Hepburn.

Mais comme on n’attendait pas du film une étude sociologique, on accepte les clichés de bon cœur. Surtout que le personnage de Gargamel est toujours aussi réjouissant. Hank Azaria lui apporte la folie d’un personnage de Tex Avery, qui aurait débarqué dans le monde réel. C’est la meilleure idée du film : faire de Gargamel, coincé dans le « vrai monde » à la fin du premier film, une véritable star internationale grâce à ses pouvoirs magiques, qui se produit sur la scène de l’Opéra Garnier.

Autre bonne idée, plus convenue quand même : revenir aux origines de la Schtroumpfette, création de Gargamel amenée dans le droit chemin grâce à l’amour. Un message classique du cinéma familial.

• Voir aussi Les Schtroumpfs.

Les Âmes vagabondes (The Host) – d’Andrew Niccol – 2013

Posté : 8 août, 2013 @ 4:58 dans 2010-2019, FANTASTIQUE/SF, NICCOL Andrew | Pas de commentaires »

Les Âmes vagabondes (The Host) – d’Andrew Niccol – 2013 dans 2010-2019 les-ames-vagabondes

Depuis son scénario pour Truman Show, et ses débuts de réalisateur avec Bienvenue à Gattaca, Andrew Niccoll est l’un des auteurs les plus passionnants d’Hollywood, l’un des rares réalisateurs de grosses productions à signer lui-même ses scénarios. Sa filmographie est brève, mais remarquable : Simone (belle critique d’Hollywood avec Pacino), Lord of War (son chef d’œuvre, avec Nicolas Cage)… Même Time Out, film imparfait et parfois bancal, avait des allures de réjouissante série B.

Alors même avec une adaptation d’un roman de Stephenie Meyer, la grande prêtresse des ados des années 2010 (Twiliiiiiiiiiiiight !!!!!!), on se dit que : pourquoi pas ? Eh bien au bout d’une dizaine de minutes, on a la réponse : parce que c’est absolument imbuvable, et que le film n’est qu’une immense soupe de bons sentiments, totalement indigeste. L’histoire est assez con, et la seule idée forte (deux esprits qui cohabitent dans un même corps) se révèle n’être absolument pas cinégénique.

Niccoll passe complètement à côté de son sujet, et ne réussit jamais vraiment à poser sa patte dans la pâte philosophico-romantico-puéril de Stephenie Meyer, si éloignée de son propre univers, généralement nettement plus adulte et complexe.

Il y a de bonnes choses, quand même : William Hurt en représentant de la vraie Amérique, un rythme qui ne retombe jamais, de beaux décors, et de beaux jeux de lumière entre l’obscurité dans laquelle vivent les derniers humains et le soleil qui inonde le « nouveau monde ». C’est peu.

• Dans les bonus du DVD édité par Metropolitan Films, Stephenie Meyer est omniprésente, au détriment d’Andrew Niccol qui se borne à une participation (au côté de l’écrivain) au commentaire audio du film. Une preuve de plus que l’auteur de Twilight est bien le maître à bord, et que le réalisateur de Gattaca s’est contenté d’illustrer son univers…

La Chose d’un autre monde (The Thing from another world) – de Christian Nyby et Howard Hawks – 1951

Posté : 8 août, 2013 @ 11:53 dans 1950-1959, FANTASTIQUE/SF, HAWKS Howard, NYBY Christian | Pas de commentaires »

La Chose d’un autre monde (The Thing from another world) – de Christian Nyby et Howard Hawks – 1951 dans 1950-1959 la-chose-dun-autre-monde

Les membres d’une base américaine au Pôle Nord découvrent une soucoupe volante sous la glace. Ils récupèrent un extra-terrestre coincé dans la glace. Scientifiques et militaires s’opposent sur la démarche à adopter…

Il y a dans The Thing, première version, absolument tous les clichés de la science fiction de l’époque : un discours naïf et outrancier, la menace nucléaire de la guerre froide en filigrane, des personnages beaux et caricaturaux avec une scientifique belle à tomber par terre dont le brushing supporte parfaitement les tempêtes de neige… Mais avec une différence de taille par rapport aux habituelles petites productions : la mise en scène, hyper inspirée et d’une fluidité qui confirme évidemment que Howard Hawks, crédité simplement comme producteur du film, est bien le seul maître à bord.

Monteur réputé, notamment pour Hawks (Le Port de l’angoisse, Le Grand sommeil ou encore La Rivière rouge), Christian Nyby fait ses débuts officiels de réalisateur ici. Mais cette Chose d’un autre monde est bien le seul film notable signé Nyby, dont l’essentiel de la carrière se fera à la télévision, notamment pour la série Twilight Zone. Surtout, on retrouve dans ce film le sens du rythme et le génie pour filmer les groupes, caractéristiques du réalisateur de Rio Bravo.

C’est donc l’unique incartade de Hawks dans le film d’épouvante. Et le résultat est aussi passionnant qu’étonnant. Le film est étonnamment bavard, à tel point qu’on se surprend, par moments, à y prêter à peine attention. Mais ces nombreux dialogues, parfois improbables, contribuent à donner un rythme imparable à ce film, parsemé de vrais et grands moments de terreur.

Huis-clos neigeux et angoissant, le film est aussi curieusement léger. Jusque dans les moments les plus terrifiants (et il y en a), le couple vedette du film flirte et folâtre. Ce mélange des genres, étrange, est assez fascinant.

• Voir aussi l’excellent remake de John Carpenter, The Thing.

• Les éditions Montparnasse ont sorti il y a quelques années un très beau DVD collector du film de Hawks et Nyby, visuellement somptueux, et contenant des bonus passionnants. John Carpenter y exprime notamment toute l’admiration qu’il a pour le film.

Intersections – de David Marconi – 2012

Posté : 8 août, 2013 @ 11:48 dans * Polars/noirs France, 2010-2019, MARCONI David | Pas de commentaires »

Intersections – de David Marconi – 2012 dans * Polars/noirs France intersections

Ça commence plutôt bien : un couple américain en lune de miel au Maroc, un amant qui rode et complote avec la jeune épouse, une virée en voiture au cœur du désert, un accident aussi inattendu que spectaculaire et tragique, et une poignée de personnages mystérieux qui se retrouvent perdus loin de tout…

Le réalisateur David Marconi met en place son action avec une efficacité radicale. La première partie du film est aussi sèche que le climat marocain, et la tension monte en flèche jusqu’à l’apparition du personnage le plus mystérieux de tous : un étrange réparateur interprété par l’excellent Roshdy Zem.

La tension ne retombe pas vraiment, alors, mais le scénario a un peu trop tendance à multiplier les révélations et les rebondissements. On réalise bien vite que tous les personnages cachent des secrets bien peu avouables. Même en ayant l’esprit très ouvert, on se dit quand même que voir cette demi-douzaine de personnages internationaux dont les vies cachées se télescopent dans un lieu aussi éloignée de tout repose sur un postulat bien peu convaincant.

La psychologie, d’ailleurs, est pour le moins limitée. Pourtant, le plaisir est réel. Scénariste élevé à Hollywood (Ennemi d’Etat, Die Hard 4), David Marconi signe une mise en scène franchement efficace.

• Peu de bonus sur le DVD édité chez Europa, mais une interview très intéressante de David Marconi qui explique avec clarté et passion la genèse du film.

The Master (id.) – de Paul Thomas Anderson – 2012

Posté : 8 août, 2013 @ 11:44 dans 2010-2019, ANDERSON Paul Thomas | Pas de commentaires »

The Master (id.) – de Paul Thomas Anderson – 2012 dans 2010-2019 the-master

Avec Magnolia, PT Anderson avait réussi l’un des plus grands trips cinématographiques de la décennie précédente, un extraordinaire voyage sensoriel qui s’inscrivait dans la lignée d’Apocalypse Now de Coppola, ou de Lost Highway de Lynch. Depuis, aussi passionnante sa filmographie soit-elle, le cinéaste n’a plus jamais tout à fait été aussi enthousiasmant.

The Master n’est pas, lui non plus, à la hauteur de son chef d’œuvre. Mais cette rencontre de deux individus hors du commun, dans l’Amérique de l’après-guerre, est un film qui bouscule, et qui impressionne par la maîtrise du cinéaste. Inspiré par le parcours de Ron Hubbard, le charismatique et controversé fondateur de la scientologie, The Master raconte la rencontre, déterminante, entre un « maître à penser » dont la « famille » ne cesse de grandir, et un vétéran du Pacifique totalement paumé, dont le cerveau a visiblement été bien abîmé par l’alcool qu’il distille lui-même.

Le film n’est pas un procès à charge de la Scientologie. Même si Anderson livre une vision de la secte qui fait souvent froid dans le dos, il ne juge rien ni personne, si ce n’est cette Amérique des années 50 pudibonde et hypocrite, dont le film ressuscite l’esthétique d’une manière éclatante, grâce à une photographie magnifique et l’utilisation (devenue rare) du 70 mm.

Philip Seymour Hoffman, dans le rôle du prédicateur, et Joaquin Phoenix, dans celui du paumé, sont exceptionnels. Ils sont les piliers du film, qui tourne entièrement autour de leur relation, de leur attirance-répulsion qui donne le ton, très changeant, de chaque scène. Chacune de ces scènes peut être considérée comme un petit chef d’œuvre, Anderson faisant preuve d’une maîtrise formelle hors du commun.

Brillant et passionnant, The Master reste toutefois trop froid, trop distant. L’émotion, trop souvent, ne fait qu’affleurer. Avec ce portrait croisé de deux hommes qui semblent se compléter, Anderson ne renouvelle pas ce qu’il avait si brillamment réussi avec Magnolia, un film chorale aux nombreux personnages : créer un véritable mouvement cinématographique.

• Le DVD de The Master a récemment été édité par Metropolitan Films.

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