Dangereuse mission (Wyoming Mail) – de Reginald LeBorg – 1950
Encore un petit western très original, que l’on doit cette fois à un réalisateur qui n’a pas laissé une trace mémorable dans l’histoire du cinéma. A peine se souvient-on de lui pour une série de films d’horreur à petits budgets, tournés pour la Universal dans les années 40. La découverte, avec ce Wyoming Mail, est plutôt agréable, même si le film manque de rythme.
Mais LeBorg aborde le genre, visiblement, avec un regard de non spécialiste du western : l’intrigue évoque davantage les ficelles du film à suspense (avec l’identité, gardée secrète jusqu’au bout, du chef de gang que recherche le héros), et les décors sont parfois proches du cinéma d’horreur, notamment avec cette planque troglodyte à flanc de montagne, totalement inattendue dans un western.
Le film est aussi un jeu constant sur la tromperie et la dissimulation. Le héros, interprété par un excellent Stephen McNally (qui était la même année à l’affiche de Winchester 73) est un agent secret, infiltré autant par goût de l’action que par sens du devoir. En tentant de mettre à jour le gang qui attaque les trains postaux, menaçant ainsi la pérennité de ces trains, et l’unification même de cette Amérique à peine sortie de la guerre civile, notre aventurier croise des agents doubles, voire triples. Un vrai film d’espionnage, parfois léger comme un 007, parfois franchement sombre et paranoïaque, comme lors de cette longue séquence dans la prison dirigée par le toujours infâme Ed Begley…
Mais le plus original, et le plus séduisant dans ce western fort sympathique, c’est l’omniprésence des trains (comme dans Other men’s women de Wellman, tiens, dans un tout autre registre et vingt ans plus tôt : la chronique arrive très prochainement), qui donnent corps au film comme ils donnent une cohésion à ces terres immenses. Filmés avec une belle inspiration, ce sont ces trains qui sont au cœur des plus beaux moments du film.
• Le film fait partie des nouveautés de la collection Westerns de Légende, chez Sidonis, avec une présentation par l’incontournable Patrick Brion.