The Thing (id.) – de John Carpenter – 1982
Grand admirateur de Howard Hawks (son premier vrai film, Assaut, était un remake de Rio Bravo), John Carpenter est aussi un fan de La Chose d’un autre monde, le fameux film de SF de Hawks, que les personnages de Halloween regardaient à la télévision. Autant dire que ce remake était attendu.
Mais les deux films diffèrent énormément. Le titre original est identique (avec la même police), le cadre est le même (une base américaine au Pôle Nord), le début est le même (l’expédition découvre un extraterrestre dans la glace, qui finira par menacer les membres de la base)… Mais tout le reste est radicalement différent, malgré de beaux clins d’œil discrets et amoureux (la vidéo norvégienne).
Les premières images (une soucoupe volante très kitsch) renvoient aux films de SF des années 50. Mais les temps ont bien changé, et The Thing version Carpenter est un film qui porte la marque du cinéaste, avec sa manière unique de faire monter l’angoisse (à la manière de l’étouffant Prince des Ténèbres) et la paranoïa (comme L’Antre de la folie) avec de petits riens, une mise en scène toujours élégante, et une musique répétitive signée par un Ennio Morricone qui reprend le style des compos de Carpenter.
Dans le film de Hawks, la « chose » était un géant humanoïde quasi-indestructible. Dans celui de Carpenter, elle prend la forme de tout ce qu’elle approche, animaux et êtres humains. Autant dire que la légèreté et le bel esprit d’équipe du film originel volent ici en éclats. Tout n’est que suspicion, méfiance et paranoïa. On est finalement plus proche de L’Invasion des profanateurs de sépultures que du film de Hawks.
Formellement aussi, le film est radicalement différent. Le classique de 1951 était énormément bavard. Celui-ci est particulièrement économe en dialogue, avec une psychologie beaucoup plus réaliste et des rapports beaucoup plus tendus.
Avec The Thing, Carpenter réussit à rendre un bel hommage à un film dont il se démarque sur tous les points, et à signer l’un des grands chefs d’œuvre du cinéma de terreur de la décennie.
Laisser un commentaire
Vous devez être connecté pour rédiger un commentaire.