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Archive pour juin, 2013

J’ai le droit de vivre (You only live once) – de Fritz Lang – 1937

Posté : 3 juin, 2013 @ 10:13 dans * Films noirs (1935-1959), 1930-1939, BOND Ward, LANG Fritz, SIDNEY Sylvia | Pas de commentaires »

J’ai le droit de vivre (You only live once) – de Fritz Lang – 1937 dans * Films noirs (1935-1959) jai-le-droit-de-vivre

Deuxième film américain de Fritz Lang après le formidable Furie, et toujours le même thème : celui de l’innocent condamné et lynché. Mais il y a une différence de taille : cette fois, ce n’est pas la foule, incontrôlable et inhumaine, qui lynche l’innocent, mais la société dans tout ce qu’elle a d’organisée et d’officielle.

Henry Fonda, mauvais garçon libéré de sa troisième peine de prison et bien décidé à marcher droit et à mener une vie décente auprès de sa fiancée, la jolie Sylvia Sidney. Sauf que la rédemption est une chimère, et que cette société américaine, à peine sauvée par quelques grandes âmes (le prêtre, l’avocat, deux belles personnes qui risquent leur intégrité, leur bonheur et leur vie pour le bonheur des amoureux), ne laisse guère d’espoir à un condamné en quête d’une deuxième chance.

Alors que le terme n’a pas encore été inventé, J’ai le droit de vivre est un vrai film noir, dans la lignée du génial Je suis un évadé, et avec tout ce que cela implique de tragédie, de mauvaises décisions, et de contexte social.

Ce film est un chef d’œuvre, un de plus pour Lang. De cette histoire simple et tragique, Lang fait une formidable version moderne de Roméo et Juliette, avec deux personnages d’univers très différents, que l’amour conduit vers une apothéose fatale absolument sublime.

Etonnant de voir à quel point Lang, jeune exilé accueilli comme un roi à Hollywood, se montre critique et cynique envers la société américaine. Son film est d’une ironie cruelle, à l’image d’une scène assez incroyable : à quelques heures de son exécution, Fonda est soigné dans l’infirmerie de l’hôpital, les médecins s’affairant pour s’assurer qu’il sera en bonne santé pour subir son châtiment…

Cette ironie vire au cynisme absolu lors de l’évasion, moment de bravoure annoncé qui vire au tragique absurde. Lang signe une œuvre d’une noirceur abyssale, évitant toute facilité, et tout sentimentalisme : ses personnages sont des victimes, dans une certaine manière, mais Lang ne leur enlève par leur libre arbitre, et n’en fait pas de simples pions manipulés par le destin. Fonda a sa part d’ombre : il suffit de le voir chuchoter avec hargne, les yeux exorbités, « Give me a gun », pour s’en convaincre. Et Sidney abandonne tout, jusqu’à ce qu’elle a de plus innocent en elle (son bébé) pour son homme…

On s’en doute dès les premières images : tout ça finira très mal. Après Furie, les premiers pas de Lang à Hollywood sont décidément très, très, très sombres… Et Lang a une vision de l’innocence et de la culpabilité très personnelle.

Jack Reacher (id.) – de Christopher McQuarrie – 2012

Posté : 3 juin, 2013 @ 10:08 dans * Thrillers US (1980-…), 2010-2019, ACTION US (1980-…), CRUISE Tom, McQUARRIE Christopher | 1 commentaire »

Jack Reacher (id.) – de Christopher McQuarrie – 2012 dans * Thrillers US (1980-…) jack-reacher

Jack Reacher n’a pas eu le succès qu’il méritait, mais la tiédeur de son accueil populaire n’est pas une surprise. Dans un certain sens, c’est un film d’un autre temps, qui évite la surenchère d’action et d’effets spéciaux de rigueur aujourd’hui. Un film qui aurait pu être réalisé dans les années 70, avec son thème du vigilante et sa poursuite en voiture que n’aurait reniée ni Friedkin, ni Frankenheimer. Ou même dans les années 30 : ce héros sans vie réelle, sans identité propre, visiblement taillé pour devenir un héros récurrent, évoque Le Saint de la série de films originels, ou d’autres personnages de cette époque.

C’est d’ailleurs ce qui séduit et déroute à la fois : Jack Reacher est un personnage totalement en dehors des critères actuels, l’un de ces héros dont le public raffolait avant l’avènement de la télévision et des séries. Des héros dont on savait qu’on les retrouverait dans d’autres décors, avec d’autres seconds rôles, un autre emploi, mais toujours justicier. De Cheyenne Harry à Simon Templar en passant par The Thin Man, le cinéma américain d’avant-guerre en est peuplé.

Hélas, le succès très relatif du film semble condamner tout retour de Jack Reacher. Hélas, car il y a dans ce film un décalage constant qui fait mouche. Un humour qu’on n’attend pas, une certaine manière de prendre son temps et d’éviter toute surenchère, et une interprétation qui, mine de rien, est constamment étonnante.

Christopher McQuarrie, loin quand même de l’intelligence dont il avait fait preuve avec le scénario de Usual Suspects, s’amuse à filmer des personnages dont on doute constamment de la nature et du prochain acte. Tom Cruise, parfait comme toujours ; Werner Herzog, stoïque et glaçant ; Jai Courtney, nettement moins insupportable que dans Die Hard 5 ; Robert Duvall (qui retrouve Tom Cruise plus de vingt ans après Jours de Tonnerre), irrésistible… Tous, même la douce Rosamund Pike, donnent l’impression de pouvoir passer d’un côté à l’autre de la loi.

A ce petit jeu, le personnage de Jack Reacher pourrait être le moins intéressant, mais Tom Cruise, acteur décidément doué, impose une interprétation sensible et nuancée. Sa prestation ne ressemble à aucune autre de ses films précédents.

Parfois lent, parfois déroutant, Jack Reacher n’est ni un film moderne, ni un film à l’ancienne. C’est un film en dehors du temps, qui devrait donc durer, et être réévalué…

24 heures de terreur (A day of fury) – de Harmon Jones – 1956

Posté : 3 juin, 2013 @ 10:02 dans 1950-1959, JONES Harmon, WESTERNS | Pas de commentaires »

24 heures de terreur (A day of fury) – de Harmon Jones – 1956 dans 1950-1959 24-heures-de-terreur

Chouette western, assez ambitieux. L’arrivée de Jagade, un aventurier, dans une petite ville de l’Ouest où la civilisation s’organise de plus en plus, met à jour l’hypocrisie, les mesquineries, et les vices (à peine) enfouies de ses habitants.

C’est, mine de rien, un film très critique sur la bonne société américaine, qui en prend pour son grade. Les ligues de vertus, les moralistes en tous genres, la justice, et même l’église… Personne n’est épargné.

Harmon Jones n’a pas tout à fait les moyens de ses ambitions, et certains revirements dans les rapports de ces personnages paraissent bien patauds. Mais il donne un mouvement parfait à son film, faisant de Dale Robertson un manipulateur séduisant et odieux, totalement cynique, espèce de révélateur des pires travers de cette petite société qui n’est idyllique qu’en apparence (à l’image des gangsters des Inconnus dans la ville).

Face au charisme ambigu de Dale Robertson, Jock Mahoney (le marshal) paraît bien fade. Totalement monolithique, l’acteur n’est pas vraiment convaincant.

Mais il y a de grands moments, dans ce western, de belles idées à la fois de scénario (les troubles personnels du prêtre), et de mise en scène (la découverte de l’institutrice pendue, humiliée par Jagade).

Pas un chef d’œuvre, bien sûr. Cette série B, taillée à la serpe pour pouvoir alimenter des double-programmes, est trop courte (1h18) pour aller au bout de toutes les ébauches de bonnes idées : l’ennui qui envahit les habitants désoeuvrés le dimanche, la frustration de l’institutrice, ou même les rapports complexes entre Jagade et le marshal… Mais il y a dans ce petit film modeste suffisamment de belles choses pour faire mon bonheur.

Le Cheval de Turin (A Torini lo) – de Béla Tarr – 2011

Posté : 2 juin, 2013 @ 6:31 dans 2010-2019, FANTASTIQUE/SF, TARR Bela | Pas de commentaires »

Le Cheval de Turin (A Torini lo) – de Béla Tarr – 2011 dans 2010-2019 le-cheval-de-turin

Un cheval tire avec peine une charrette dans un paysage désolé, balayé par une violente tempête. Le plan, le premier du film, est long, très long. Le cheval avance difficilement, tandis que la caméra le suit dans un travelling incroyable. Ce premier plan séquence du Cheval de Turin provoque une sensation exceptionnelle, une émotion qui s’explique difficilement, mais qui vous prend aux tripes.

Est-ce la beauté sidérante de ces images en noir et blanc ? Est-ce la musique lancinante et fascinante ? Les quelque deux heures vingt de ce film provoquent des émotions aussi fortes que cette première scène. Pourtant, le film est d’une langueur absolue. On pourrait dire qu’il ne se passe pas grand-chose : un père et sa fille qui répètent, jour après jour, les mêmes gestes du quotidien, dans une ferme isolée de tout par la tempête, et quasiment sans se parler.

Mais ces gestes, immuables mais filmés systématiquement de manière différente, sont fascinants. Ils en disent plus sur ces personnages, sur leur situation et leur état d’esprit, que de longs discours. Jour après jour, on assiste au même repas : une patate chacun, trop chaude, dévorée dans le silence… Pourtant, chacun de ces repas est différent. Les jours qui se suivent se ressemblent, mais sont pourtant radicalement différents, à cause de petits détails qui changent tout.

Les vers qui ne font plus de bruit dans les boiseries de la ferme, le cheval qui refuse d’avancer, puis de se nourrir, la visite impromptue d’un voisin, l’eau du puits qui disparaît, puis le feu… Les signes, d’abord très minces, se succèdent, annonçant un changement radical. Et chacun d’entre eux crée un malaise persistant.

Est-ce la fin du monde à laquelle on assiste ? Qu’importe : c’est un grand film que l’on découvre, l’œuvre d’un cinéaste qui sait faire parler les visages, les pierres et l’obscurité avec une profondeur inouïe, et qui filme le temps (et le cheval) comme personne ne l’a fait avant lui. Des films aussi puissants et beaux que ce Cheval de Turin ne sont pas si courants…

Le Piège (The Mackintosh Man) – de John Huston – 1973

Posté : 2 juin, 2013 @ 6:28 dans * Polars US (1960-1979), 1970-1979, HUSTON John, NEWMAN Paul | Pas de commentaires »

Le Piège (The Mackintosh Man) – de John Huston – 1973 dans * Polars US (1960-1979) le-piege

Film de genre, oeuvre sans doute mineure dans la filmographie de Huston, The Mackintosh Man est un thriller assez formidable, que le cinéaste réussit constamment à sortir des sentiers battus.

Le scénario, signé Walter Hill, est excellent, ménageant mystère et suspense. Newman interprète un espion chargé d’une mission très particulière : se faire condamner à une lourde peine de prison, dans le but d’infiltrer une organisation criminelle qui a mis au point un réseau d’évasion.

Mais Huston magnifie ce scénario original et efficace, en prenant systématiquement le contre-pied du film d’espionnage. Paul Newman n’a pas grand-chose d’héroïque, le « méchant » James Mason est charmant, et Dominique Sanda, le quota charme du film, est absolument glaciale. Le film excelle aussi par l’utilisation des décors, exceptionnelle et originale.

Les marécages d’Irlande dans une séquence d’évasion inoubliable et étonnante. Le plan où Paul Newman quitte la maison en feu et se dirige droit vers ces marécages barrés jusqu’à l’horizon de murs de pierres est inoubliable.
Dans ce film de genre, Huston excelle à créer des atmosphères, des ambiances. La longue séquence qui se déroule dans un petit village d’Irlande est incroyablement vivante.

Les séquences londoniennes, plus anecdotiques, n’en sont pas moins très réussies, grâce là encore à l’utilisation des décors : un marché à ciel ouvert, une station de métro, le Parlement… Autant de décors très british dont Huston fait des personnages à part entière, qui donnent le ton de chaque scène.

Changement d’ambiance, encore, avec le dénouement à Malte, île de rêve et de danger qui, pour les amateurs de Huston et de son premier film, évoque forcément beaucoup de choses.

La Bandéra – de Julien Duvivier – 1935

Posté : 2 juin, 2013 @ 6:24 dans * Polars/noirs France, 1930-1939, DUVIVIER Julien, GABIN Jean | Pas de commentaires »

La Bandéra – de Julien Duvivier – 1935 dans * Polars/noirs France la-bandera

Toute une époque, la meilleure de Gabin : celle de ses grands chefs-d’œuvre d’avant-guerre. Celui-ci est celui qui a fait de l’acteur une immense star. Un rôle qui conditionnera une grande parie de filmo d’avant-guerre.

La toute première scène est extraordinaire. Dans un Paris nocturne de studio, digne des décors de Borzage, Duvivier présente en quelques plans secs et frappants ce qui hantera le personnage de Gabin : un crime qu’il a commis rue Saint-Vincent, à Paris, et dont on ne saura pas grand-chose.

Toute la première partie est digne des plus grands films noirs américains : c’est la descente aux enfers d’un type qui n’a plus ni passé, ni avenir. Hyper noir, et filmé avec un sens du cadre exceptionnel, qui fait ressentir le poids du monde sur les larges épaules de Gabin, qui paraissent parfois bien frêles

Recherché, sans argent ni papier, il s’engage dans la Légion étrangère espagnole, dont Julien Duvivier filme le quotidien, les longues semaines d’inaction qui précédent le massacre annoncé. Le film est visiblement inspiré par La Patrouille perdue, de Ford, qui fut l’un des films américains les plus remarqués l’année précédente. Curieusement, cette communauté d’hommes aux passés obscurs, filmée dans son quotidien, fait penser au Ford à venir, celui du Massacre de Fort Apache surtout.

Duvivier est à la hauteur de ces références. Il signe avec La Bandéra un chef d’œuvre indémodable où tout sonne juste. Le jeu des acteurs (Gabin est immense), la lumière (impressionnante)… Même les transparences pourtant approximatives et les décors de carton-pâte sont magnifiques.

Et puis ces amitiés viriles, cette camaraderie d’un autre temps, avec ce langage de titi parisien qui, dans le désert, revêt une dimension particulière, ont un charme décidément indémodable.

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