Play it again, Sam

tout le cinéma que j’aime

Archive pour juin, 2013

Sous surveillance (The Company you keep) – de Robert Redford – 2012

Posté : 25 juin, 2013 @ 1:08 dans * Thrillers US (1980-…), 2010-2019, REDFORD Robert (réal) | Pas de commentaires »

Sous surveillance (The Company you keep) – de Robert Redford – 2012 dans * Thrillers US (1980-…) sous-surveillance

Six ans qu’on n’avait plus vu Bob devant la camera (la dernière fois, c’était pour son Lions et agneaux). Passée la première réaction, cruelle, sur les marques du temps que portent son visage et son corps, on est frappé de voir à quel point Redford, au fond, n’a pas changé : ce Jim Grant, ou quel que soit son nom, est un personnage qu’il aurait pu interpréter il y a quarante ans. A quelques nuances près, quand même.

Redford réalisateur, lui, se fait le petit frère des grands maîtres des années 70, Pollack ou Pakula, avec qui il a tourné quelques-uns de ses meilleurs films. Il fait le choix d’un classicisme à l’ancienne, adoptant un rythme relativement lent qui est aux antipodes des normes actuelles. Pourtant, son film est bel et bien moderne, dans ce qu’il montre et raconte en tout cas. Les smartphones y jouent un rôle important, et le monde de la presse n’a plus rien à voir avec celui des Hommes du président.

Comme le dit l’un des personnages, « les temps changent, eux ». Si les hommes restent les mêmes, ils se débattent aujourd’hui dans une société qui a radicalement changé, à l’image de ce monde de la presse dans lequel le jeune Shia LaBeouf fait paradoxalement figure de dinosaure. Son style vestimentaire très 70s n’est pas anodin : face à des collègues journalistes qui ont depuis longtemps rendu les armes (et à un rédac chef, Stanley Tucci, trop occupé à se débattre comme il le peut dans un monde de la presse en crise), lui est encore un enquêteur entièrement dédié à la vérité.

Sauf que le Redford de 2012 n’est plus celui des années 70, sans doute plus non plus celui de Lions et agneaux. Il a 76 ans, quelques échecs récents à son actif, et du recul sur la vie. Il sait que les certitudes de la jeunesse peuvent avoir un prix élevé, et qu’un homme se détermine non par ce qu’il est, mais par les choses qu’il fait.

Avec Sous surveillance, c’est un peu comme si Redford refermait définitivement une époque : celle de ses thrillers politiques. Ce film commence comme tel, avec un enjeu fort et ambitieux : que fera cet ancien activiste recherché pour meurtre depuis trente ans ? Affronter ses responsabilités de citoyens, ou celles de père ? Une question forte qui en amène d’autres : la deuxième chance, le remord, la culpabilité, la justification de la violence…

Autant de questions qui passeront à la trappe. On peut le regretter, mais Redford préfère une réflexion sur le temps qui passe. Son thriller politique, efficace et très nostalgique, prend des allures plus intimes, plus émouvantes que dérangeantes.

Django unchained (id.) – de Quentin Tarantino – 2012

Posté : 25 juin, 2013 @ 1:04 dans 2010-2019, TARANTINO Quentin, WESTERNS | Pas de commentaires »

Django unchained (id.) – de Quentin Tarantino – 2012 dans 2010-2019 django-unchained

Sentiment un peu contrasté devant ce Django unchained, hommage que l’on sent sincère au western spaghetti : moins à ceux de Leone qu’aux séries B qui ont surfé sur le succès du Django originel dans les années 60 (avec, obligé, une apparition un rien entendue de Franco Nero – et son « what’s your name ? » franchement téléphoné).

Tarantino a un talent immense, bien sûr, et il réussit comme toujours à signer une œuvre qui ne ressemble à rien d’autre, même s’il s’imprègne de tout un pan du cinéma, le bis, qu’il adore. Et il fait de ce très long métrage (2h38) un trip jouissif à la fois rude, intelligent, et hyper fun. Les idées originales s’enchaînent, les personnages sont originaux, passionnants, et constamment surprenants.

Mais quand même. Il y a deux ou trois moments où on se dit qu’il tire un peu sur la corde, le Tarantino, et qu’à force d’élever le mauvais goût au rang de grand art, il ne fait plus systématiquement mouche. Ce n’est pas tant le massacre final, excessif et un peu ennuyeux, qui gène (la surenchère fait partie intégrante du cinéma de QT), mais quelques effets faciles (des zooms rapides avec un « fuiiittt » cheap), et des dialogues pas toujours aussi percutants que dans ses films précédents (la longue discussion sur les cagoules, du cousu main pour Jonah Hill, est franchement lourdingue, comme s’il avait absolument mettre en valeur l’acteur dans ce petit rôle).

Beaucoup de réserves, donc. Mais reconnaissons à Tarantino l’art de savoir éviter les sentiers battus, et de réussir à surprendre constamment. Reconnaissons-lui, une nouvelle fois, le don quasi-unique d’offrir à ses acteurs des rôles inoubliables, du plus petit au plus grand. Jamie Foxx (extraordinaire en gentil prêt à toutes les atrocités pour atteindre son but), Chritoph Waltz (de nouveau immense, après Inglorious Basterds), Di Caprio (qui prend visiblement un pied fou à jouer les affreux esclavagistes), mais aussi Don Johnson (très drôle), Samuel L. Jackson (son meilleur rôle depuis Pulp Fiction), jusqu’à Bruce Dern qui réussit à être inoubliable en n’ayant qu’un seul plan…

Ces acteurs sont tous utilisés comme les morceaux de musique qui composent la bande son : comme des bribes indépendantes de la culture foutraque de Tarantino, qui associe les uns aux autres, formant une œuvre unique par une espèce de miracle. C’est à la fois la force et la limite du film. Et si on fait la fine bouche, c’est juste parce que depuis vingt ans, Tarantino a placé la barre très haute. Mais une nouvelle fois, le plaisir est immense.

Le Retour de Django (Il Figlio di Django) – d’Osvaldo Civirani – 1968

Posté : 25 juin, 2013 @ 1:00 dans 1960-1969, CIVIRANI Osvaldo, WESTERNS | Pas de commentaires »

Le Retour de Django (Il Figlio di Django) – d’Osvaldo Civirani – 1968 dans 1960-1969 le-retour-de-django

Le titre est un leurre : ce « fils de Django » n’a strictement rien à voir avec le film de Sergio Corbucci. Après le triomphe de Django, de nombreux westerns italiens ont utilisé ce nom pour surfer sur ce succès, sans avoir le moindre lien. Celui-ci est l’une des premières de ces fausses suites (il n’y en aura qu’une « vraie », avec Franco Nero, près de vingt ans plus tard).

D’ailleurs, mis à part le titre (et le nom du père du héros, qui se fait dessouder dès le prologue), le film flirte moins avec l’œuvre de Corbucci qu’avec les films de Leone. Jeff (Gabriele Tinti) a les postures et les bracelets de force en cuir de Clint Eastwood, la guerre des deux clans dont il se fait l’observateur intéressé rappelle évidemment Pour une poignée de dollars. Même son premier duel, dans un bar face à trois adversaires, est un copié-collé de celui de Et pour quelques dollars de plus.

Mais le film ne se prend pas au sérieux, et enchaîne les moments de bravoure sans répit, autour de cette histoire de vengeance par ailleurs très classique.

Il y a quelques belles images, et quelques belles idées : un long passage à tabac devant une population complètement atone, un beau portrait de shérif soumis, des seconds rôles peu conventionnels (un révérend pistolero très charismatique, un joueur de poker français…), et une fin inattendue et gonflée, loin des accès de violence habituels du western italien.

• L’éditeur Sidonis s’est fait un nom grâce à sa collection « westerns de légende ». Ce Retour de Django marque le lancement d’une nouvelle collection de l’éditeur, consacrée au western spaghetti. En bonus : une présentation passionnante d’un grand connaisseur du genre, Jean-François Giré.

Female (id.) – de Michael Curtiz (et William Wellman) – 1933

Posté : 21 juin, 2013 @ 9:12 dans 1930-1939, CURTIZ Michael, WELLMAN William A. | Pas de commentaires »

Female (id.) – de Michael Curtiz (et William Wellman) – 1933 dans 1930-1939 female

Tourné la même année que le trépidant et irrésistible Kennel Murder Mystery, ce Female est une nouvelle occasion pour Michael Curtiz de s’imposer comme un maître dans l’art de donner du rythme à un film. Avec un ton similaire, mais dans un genre totalement différent : pas d’intrigue policière ici, mais le portrait d’une business woman amoureuse du seul homme qui la repousse.

C’est une charmante comédie pre-code, dont le personnage principal est assez osé : Ruth Chatterton interprète la jeune et jolie patronne d’une grosse usine automobile, aussi intraitable en affaires qu’avec les hommes. Pour se faire une place dans cet univers machiste, elle se fait aussi dure que les hommes, refusant de se rabaisser à vivre en couple. Pour elle, les hommes sont à consommation unique : des employés qu’elle attire chez elle et qui finissent la soirée dans son lit… avant de prendre une belle douche glacée le lendemain.

Guess what : elle finira par tomber réellement amoureuse du seul employé à l’envoyer promener. Un type qu’elle avait justement rencontré par hasard dans une fête foraine, alors qu’elle cherchait (maladroitement) à se fondre dans la masse.

L’histoire est aussi romanesque et improbable que dans beaucoup d’autres romances hollywoodiennes. Mais le film, outre une comédie échevelée et bien sympathique, est surtout un beau portrait de femme, original et audacieux : une femme qui a choisi de renoncer au chemin tout tracé des femmes des années 30 et d’être le seul maître de sa destinée. Dans la plus grande partie du film, en tout cas.

Autant le dire : le dernier quart d’heure fout absolument tout par terre. La jeune femme volontaire et indépendante se range finalement à l’évidence, énoncée clairement par l’homme qu’elle aime et par son secrétaire, deux personnages pourtant ouverts et éclairés : une femme n’est pas faite pour travailler, mais pour s’occuper de son mari et élever ses enfants. Bon… On est en 1933, d’accord, mais ce retournement final équivaut aux douches froides que subissent les pauvres amants d’un soir de Ruth Chatterton. Et puis cette conclusion surprend d’autant plus après avoir vu le beau rôle réellement moderne et progressiste tenu par Barbara Stanwyck dans Night Nurse de William Wellman, l’année précédente. Le machisme a la peau dure…

Female figure d’ailleurs dans le même coffret DVD que Night Nurse : le volume 2 de la collection « Forbidden Hollywood », chez TCM Archives, qui comprend trois autres films pre-code : The Divorcee de Robert Z. Leonard, A Free Soul de Clarence Brown et Three on a match de Mervyn LeRoy.

Mud, sur les rives du Mississippi (Mud) – de Jeff Nichols – 2012

Posté : 20 juin, 2013 @ 3:44 dans 2000-2009, NICHOLS Jeff | Pas de commentaires »

Mud, sur les rives du Mississippi (Mud) - de Jeff Nichols - 2012 dans 2000-2009 mud

Réalisateur de Take Shelter, Jeff Nichols signe avec Mud l’un des plus beaux films sur l’adolescence depuis des lustres. Le sujet a donné quelques classiques dans le passé : on pense immanquablement à Stand by me, ou aux Contrebandiers de Moonfleet, mais aussi aux romans de Mark Twain, autant d’œuvres marquantes auxquelles le film fait constamment allusion.

Il y a bien sûr quelque chose de Tom Sawyer dans ce personnage d’un enfant qui a grandi sur une maison flottant sur le Mississippi, qui n’aime rien tant que partir en expédition sur le fleuve avec son meilleur ami, orphelin élevé par son oncle.

Difficile de ne pas penser aussi au film de Rob Reiner, adaptation d’une nouvelle de Stephen King qui mettait en scène des adolescents qui quittaient l’enfance en découvrant un cadavre, au cours d’un été qu’ils n’oublieraient jamais. L’histoire de Mud n’est pas si différente, et les acteurs ressemblent étrangement à ceux du film de Reiner…

La comparaison avec Moonfleet est également incontournable : comme dans le chef-d’œuvre de Lang, le héros de Mud part à l’aventure en terres inconnues, et vit des aventures inquiétantes et ancrées dans la réalité, mais qui ressemblent forts à un fantasme d’enfant.

En partant à la recherche d’un bateau mystérieusement échoué au sommet d’un arbre (véritable « trésor » caché au cœur d’une île déserte), il fait la connaissance d’un homme recherché par la police et par la pègre, qui revient dans sa terre natale pour partir avec son amour de jeunesse. L’interprétation (magistrale) de Reese Whitherspoon en « princesse » portée sur l’alcool et les coups d’un soir, et celle (exceptionnelle) de Matthew McConaughey en « chevalier » un peu plouc et un peu neuneu (variation sympathique de son personnage de Killer Joe) n’enlèvent rien au fait que ce couple, même s’il est très ancré dans la misère sociale de la région, a tous les attraits d’un couple de conte.

Au premier degré, Mud est un beau film d’aventure, passionnant et romantique. Mais c’est surtout une œuvre puissante sur la fin de l’enfance. Tout n’est que symbole dans cette histoire. Ellis, au début du film, n’est qu’un enfant qui aime les balades avec son pote Neckbone, qui n’ose pas aborder les filles, qui rêve d’aventures et de voir l’endroit où le Mississippi est tellement large que ses rives disparaissent, mais dont les parents sont sur le point de divorcer…

Durant cet été-là, le couple explosera, et l’enfance d’Ellis avec. Pour faire face à ce séisme personnel, il se trouve (s’invente ?) un père de substitution, qu’il devra faire disparaître pour faire le deuil de son enfance (et de sa maison sur l’eau), et accepter que sa vie a pris un nouveau tournant.

L’Ange blanc (Night Nurse) – de William A. Wellman – 1931

Posté : 20 juin, 2013 @ 9:34 dans * Pre-code, 1930-1939, STANWYCK Barbara, WELLMAN William A. | Pas de commentaires »

L’Ange blanc (Night Nurse) – de William A. Wellman – 1931 dans * Pre-code lange-blanc

1931 est une grande année pour Wellman, qui signe plusieurs films dont L’Ennemi public (l’un des premiers classiques du film de gangster) et Safe in hell, œuvre à la fois sensuelle et très cruelle. Night Nurse se situe plutôt dans la lignée de ce dernier, et s’inscrit dans la grande tradition des films « pre-code ».

A quoi reconnaît-on un « pre-code » ? Aux tenues souvent légères des comédiennes, à la cruauté et l’amoralité des situations, à l’alcool et la drogue qui transforment des personnages respectables en rebus de l’humanité… Autant de critères que l’on retrouve dans ce petit bijou souvent déroutant, qui adopte un rythme enlevé et une apparente légèreté, pour raconter des horreurs absolues.

Car le personnage de Barbara Stanwyck (qui, comme dans d’autres films de cette époque, comme The Locked Door, se retrouve en nuisette – qu’elle porte joliment d’ailleurs – à la moindre occasion, et même sans occasion particulière), apprentie infirmière engagée par une riche famille pour veiller sur deux fillettes malades, découvre des enfants que l’on laisse littéralement mourir de faim, sous le même toit qu’une mère totalement ravagée par l’alcool, et manipulée par un médecin cocaïnomane. Jamais il n’est dit clairement que ce médecin se drogue, mais son corps est secoué de tels tics et rictus que le doute n’est pas permis…

Les apparitions du flirt de Barbara Stanwyck, un bootleger au sourire enfantin, donnent par moments les allures d’une comédie au film. Tout comme la blondeur sexy et innocente de Joan Blondell (Three on a match) font oublier par moments le drame terrible qui se joue. Mais le regard vide de ses fillettes qui vivent un calvaire, et la mâchoire crispée d’un Clark Gable encore débutant, et très méchant, le rappellent très vite.

La mise en scène de Wellman est brillante. Dès la toute première image, caméra embarquée à bord d’une ambulance lancée à toute allure, il nous plonge littéralement au cœur de l’action, nous trimballant dans les dédales d’un hôpital grouillant de vie avec ses joies (la maternité), ses souffrances (les urgences), et ses peines (dans les salles d’opération, parfois).

Cette première partie, située entièrement dans l’enceinte de l’hôpital, est exceptionnelle. Avec une fluidité et une rapidité étonnantes, Wellman rend palpable l’ambiance et l’effervescence de ce lieu souvent dur. La belle relation, loin d’être angélique, entre Barbara Stanwyck et Joan Blondell, souligne les aspérités de cette vie d’efforts. Un plan aussi simple qu’une main qui tort discrètement le bras de son amie pour l’empêcher de s’évanouir, se révèle très émouvant.

Le scénario n’est pas tout à fait à la hauteur de la mise en scène et de l’interprétation. La prudence de chacun, malgré l’état des fillettes, peut laisser dubitatif. Mais il y a une volonté d’éviter les raccourcis et toute facilité : la mère, par exemple, est totalement irrécupérable. Pas vraiment de morale à l’horizon, mais un film qui ose. Un « pre-code », quoi…

Night Nurse figure dans le volume 2 de la collection « Forbidden Hollywood », édité en zone 1 chez TCM Archives (avec The Divorcee de Robert Z. Leonard, A Free Soul de Clarence Brown, Three on a match de Mervyn LeRoy et Female de Michael Curtiz, tous des films pre-code).

Joe Kidd (id.) – de John Sturges – 1972

Posté : 19 juin, 2013 @ 10:37 dans 1970-1979, EASTWOOD Clint (acteur), STURGES John, WESTERNS | Pas de commentaires »

Joe Kidd (id.) – de John Sturges – 1972 dans 1970-1979 joe-kidd

Que l’on évoque les carrières de Sturges ou d’Eastwood, ce Joe Kidd fait généralement figure au mieux de simple curiosité, au pire de ratage, dans tous les cas d’œuvre mineure. C’était aussi mon avis jusqu’à présent, et il faut bien reconnaître quelques flottements dans le rythme de ce western, et une lumière un peu plate qui ne rend pas hommage aux beaux cadres d’un cinéaste encore très inspiré. La musique, aussi, signée Lalo Schiffrin, a des accents jazzy urbains assez étranges, qui ne collent pas très bien avec le style.

Mais malgré ces défauts, Joe Kidd est un western passionnant et très original, qui mérite largement d’être redécouvert. Le scénario, signé Elmore Leonard (le futur auteur de Jackie Brown), est foisonnant, et fourmille de belles idées, à commencer par celle au cœur du film, qui évoque les terres spoliées par les Américains, en l’occurrence aux paysans mexicains. Le sujet n’est pas totalement nouveau, mais tout en privilégiant le spectaculaire, les grands espaces et les fusillades, le film met en évidence le rôle de la justice et des tribunaux, ce qui n’est pas si courant.

La première demi-heure est étonnante, ne serait-ce que par la manière dont le personnage de Clint Eastwood nous est présenté : loin de son image habituelle d’homme de l’Ouest, popularisée par les films de Leone et réutilisée dans Sierra Torride. Il apparaît en costume de ville, portant un petit chapeau melon, et condamné par la justice à nettoyer les rues de la ville, balai à la main.

La suite lui permettra de regagner sa splendide, mais non sans mal : on le voit d’abord servant au côté d’un riche propriétaire cruel et impitoyable (Robert Duvall, tout juste sorti du premier Parrain), avant de prendre fait et cause pour les Mexicains, dont le leader n’est pas si blanc que ça. Bref, pas d’angélisme, mais une vision assez noire de l’humanité.

Dans la dernière moitié, le film se concentre essentiellement sur l’action et le suspense. Plutôt efficacement, d’ailleurs. Jusqu’au climax, qui est la scène la plus connue du film, et qui montre un train, conduit par Eastwood, traverser un saloon. C’est gratuit et pour le moins improbable, mais très franchement, ça mérite d’être vu au moins une fois…

Joe Kidd vient d’être édité par Universal pour la première fois en blue ray, sans bonus et à prix modique, dans la même vague que La Caravane de feu. Un autre Eastwood sort en même temps : Sierra Torride de Don Siegel. Ainsi que Une bible et un fusil, avec John Wayne et Katherine Hepburn.

Une allumette à trois (Three on a match) – de Mervyn LeRoy – 1932

Posté : 18 juin, 2013 @ 1:02 dans * Pre-code, 1930-1939, BOGART Humphrey, LeROY Mervyn | Pas de commentaires »

Une allumette à trois (Three on a match) – de Mervyn LeRoy – 1932 dans * Pre-code une-allumette-a-trois

Ce qu’il y a de passionnant dans la période pre-code du cinéma américain, c’est justement que le code Hayes n’était pas en vigueur, et qu’on se permettait à peu près tous les excès. Ce très beau mélodrame, signé par Mervyn LeRoy la même année que son chef d’œuvre Je suis un évadé, est très représentatif de cette parenthèse hollywoodienne qui n’aura duré que quelques années, au début des années 30.

C’est une terrible histoire de déchéance que raconte le film : celle d’une jeune femme qui avait tout pour être heureuse, et qui s’est totalement perdue. Une enfant gâtée et populaire, devenue l’épouse d’un homme riche, bon et aimant, et la mère d’un p’tit bonhomme adorable (le stéréotype du gamin hollywoodien : cheveux bouclés, moue boudeuse, petit nez retroussé), mais qui s’ennuie et se laisse entraîner par le premier séducteur entreprenant venu, qu’elle suit dans ses excès et sa débauche.

Le film est surtout passionnant parce qu’il raconte d’une manière très originale le destin croisé de trois amies d’enfance très différentes, de milieux sociaux très marqués : la fille de riche destinée à une vie facile (Ann Dvorak, d’une intensité folle), la fille modeste qui se prépare à une vie de labeur (Bette Davies, très jeune et très jolie), et la fille délurée habituée aux maisons de correction (Joan Blondell, douce et sexy à la fois).

Le film est un rien moralisateur, mais d’une manière inattendue. La deuxième chance existe pour celle qui était promise au plus sinistre des avenirs. Lorsque son amie fortunée se laisse aller à la débauche, elle aussi a toujours une porte de sortie. Mais quand son fils est la victime de ses écarts, il n’y a plus de retour possible, et la chute est spectaculaire. Sexe, alcool, drogue… Rien n’est montré vraiment frontalement, mais tout est d’une clarté sidérante.

Tombée au plus bas, Vivian aura tout de même un sursaut d’humanité, aussi bref que sidérant. Ce serait cruel de révéler la nature de ce sursaut ici, mais c’est la scène la plus forte du film, un éclat inattendu, spectaculaire et bouleversant, qui vaut la dernière « image » si mémorable de Je suis un évadé.

La structure du film est elle aussi assez originale : les mois et les années s’écoulent entre deux séquences, rythmées par des images d’actualité et des coupures de presse qui font avancer l’intrigue tout en le situant dans un contexte historique (crise boursière, tragédie, menace de guerre…), dont les protagonistes semblent pourtant totalement étrangers. Cette structure contribue à faire ressentir le poids du temps qui passe (malgré la courte durée du film, à peine plus d’une heure), et le gâchis de ce qui a été perdu.

On est aussi bien heureux de découvrir dans un rôle secondaire (il apparaît vingt minutes avant la fin du film) un jeune Humphrey Bogart, qui n’avait tourné qu’une dizaine de films mineurs, et dans des seconds rôles (dont le Up the river de Ford), et qui révèle déjà une présence joliment brutale, avec ce petit sourire sarcastique que l’on retrouvera dans Le Faucon maltais.

Three on a match figure dans le volume 2 de la collection « Forbidden Hollywood », édité en zone 1 chez TCM Archives, avec The Divorcee de Robert Z. Leonard, A Free Soul de Clarence Brown, Female de Michael Curtiz et Night Nurse de William Wellman. Tous des films pre-code.

La Caravane de feu (The War Wagon) – de Burt Kennedy – 1967

Posté : 17 juin, 2013 @ 1:56 dans 1960-1969, DOUGLAS Kirk, KENNEDY Burt, WAYNE John, WESTERNS | Pas de commentaires »

La Caravane de feu (The War Wagon) – de Burt Kennedy – 1967 dans 1960-1969 la-caravane-de-feu

La Caravane de feu semble n’avoir été fait qu’avec deux idées fortes : associer John Wayne et Kirk Douglas, et transposer le film de cambriolage, genre très en vogue dans les années 60, dans l’Ouest sauvage. Verdict ? Honorable, dirons-nous.

Le film ressemble quand même à un grand truc un peu informe, la plupart du temps. Un véhicule confortable pour deux stars dont l’apogée est déjà derrière elles. Deux hommes de l’Ouest vieillissants qui jouent ici gentiment avec leur image. Sans l’abîmer ni la remettre en question, sans prendre le moindre risque.

L’affrontement de ces deux monstres du cinéma tourne un peu en rond, sur le mode semi-parodique. Le scénario nous les présente comme deux ennemis mortels qui font alliance pour le seul appât du gain, mais on ne sent pas la moindre menace entre ces deux-là. Leurs face-à-face virils et faussement dangereux ne sont jamais pris au sérieux. Ce qui donne au film une légèreté pas désagréable, mais qui nous prive de la tension que cela aurait pu donner.

La transposition du film de cambriolage est un poil plus intéressante, parce que ce western respecte absolument tous les codes du genre : le « cerveau » qui réunit une bande hétéroclite, les préparatifs, le braquage à proprement parler, et la répartition du butin, où le plan parfaitement huilé vole en éclats…

C’est tellement fidèle à ce qu’on a vu cent fois en costumes contemporains, et même si le film a tous les attraits d’un vrai western, que tout effet de surprise tombe à plat. Surtout que le scénario est franchement paresseux, tout entier dirigé vers la vraie star du film : ce fourgon blindé que les cinq voleurs se préparent à attaquer. Le fourgon est tellement central dans l’entreprise de Burt Kennedy que le réalisateur le met en scène dès qu’il le peut tout au long du film, le faisant traverser le champ à la première occasion.

Kennedy n’a rien d’un auteur, mais c’est un honnête réalisateur, qui signe un western tout à fait honorable, avec des acteurs impeccables (Bruce Cabot, qui fut la vedette de King Kong quelques décennies plus tôt, en grand méchant ; Bruce Dern, récent prix d’interprétation à Cannes pour Nebraska, en porte-flingue vite flingué), une belle musique très westernienne de Dimitri Tiomkin, et de belle scènes d’action bien spectaculaires. Un pur divertissement bien sympathique, quoi…

La Caravane de feu est disponible pour la première fois en blue ray, dans une édition simple et pas chère (sans le moindre bonus), chez Universal.

Du plomb dans la tête (Bullet to the head) – de Walter Hill – 2012

Posté : 17 juin, 2013 @ 10:18 dans 2010-2019, ACTION US (1980-…), HILL Walter, STALLONE Sylvester | Pas de commentaires »

Du plomb dans la tête (Bullet to the head) – de Walter Hill – 2012 dans 2010-2019 du-plomb-dans-la-tete

Un tueur à gages et un flic font équipe pour retrouver le commanditaire des meurtres de leurs partenaires respectifs. C’est le point de départ de ce buddy movie adapté d’un roman graphique du Français Matz, et porté par un Stallone qui porte quand même franchement bien ses 65 ans.

Le film marque aussi le retour au premier plan de Walter Hill, qui n’avait plus fait grand-chose de vraiment frappant depuis plus de quinze ans. Scénariste de Guet-Apens et d’Alien, réalisateur d’Extrême Préjudice et de Wild Bill, spécialiste du buddy movie (48 heures, Double détente), Hill est une figure incontournable du cinéma d’action « hard boiled », un type qui, mine de rien, ne signe à peu près que des westerns à peine déguisés.

Avec Du plomb dans la tête, il est en terrain connu. Et il ne faut certes pas chercher une quelconque originalité au film. Le coup du flic et du méchant qui font équipe n’est pas nouveau, pas plus que le fait d’associer un jeune très porté nouvelles technologies (le flic, joué par Shung Kang) et un vieux de la vieille très brut de décoffrage.

Mais qu’importe : la recette fonctionne parfaitement, et le film est d’une efficacité redoutable. Un petit film, oui (même la durée : à peine plus d’une heure vingt), mais qui va droit au but, avec un humour pas envahissant et une violence brute et brutale. Un bon film bien bourrin et virile, donc.

Il y a aussi une bonne surprise dans ce film : Jason Momoa, le nouveau Conan (pas vu). Dans cet univers de testostérone où la psychologie n’a pas sa place, cette montagne de muscle incarne un méchant très méchant, mais aussi assez original. Un ancien mercernaire qui ne travaille que pour le plaisir, avec une certaine innocence qui surprend. Et c’est plutôt un bon acteur, qui parvient à insuffler une âme à son personnage.

C’est aussi une espèce de test pour les fans de Stallone : c’est le premier film dans lequel la star se laisse totalement diriger (même s’il est à l’origine du projet) depuis son retour inattendu au premier plan. Comme Rocky, on sait que Stallone n’est jamais aussi passionnant que quand il est au fond du trou. C’est quand on n’attendait plus rien de lui qu’il a écrit le beau Rocky Balboa, puis John Rambo. Revenu au premier plan grâce à ses deux personnages fétiches, il a enchaîné en imaginant une nouvelle franchise (Expendables), dont il est le seul maître.

Redevenu une icône du cinéma d’action, il se retrouve dans la position qui était la sienne au milieu des années 80. Avec trente ans de plus, mais la même crainte : en confiance, Stallone va-t-il se laisser aller aux mêmes excès musculo-grotesques que dans sa pire période ? Du plomb dans la tête laisse la question en suspens. Le film est une réussite, un film sec et nerveux comme on les aime. Mais à trop poursuivre dans cette même voie, Stallone risque bien de se répéter, voire de s’autoparodier.

• Le film sort en DVD le 10 juillet, chez Metropolitan. En bonus : un petit doc sur les coulisses assez convenu, quelques bandes annonces des nouveautés de l’éditeur, et surtout une interview amusée de Matz, l’auteur français du roman graphique original (et scénariste), qui raconte la genèse de l’histoire, et comment il s’est retrouvé à travailler avec Stallone et Walter Hill. Pas d’emphase ni de vaine excitation dans cette interview, mais le commentaire honnête d’un type conscient que le film n’est pas un chef d’œuvre, mais content d’avoir participé à une telle aventure.

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