Le Comte de Monte Cristo. 1ère époque : Edmond Dantès – de Robert Vernay – 1943
On parle souvent de cette première adaptation de Robert Vernay (il en signera une seconde une quinzaine d’années plus tard, avec Jean Marais) comme de la meilleure version ciné du roman de Dumas. C’est oublié un peu vite le film muet de Henri Fescourt qui, même imparfait, était parsemé d’éclairs de génie et de recherches formelles qui font un peu défaut ici. Le film de Vernay est une belle production, ambitieuse et parfaitement rythmée, mais un rien trop sage.
Pour s’en convaincre, il suffit de comparer les versions Vernay et Fescourt de l’évasion de Dantes. Strictement identiques sur le papier, les deux séquences ont loin d’avoir le même impact à l’écran : dans le film muet, c’était un plan d’une grande audace et inoubliable ; ici, Vernay passe totalement à côté de l’enjeu dramatique du moment, signant des images trop plates et anti-spectaculaires.
Le film de Robert Vernay semble placer tous ses efforts dans les décors et l’interprétation, effectivement irréprochable. Pierre Richard-Willm, en particulier, porte parfaitement le poids du destin de ce qui reste l’un des personnages les plus tragiques du patrimoine français.
La séquence de son arrestation est l’une des plus belles du film, parce qu’elle arrive durant un moment de bonheur total dont on connaît évidemment l’issue avant les personnages. Curieusement, Robert Vernay ne filme que le début de ce moment-clé, alors que Dantès pense encore que son arrestation n’est qu’une méprise, et qu’il va être rendue à sa fiancée. Son sourire et son insouciance sont terribles parce qu’on connaît la suite…
Surtout, les seconds rôles sont exceptionnels. De Charles Granval dans le rôle du bon armateur Morel, à Alexandre Rignault dans celui du fourbe et lâche Caderousse, ou Marcel Herrand, le contrebandier au grand cœur.
Cette première partie est avant tout un film d’acteur. Vernay signe une mise en scène soignée et efficace, qui est surtout impressionnante par ce qu’elle ne montre pas. La mort du bijoutier est particulièrement marquante, et révèle toute la bassesse et la cruauté de personnages qui sont aussi détestables que minables. Après son évasion, Dantès, lui, se contente de récompenser ceux qui ne l’on pas oublié, gardant sa vengeance pour la seconde partie…
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