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Archive pour le 29 juin, 2013

Le Silence est d’or – de René Clair – 1947

Posté : 29 juin, 2013 @ 8:17 dans 1940-1949, CLAIR René | Pas de commentaires »

Le Silence est d’or – de René Clair – 1947 dans 1940-1949 le-silence-est-dor

En adaptant (très librement) L’Ecole des femmes, René Clair signe un charmant chant d’amour à un cinéma disparu, autant qu’à une époque révolue. Mieux, tourné au lendemain de la guerre (c’est son premier film en France après son retour des Etats-Unis), le film évoque avec tendresse et passion un Paris encore innocent, où tout n’est que légèreté, pas encore abîmé par l’occupation. On est alors dans les premiers temps du cinéma, avant même la Grande Guerre…

Maurice Chevalier, formidable et débarrassé de ses tics habituels, est un réalisateur qui enchaîne les tournages… et les conquêtes féminines. Vieillissant, il vit la même vie qu’à 20 ans, jusqu’à sa rencontre avec la fille de celle qui fut son seul authentique amour, dont il tombe amoureux.

Seul problème (si on excepte le fait qu’elle pourrait être sa fille naturelle) : la jeune femme est séduite par le jeune protégé du réalisateur (joué par un tout jeune François Périer), tiraillé entre son amour pour la fraîche provinciale et sa loyauté pour celui à qui il doit tout, et qui le considère comme un fils de substitution.

Le triangle amoureux est ici d’une belle complexité, contrarié par de potentiels rapports parent-enfant qui renforce l’amertume de cette lourde sensation du temps qui passe. Comédie légère et enlevée, Le Silence est d’or est aussi un film marqué par le poids du temps, de la nostalgie, et des rendez-vous manqués.

Il y a là une superbe reconstitution d’une époque disparue (et des plateaux effervescents du cinéma primitif), où la légèreté et la nostalgie ne sont jamais loin. Le ton est celui d’une comédie, et on rit franchement devant la gaieté apparente des personnages, et grâce aux effets inattendus de l’amour naissant sur les tournages et l’harmonie de ce microcosme.

Mais il y a dans le regard de Chevalier, vieux beau attachant, un début de nostalgie très émouvant : ce type vieillissant qui réalise peu à peu que sa jeunesse est derrière lui, est franchement touchant. D’autant plus qu’on imagine facilement le parallèle que fait René Clair avec le cinéma de sa propre jeunesse

Mais la jeunesse est un état d’esprit : le personnage de Maurice Chevalier s’en convaincra après s’être pris une belle claque. Comme Clair qui commence avec ce film une nouvelle carrière à succès en France. Nostalgique et tourné vers le passé, Le Silence est d’or est aussi une œuvre ouverte sur l’avenir…

Bellamy – de Claude Chabrol – 2009

Posté : 29 juin, 2013 @ 8:13 dans * Polars/noirs France, 2000-2009, CHABROL Claude | Pas de commentaires »

Bellamy – de Claude Chabrol – 2009 dans * Polars/noirs France bellamy

Ces deux-là auraient dû faire toute une carrière ensemble. Pourtant, Chabrol a attendu son ultime film pour diriger Depardieu. La rencontre de ces deux ogres, fous de cinéma et de bouffe, avait tout d’une évidence. C’est aussi un retour aux sources pour Chabrol, qui retrouve une veine très « simenonienne ». Même si le film n’est pas une adaptation de Simenon, l’ombre du père de Maigret plane continuellement (la dédicace « aux deux George » – l’autre étant Brassens, lui aussi omniprésent).

Ce commissaire Bellamy a tout du personnage fétiche de l’écrivain. Même aspect débonnaire, même force brute, même volonté de sentir l’atmosphère… Après tout, Depardieu était également fait pour incarner Maigret, ce qu’il n’a jamais fait. Bellamy répare aussi ce rendez-vous manqué.

La présence du jeune frère du commissaire (Cornillac, excellent) fausse la donne, donnant au gros Gégé une facette plus sombre et mystérieuse, une personnification de sa mauvaise conscience.

Comme dans le roman de Simenon, l’intrigue policière n’est qu’un prétexte pour explorer les consciences, et les rapports entre les personnages, à commencer par ceux entre ce commissaire à qui la chance ne cesse de sourire, et ce jeune frère qui rate tout depuis toujours, et qui s’aiment et se détestent en même temps, passant de l’un à l’autre dans le même mouvement…

Chabrol referme aussi sa filmographie sur ce qui restera comme l’un des plus beaux personnages féminins de sa carrière : l’épouse de Bellamy, personnage qui a tout du faire-valoir, mais qui est peut-être le plus profond, le plus beau et le plus complexe du film. Surtout que Marie Bunel est absolument formidable dans ce rôle tout en demi-teinte.

Il y a bien quelques dialogues un peu lourdingues, et deux ou trois scènes trop longues (la première scène du Bricomarché est de trop), mais Bellamy permet à Chabrol de sortir par la grande porte, comme tous les grands : c’est son plus beau film depuis des années.

 

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