Le Chant du Danube (Waltzes from Vienna) – d’Alfred Hitchcock – 1934
L’un des films les plus méconnus, et les plus inattendus, d’Hitchcock : l’adaptation d’une pièce à succès (une constante, à ce stade de sa carrière), dont le sujet fait figure de curiosité dans l’œuvre du cinéaste. Le film raconte les débuts difficiles de Johann Strauss fils, jeune homme passionné de musique, qui cherche sa place entre un génie de père castrateur, égocentrique et méprisant, et une fiancée qui refuse de le partager avec la musique.
Difficile de faire plus éloigné de l’univers hitchcockien, surtout que le ton est, le plus souvent, tourné vers la comédie, avec même un authentique vent de folie qui souffle sur ce Vienne de carte postale dans quelques séquences pas loin du burlesque. Pourtant, le film porte bel et bien la marque du cinéaste, avec une inventivité de chaque plan, un dynamisme et une liberté qui tranchent avec la production anglaise de l’époque.
La belle idée du film, et ce qui semble avoir donné à Hithchcock l’envie de le tourner, c’est l’omniprésence de la musique, et la manière vivante de faire coller l’action et les images aux notes des Strauss père et fils. Le « bal des pompiers » au son du jeune Strauss est ainsi un pur moment de bonheur. Et cette scène où les gestes les plus anodins des pâtissiers lui inspirent les accords du « Beau Danube Bleu » est assez incroyable.
Le Chant du Danube n’est pas uniquement un jeu sur les images et la musique. Il y a aussi dans ce film le très beau portrait d’un jeune homme à la croisée des chemins, tiraillé entre sa passion, son amour et son père. Et ce portrait est parfois bien cruel. Son triomphe est ainsi terni par la rancœur d’un père touché dans son ego, et par la jalousie d’une femme trop possessive.
Mais on est à Vienne, la ville de la musique et de l’amour. Et le grand Johann Strauss (joué par Edmund Gwenn, figure attachante du cinéma hitchcockien, déjà vu dans The Skin Game et que l’on retrouvera des années plus tard dans Correspondant 17 et Mais qui a tué Harry ?) finira par apposer, de bon cœur, le mot « père » à côté de sa signature. Une manière élégante et belle d’accepter qu’il n’est pas le seul génie de la famille…
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