La Bandéra – de Julien Duvivier – 1935
Toute une époque, la meilleure de Gabin : celle de ses grands chefs-d’œuvre d’avant-guerre. Celui-ci est celui qui a fait de l’acteur une immense star. Un rôle qui conditionnera une grande parie de filmo d’avant-guerre.
La toute première scène est extraordinaire. Dans un Paris nocturne de studio, digne des décors de Borzage, Duvivier présente en quelques plans secs et frappants ce qui hantera le personnage de Gabin : un crime qu’il a commis rue Saint-Vincent, à Paris, et dont on ne saura pas grand-chose.
Toute la première partie est digne des plus grands films noirs américains : c’est la descente aux enfers d’un type qui n’a plus ni passé, ni avenir. Hyper noir, et filmé avec un sens du cadre exceptionnel, qui fait ressentir le poids du monde sur les larges épaules de Gabin, qui paraissent parfois bien frêles
Recherché, sans argent ni papier, il s’engage dans la Légion étrangère espagnole, dont Julien Duvivier filme le quotidien, les longues semaines d’inaction qui précédent le massacre annoncé. Le film est visiblement inspiré par La Patrouille perdue, de Ford, qui fut l’un des films américains les plus remarqués l’année précédente. Curieusement, cette communauté d’hommes aux passés obscurs, filmée dans son quotidien, fait penser au Ford à venir, celui du Massacre de Fort Apache surtout.
Duvivier est à la hauteur de ces références. Il signe avec La Bandéra un chef d’œuvre indémodable où tout sonne juste. Le jeu des acteurs (Gabin est immense), la lumière (impressionnante)… Même les transparences pourtant approximatives et les décors de carton-pâte sont magnifiques.
Et puis ces amitiés viriles, cette camaraderie d’un autre temps, avec ce langage de titi parisien qui, dans le désert, revêt une dimension particulière, ont un charme décidément indémodable.
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