Je ne voudrais pas être un homme (Ich möchte kein Mann sein) – d’Ernst Lubitsch – 1918
Ce film de jeunesse de Lubitsch est loin de la sophistication de ses grands chefs-d’œuvre à venir, y compris muets (L’Eventail de Lady Windermere…), mais c’est une comédie charmante, déjà bien plus élaborée que Quand j’étais mort, marivaudage tourné deux ans plus tôt, et qui est le plus ancien de ses films qui nous soient connu.
Cette fois encore, Lubitsch adopte une construction ouvertement théâtrale, en trois actes clairement annoncés. Premier acte : une jeune femme qui a envie de s’amuser comme un homme souffre des réprimandes constantes de ses tuteurs. Deuxième acte : elle décide de se déguiser en homme pour pouvoir s’amuser dans une boîte de nuit où l’alcool coule à flot. Troisième acte : son tuteur, qui la prend toujours pour un homme, tombe sous son charme…
Le début de ce moyen métrage est, justement, un peu trop théâtral : la caméra reste frontale et statique, la mise en scène peu inspirée, et le jeu des comédiens trop caricatural.
Mais ces défauts disparaissent comme par magie, et l’action s’accélère, tandis que l’héroïne arrive dans la boîte de nuit, et qu’elle se laisser griser par l’alcool. On retrouve alors le rythme saisissant de Lubitsch.
Le ton est très léger, mais politiquement très incorrect, et surprenant. Lubitsch, sous des allures de farce, aborde la confusion des genres, ou l’homosexualité. C’est vif et drôle, et jamais donneur de leçon. Ce Lubitsch-là n’est pas un sommet, mais c’est une étape importante dans l’évolution du cinéaste. Une belle curiosité.