Le Saint à New York (The Saint in New York) – de Ben Holmes – 1938
La mort d’un lieutenant de police qui enquêtait sur le racket à New York provoque la création d’un comité contre le crime. Désemparé, celui-ci décide de faire appel à Simon Templar, alias « le Saint » (ST, ses initiales), un aventurier avide d’action. Après l’avoir retrouvé en Afrique du Sud, le comité lui donne carte blanche pour éradiquer le crime organisé…
Créé en 1928 par Leslie Charteris, le personnage du Saint n’a pas attendu Roger Moore à la télévision (et encore moins Val Kilmer, quelqu’un se souvient de ce film ?) pour vivre des aventures à l’écran. Entre 1938 et 1943, la RKO a ainsi produit une série de huit films à petits budgets, dont beaucoup seront interprétés par le suave George Sanders.
Celui-ci est le tout premier, adapté du plus populaire des romans. C’est aussi le plus sombre et le plus violent, et le seul des huit interprété par Louis Hayward (l’écrivain trouble de House by the River, qui retrouvera toutefois le rôle quinze ans plus tard dans Le Saint défie Scotland Yard). Sourire carnassier sur visage d’enfant, à l’instar d’un Audie Murphy quelques années plus tard, Hayward campe un « Saint » qui tient plus du vigilante que du justicier que l’on connaîtra par la suite. Un tueur au sang froid et à l’intelligence supérieure, plus proche du James Bond de Daniel Craig que du Saint de Roger Moore.
Les premières séquences d’introduction sont plombées par une mise en scène maladroite et hyper-statique. Mais Ben Holmes (plus habitué aux courts métrages et à la comédie) semble se réveiller au fur et à mesure que la noirceur s’installe. Dès le premier meurtre, la mise en scène devient plus sèche, plus percutante, et le film s’emballe enfin.
L’interprétation de Hayward fait beaucoup pour la réussite du film, qui doit aussi beaucoup à la relation, pleine de respect mutuel, de Templar, et du flic bonhomme et intègre, joué par un Jonathan Hale formidable. L’acteur sera l’un des atouts majeurs de tous les films de la série.