Fric-Frac – de Maurice Lehmann et Claude Autant-Lara – 1939
Un jeune homme un peu niais, employé dans une bijouterie, est manipulé par un couple d’escrocs. Ce postulat est à la base de nombreux films noirs. Ce n’est évidemment pas le cas ici : Maurice Lehman signe (mais le film est aussi attribué à Claude Autant-Lara, qui « supervise ») une comédie échevelée qui file la patate, et qui évite soigneusement tout sentiment de gravité.
Pas étonnant que Fric-Frac ait connu un tel succès populaire lors de sa sortie en salles : à la veille de la Drôle de Guerre, le film répondait à un besoin de se détacher d’un quotidien trop lourd. La présence de trois des plus grandes vedettes de l’époque est un autre argument de poids : Fernandel, Arletty et Michel Simon, au sommet de leur talent. Pas mal…
Contrairement à la plupart des films des années 30, celui-ci est quasiment totalement dénué d’arrière-plan social. Le personnage de Fernandel a beau répété régulièrement que le pays est en crise (déjà) et que trouver un nouveau boulot est mission impossible (déjà), un vrai vent de légèreté souffle sur cette fantaisie réjouissante.
Dans ce casting trois étoiles, Michel Simon s’impose grâce à un cabotinage jouissif. Avec ses éternelles mimiques et sa voix chevrotantes, l’acteur réussit le prodige de se renouveler constamment et d’être d’une justesse inattendue malgré ses excès. Arletty est pas mal non plus, avec l’abattage qu’on lui connaît. Face à eux, Fernandel est un peu en retrait, mais il tient parfaitement son rôle : celui d’un jeune naïf qui découvre un argot forcément fleuri et un milieu aux antipodes du sien. Hélène Robert fait mieux que résister : elle est formidable dans le rôle de la fille du patron, revêche mais sexy et émouvante.
Irrésistible et joliment léger, le film procure un plaisir immense, simple, et sans arrière-pensée.
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