La Cité des tueurs (City of Bad Men) – de Harmon Jones – 1953
Dès les premières images, on sent que ce western n’est pas tout à fait comme les autres. Il y a quelque chose de différent dans la manière de filmer et d’éclairer cette première scène, pourtant classique en apparence : un groupe d’hommes chevauchant à travers de grandes étendues. Banal, a priori, sauf que ceux-là sont des perdants, des mercenaires qui ont choisi le mauvais camp, et qui reviennent battus du Mexique, de retour aux Etats-Unis après des années d’absence.
Ils avaient quitté un Ouest encore sauvage ; ils reviennent pensant pourvoir se refaire en renouant avec la tradition : un braquage facile dans une ville tranquille avec des forces de l’ordre quasi-inexistantes. En arrivant à Carson City, la « petite ville tranquille » qu’ils imaginaient, ils découvrent une ville en liesse, bouillante de vie, qui s’apprête à organiser le combat de boxe le plus important du moment, opposant les champions Bob Fitzsimmons et Jim Corbett (le Gentleman Jim du film de Walsh).
Ces cow-boys à l’ancienne découvrent une société en pleine mutation, que de nouvelles inventions viennent profondément transformer. On y aperçoit des douches (en pleine rue), et même une automobile… autant de signes que leur monde à eux arrive à son terme.
C’est la grande idée du film : une idée de scénariste (il s’agit d’un scénario original). Mais la mise en scène de Harmon Jones rend parfaitement justice au travail des auteurs. Le décalage entre le vieil Ouest et l’Amérique du 20ème siècle, la frénésie de cette ville, le danger qui y plane… tout cela est parfaitement perceptible.
La Cité des tueurs est pourtant une production modeste (de la Fox), avec des acteurs qui n’appartiennent pas à la A-list (Dale Robertson, Jeanne Crain, Lloyd Bridges, Richard Boone… tous parfais), et avec une intrigue resserrée (le film dure moins d’une heure vingt). Mais c’est un petit film aussi tendu qu’original. Un petit plaisir efficace et intelligent.
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