Guet-Apens (The Getaway) – de Sam Peckinpah – 1972
Après une série de westerns qui ont dynamité le genre, Sam Peckinpah délaisse l’Ouest pour le polar. Vraiment ? A vrai dire, ce film noir plein de fureur et de sang est peut-être le plus westernien de tous les films de Peckinpah. Un film contemporain, certes, mais qui aurait pu être filmé tel quel, ou presque, dans un décor de western.
Steve McQueen, braqueur qu’un riche propriétaire sort de prison en échange d’un nouveau hold-up, ressemble à des tas d’anti-héros westerniens. Le braquage lui-même est à l’image de l’imagerie classique du western, dans une banque à peine gardée et une ville poussiéreuse à moitié déserte, où on s’attend à chaque instant à voir des chevaux apparaître…
En inscrivant l’action dans un cadre contemporain, Peckinpah creuse un peu plus profond encore le sillon qui est le sien depuis ses débuts : ses westerns montrent des personnages qui s’adaptent mal à un monde qui évolue. L’Ouest sauvage disparaît, laissant sur la route ceux qui ne peuvent se plier aux nouvelles règles, et à une liberté de plus en plus encadrée.
McQueen, et sa fiancée Ali McGraw, sont des êtres d’une autre époque. Un couple qui ne demande qu’une chose : pouvoir prendre un nouveau départ sans rien devoir à quiconque. Mais on est chez Peckinpah, et le chemin vers ce nouveau départ est très, très violent, et parsemé d’explosions de violence.
Il y a un paquet de séquences d’anthologie (la fusillade dans l’hôtel, notamment) dans ce chef d’œuvre qui, malgré quelques zooms très datés années 70, reste d’une efficacité incroyable, bien plus que l’immense majorité des films actuels.
On prend un pied fou à s’angoisser pour ces deux amoureux vivant hors du monde. Steve McQueen qui sort son fusil en pleine rue et se met à tirer sur une voiture de police… faut reconnaître que ça a de la gueule !
Mais si le film est aussi marquant, c’est aussi parce qu’au milieu de cette fureur, c’est un couple en crise que Peckinpah filme, avec une délicatesse d’autant plus impressionnante qu’elle contraste avec la violence omniprésente.
Dès le début, alors qu’il est en prison, Steve McQueen est hanté par le souvenir d’Ali McGraw, par la sensation de sa main sur sa peau. Il n’en faut pas plus pour ressentir l’amour, fou et tendre, qui unit ces deux êtres taiseux.
Plus tard, lors de leur première soirée ensemble après des années de séparation, ils se redécouvrent comme des adolescents timides et apeurés… McQueen, symbole de virilité, baisse les armes devant sa belle et révèle sa fragilité et son humanité. C’est simple, sublime et bouleversant.
Sam Peckinpah réussit un petit miracle avec Guet-apens : signer l’un des meilleurs films noirs, l’un des meilleurs westerns, et l’un des plus beaux portraits de couple de la décennie.
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Rebonjour, le couple formé par McGraw et McQueen est inoubliable. Un film qui a déjà 40 ans et qu’il faudrait que je revois. Bonne après-midi.