L’Attaque de Fort Douglas (Mohawk) – de Kurt Neumann – 1956
Il y a beaucoup de plans absolument magnifiques dans ce petit western : une course à pied à travers les bois, l’attaque d’un fort à la tombée de la nuit, des Indiens en marche… Autant de passage qui sont la signature d’un grand formaliste. Un génie, Kurt Neumann ? Ben non, tous ces plans ont été tournés par John Ford, quasiment vingt ans avant le film de Neumann. Car ce Mohawk, minuscule production tournée par un réalisateur au talent très minimaliste, compte bien quinze minutes (sur une heure quinze) de stock shots, tous issus de Sur la piste des Mohawk. Des scènes entières, même, sont tirées du chef d’œuvre de Ford.
Ce n’est évidemment pas un cas unique : des tas de petits films tournés à la va-vite dans les années 50 piochent dans les archives du studio pour donner une plus grande ampleur à des budgets riquiquis. Parfois, le résultat est édifiant (Les Envahisseurs de la Planète rouge m’avait beaucoup fait rire). Mais pour Mohawk, Neumann utilise non pas des plans coupés, ou de simples contre-champs : il intègre des séquences entières du film de Ford.
Le problème, évidemment, est un manque de continuité flagrant entre les images originales, et celles tournées vingt ans plus tôt. Et ce n’est pas difficile de faire le distingo entre ce qu’on doit à Ford, magnifiquement cadré et éclairé, et hyper dynamique, et les images de Neumann, statiques et froides, qui manquent totalement de contraste, avec des acteurs caricaturaux, et des costumes qui enterrent absolument tout. Ceux des Indiens, surtout, qui semblent sortis des ateliers d’un grand couturier. C’est bien seyant, mais on n’est quand même pas loin du ridicule…
Cela dit, ce western sans grand intérêt se regarde avec un petit plaisir, lié surtout à ce personnage plutôt original interprété par Scott Brady : un peintre (plutôt rare, dans le genre) tiraillé entre trois femmes très belles et très différentes. Oublions le contexte historique de cette Amérique en pleine construction (pour ça, mieux voir et revoir Drums along the Mohawk). Le film vaut surtout pour ce marivaudage charmant et gentiment sexy.
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