Agora (id.) – d’Alejandro Amenabar – 2010
Alejandro Amenabar aime les plongées dans le passé : il l’a prouvé avec Les Autres. Mais on ne l’attendait pas forcément dans le péplum. Agora est, pourtant, l’une des plus grandes réussites du genre depuis bien des années (décennies ?). Un film hyper ambitieux qui décrit, à travers le destin d’une poignée de personnages, la fin d’un monde. En l’occurrence de l’empire romain, mais cette époque en rappelle bien d’autres, troublées, où le fanatisme religieux débouche sur des torrents de sang.
Le premier truc que l’on regarde dans un péplum, c’est la reconstitution. Et celle-ci, d’Alexandrie au 4ème siècle, dominée par son phare, est époustouflante. Les effets numériques jouent leur rôle, bien sûr, mais rien de froid dans cette reconstitution : Amenabar nous emmène réellement au cœur de la cité, grouillante de vie et de dangers.
L’action se déroule à une époque où l’empire romain, au bord de l’implosion, a autorisé la liberté de culte, et où les chrétiens prennent le pas sur les païens et leurs dieux encore omniprésents. Entre défiance et agressions, les chrétiens finiront par bouter les païens hors de leur temple : la fameuse bibliothèque d’Alexandrie. Mais l’histoire n’a rien de linéaire : au contraire, elle n’est qu’une infinie répétition, d’où l’omniprésence des cercles et des ellipses dans le film : les mouvements des planètes qui livrent peu à peu leurs secrets, mais aussi l’histoire des hommes, et son éternel recommencement. Les païens massacrent les chrétiens, qui le leur rendent, avant de massacrer les juifs à leur tour…
Au cœur de cette violence absurde (la religion semble n’être que politique et opportunisme), une femme : l’astronome Hypatie, jouée par une Rachel Weisz forcément magnifique, puisque c’est la plus belle actrice du monde.
Avec ce film très ambitieux, Amenabar s’attaque au fanatisme et à l’obscurantisme, qui mettent un frein à l’évolution et l’intelligence humaine : Hypatie entrevoit la réalité de notre place dans l’univers, mais ses découvertes seront enterrées par le poids de l’histoire en marche, et ne seront enfin redécouvertes que 1200 ans plus tard…
Amenabar filme une époque où le fanatisme religieux prend le pas sur la connaissance et les sentiments. Sa caméra, qui filme régulièrement la ville d’en haut, ne fait que souligner l’absurdité de cette violence qui déferle, ramenant les hommes à leur petite condition de fourmis à l’échelle du monde. Ces plans, qui rompent avec le tumulte de la cité, ne font que renforcer le sentiment d’immense gâchis.
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