Play it again, Sam

tout le cinéma que j’aime

Archive pour mars, 2013

Vengeance (Fuk sau) – de Johnnie To – 2009

Posté : 22 mars, 2013 @ 1:52 dans * Polars asiatiques, 2000-2009, TO Johnnie | Pas de commentaires »

Vengeance (Fuk sau) - de Johnnie To - 2009 dans * Polars asiatiques vengeance

Il y a deux postures possibles face à Vengeance : on peut au choix saluer l’élégance et l’intelligence de la mise en scène, digne du cinéaste de The Mission ; ou se tordre de rire (ou de douleur) face à un scénario débile et un Johnny Hallyday grotesque.

Ce n’est pas tant que Johnny est un mauvais acteur. C’est surtout qu’il tient plus de la momie que de l’être humain. Difficile d’imaginer autre chose que la star hors du temps de la chanson française, voire même que sa vieille marionnette des guignols, à laquelle, quand même, il ressemble de plus en plus.

Avoir choisi Johnny pour ce rôle d’un ancien tueur à gages qui débarque à Macao pour venger les assassins de la famille de sa fille (Sylvie Testud, étrange apparition qui n’a rien à jouer, mais le fait plutôt bien) est, bien sûr, la pire erreur du film. A l’origine, Johnnie To voulait Alain Delon, et on voit bien pourquoi : le personnage de Francis Costello est clairement inspiré par celui du Samouraï (Jeff Costello), le film-culte de tout un tas de cinéastes de Hong Kong (le John Woo de The Killer, déjà…). Même mutisme, même chapeau vissé sur la tête, même dégaine.

Delon, qui a un flair incroyable pour éviter soigneusement tout ce qui pourrait ajouter une ligne glorieuse à son CV (on rappelle qu’il venait alors de tourner Astérix aux Jeux Olympiques ?), refuse le projet, et Johnnie To se tourne alors vers une autre icône. Et notre Johnny devient le seul acteur du monde à avoir tourné un western spaghetti avec Sergio Corbucci (Le Spécialiste) et un polar avec Johnny To. Et peu importe s’il s’agit, dans les deux cas, des plus faibles de leur auteur…

Quant à l’histoire de vengeance, elle n’est ni pire, ni meilleure que les arguments habituels des polars hong-kongais. Mais quelques choix curieux plombent le film : pourquoi avoir fait du personnage principal un type à la mémoire qui flanche ? Un enjeu « bis » qui n’apporte qu’une touche de ridicule dont on aurait pu se passer. A propos de ridicule, la séquence où Johnny prie à genoux face à la mer est pas mal : une prière si longue qu’il laisse la marée lui monter jusqu’au cou sans broncher !

Pourtant, Vengeance reste un film hautement recommandable. Même en roue libre, Johnnie To est un prince, et sa mise en scène est d’une intelligence et d’une efficacité remarquables. Entourés de ses acteurs habituels (Anthony Wong et Lam Suet en tête), il signe quelques grandes scènes formidablement tendus. La meilleure : une fusillade dans un bois plongé dans la nuit, où les coups de feu s’arrêtent lorsque les nuages couvrent la pleine lune. Là, le génie de To, sa science de l’espace et du temps, réapparaissent comme dans ses meilleurs films. Et ça, ça vaut bien quelques éclats de rire involontaires…

Les Bolides de l’Enfer (Johnny Dark) – de George Sherman – 1954

Posté : 22 mars, 2013 @ 1:44 dans 1950-1959, CURTIS Tony, SHERMAN George | Pas de commentaires »

Les Bolides de l'Enfer (Johnny Dark) - de George Sherman - 1954 dans 1950-1959 les-bolides-de-lenfer

George Sherman s’évade du western le temps de cette bluette charmante, production Universal qui n’est pas si loin des productions Disney des années 70, style La Coccinelle. L’histoire, en tout cas, n’a rien à envier à ces films familiaux souvent tournés à la va-vite. Tony Curtis, la star montante de l’époque, y interprète un pilote-mécanicien qui tente d’imposer la voiture de course qu’il a inventée à son patron, qui ne jure que par les voitures familiales.

Rajoutez à ça que la fille dudit patron est rinde dingue du beau Tony, et vous aurez une bonne idée du suspense qui règne…

C’est, franchement, totalement inconséquent, taillé pour le marché familial. Sherman ne prend rien au sérieux, ici, et le film semble parfois n’être tourné que pour les scènes de course automobile. L’argument publicitaire de l’époque souligne d’ailleurs que le film est le premier à filmer d’authentiques voitures en course. Douteux, pour le moins : Wallace Reid s’en était fait une spécialité dès la fin des années 10.

Mais la course en question ne manque pas de charme : c’est rien moins qu’une traversée des Etats-Unis dont il s’agit, de la frontière canadienne à la frontière mexicaine. L’occasion de filmer de beaux paysages, de longues routes droites, de virages sinueux… Bref, des grands espaces comme George Sherman, grand nom du western, sait les mettre en valeur.

Au cœur du film, deux comédiens charmants : Curtis, donc, qui enchaînait les succès, et la craquante Piper Laurie, avec qui il a formé l’un des couples de cinéma les plus populaires du début des années 50. Les Bolides de l’Enfer est leur dernier film en commun, après Le Voleur de Tanger, Le Fils d’Ali Baba et l’excellent No Room for the groom.

La Belle et la Bête (Beauty and the Beast) – de Gary Trousdale et Kirk Wise – 1991

Posté : 22 mars, 2013 @ 1:39 dans 1990-1999, DESSINS ANIMÉS, FANTASTIQUE/SF, TROUSDALE Gary, WISE Kirk | Pas de commentaires »

La Belle et la Bête (Beauty and the Beast) – de Gary Trousdale et Kirk Wise – 1991 dans 1990-1999 la-belle-et-la-bete

En renouant avec les adaptations prestigieuses de grands contes populaires, les studios Disney renouaient avec le succès, après des années 80 marquées par une série d’échecs. Mieux : La Belle et la Bête (ainsi qu’Aladdin et Le Roi Lion, les deux dessins animés suivants) représentent un deuxième âge d’or, pour l’animation traditionnelle made in Disney, après les grands classiques des années 30 à 50. Celui-ci, en particulier, est un petit chef d’œuvre pour lequel j’avoue une affection toute particulière.

Perfection de l’animation, profondeur des décors, richesse de l’intrigue, seconds rôles inoubliables, suspense, humour, musique et magie… Tout ce qu’on attend d’un Disney est là, et d’une qualité exceptionnelle. Toutes les belles valeurs et les bons sentiments sont là aussi, bien sûr, mais l’héroïne, Belle, n’a rien d’une tête à claque, et la Bête est vraiment effrayante, même si on ne tarde pas à deviner un petit cœur qui bat derrière cette boule de poil.

Surtout, les chansons qui gâchent bien des dessins animés par une propension appuyée à la guimauve, sont assez formidables. Qu’elles soient mélancoliques (Belle qui rêve à une autre vie, perdue dans son livre), revanchardes (l’affreux Gaston qui se prépare à affronter la Bête) ou festives (le formidable ballet des objets du château, clin d’œil à Maurice Chevalier), la réussite est la même, totale.

Bref, un vrai chef d’œuvre, spectaculaire, drôle, effrayant et émouvant, qui fut d’ailleurs le premier film d’animation nommé pour l’Oscar du meilleur film tout court. Depuis, Disney a abandonné l’animation traditionnelle avant d’essayer d’y faire un retour peu convaincant. Le monstre, c’est un comble, s’est laissé dévorer par l’esprit Pixar, et se contente pour son propre esprit maison de recycler les succès d’hier avec des suites à moindre coût, à moindre risque et à moindre imagination, souvent destinées au marché vidéo.

La Belle et la Bête, par exemple, aura droit à deux suites très dispensables. Une autre époque, je vous dis…

Möbius – d’Eric Rochant – 2013

Posté : 21 mars, 2013 @ 2:05 dans * Polars/noirs France, 2010-2019, ROCHANT Eric | Pas de commentaires »

Möbius - d'Eric Rochant - 2013 dans * Polars/noirs France mobius

C’est beau de voir un cinéaste dont on n’attendait plus rien revenir, après des années de silence, avec ce qui est peut-être bien son plus beau film. Et c’est encore plus beau de le voir tenir sa revanche : parce que son grand retour, Eric Rochant le fait avec un genre et un esprit qui était déjà celui des Patriotes, le grand échec (injuste) qui a précipité sa chute il y a vingt ans, alors que les succès de Un Monde sans pitié et de Aux yeux du monde avaient fait de lui l’un des réalisateurs les plus prometteurs de sa génération.

Comme pour Les Patriotes, donc, Rochant s’attaque au film d’espionnage contemporain, et y fait naître le désir et l’amour entre deux êtres qui ne peuvent pas s’aimer. Ici, c’est Jean Dujardin et Cécile de France, le maître espion et celle dont il se sert pour infiltrer l’ennemi, dans une variation perverse (elle ne sait pas qui il est) des Enchaînés d’Hitchcock.

Le film est clairement ancré dans son époque ; la pègre et la finance sont inexorablement liés ; Russes et Américains travaillent ensemble dans une relation trouble… Le film, d’ailleurs, s’inspire vaguement de faits réels. Mais malgré les apparences, Rochant se moque un peu de la vraisemblance : des facilités et un pseudo happy-end viennent ostensiblement rompre avec le réalisme.

Mais quoi de pure normale : la réalité qui entoure les deux personnages principaux est bien là, mais elle n’est qu’un décor. Comme le couple de The Red Dance de Raoul Walsh, qui s’aimaient en se désintéressant de la révolution russe qui les entourait, seul compte l’amour passionné et miraculeux qui unit ces deux êtres qui pensaient être condamnés à la réalité de leur époque.

Ni l’un ni l’autre ne sont des gens biens : elle est à l’origine de la crise financière mondiale ; lui manœuvre pour déclencher des guerres. Mais leur amour est tellement fort, leurs corps semblent tellement faits l’un pour l’autre (les scènes d’amour sont d’une belle sensualité, assez rare), que plus rien n’a d’importance. La société qu’ils ont pourtant, chacun à leur manière, contribué à forger, devient soudain une prison insupportable.

Malgré son décor, précis et actuel, Möbius est avant tout un film d’amour, le film le plus romantique qui soit, le film français le plus enthousiasmant depuis longtemps.

• Le beau film d’Eric Rochant est disponible en DVD et blue ray dans une belle édition chez Europa.

Die Hard, belle journée pour mourir (A good day to die hard) – de John Moore – 2013

Posté : 21 mars, 2013 @ 11:00 dans 2010-2019, MOORE John | Pas de commentaires »

Die Hard, belle journée pour mourir (A good day to die hard) – de John Moore – 2013 dans 2010-2019 die-hard-5

Ce Die Hard 5 n’est pas juste un mauvais film : c’est une véritable aberration, une merde absolue qui vient ruiner en une heure trente seulement (mais on voit le temps passer !) l’une des meilleures séries de films d’action de tous les temps. Que le film soit nul n’est pas si grave en soi : Hollywood nous livre bien des bouses chaque année. Mais le problème, justement, c’est que c’est un Die Hard, et que John McClane est un personnage génial qui n’a jamais déçu en quatre films.

Sauf que John Moore est un bœuf, et qu’il a pour scénariste le type à qui on doit Opération Espadon. Ces deux-là n’ont-ils rien compris au personnage ? N’ont-ils jamais vu les premiers films ? Ou n’en ont-ils juste rien à foutre ? Peu importe, mais une chose est sûre : ce John McClane-là n’est qu’un clone approximatif et idiot du vrai McClane.

L’âge de Bruce Willis (57 ans au compteur) n’est pas en cause : l’acteur a toujours un charisme fou, et le meilleur passage du film aborde justement frontalement le côté vieux dinosaure du flic. C’est la première apparition du personnage, dans un stand de tir, où McClane, le regard triste et fatigué, apprend que son fils est accusé de meurtre à Moscou.

C’est, à vrai dire, l’unique passage où le personnage semble un tant soit peu humain. Dès sa scène suivante, il n’est plus que la caricature de lui-même, à qui sa fille (avec laquelle il s’est rabiboché dans le numéro 4) recommande de ne pas tout casser en Russie, comme s’il prenait plaisir à ces explosions de violence.

Il semble d’ailleurs bel et bien s’amuser, s’éclatant à dégommer les méchants (très caricaturaux et sans la moindre surprise) et affrontant sans sourciller les dangers. Il affiche la même décontraction lorsqu’il se retrouve au cœur d’un immeuble qui explose, ou au cœur de Tchernobyl en tee-shirt, alors que tout le monde est en combinaison de protection. Oui, c’est con.

Jadis, il était cool. Aujourd’hui, il est juste déshumanisé, et ne cherche qu’à se rapprocher de son fiston alors que les fusillades éclatent autour de lui. Psychologie zéro. On se souvient que John Moore a réalisé un Max Payne qui tenait plus du jeu vidéo que du film de cinéma. Alors oui, le film porte bel et bien sa patte. Dix ans que John McTiernan n’a pas réalisé un film, je sens la nostalgie gagner à grands pas…

• Voir aussi (et surtout) Piège de cristal, 58 minutes pour vivre, Une journée en enfer, et Retour en enfer.

New York Confidential (id.) – de Russell Rouse – 1955

Posté : 20 mars, 2013 @ 3:53 dans * Films noirs (1935-1959), 1950-1959, ROUSE Russell | Pas de commentaires »

New York Confidential (id.) – de Russell Rouse – 1955 dans * Films noirs (1935-1959) new-york-confidential

Pas de flic, ni de point de vue extérieur dans ce film de gangster hors normes, mais le strict point de vue de ceux qui font les règles de la mafia, et de ses règlements de compte. Les « héros » ? Le patron du « syndicat » américain à New York (Broderick Crawford), et un tueur à gages aux manières parfaites mais au sang absolument froid (Richard Conte, impressionnant).

Pas non plus de réelle intrigue : c’est une succession de « contrats » passés sur ceux qui ne respectent pas les règles, ou qui représentent une menace pour le syndicat. Un enchaînement presque irréel de meurtres, dont l’origine nous restera mystérieuse, ainsi qu’à la plupart des protagonistes : le film s’ouvre directement sur l’un de ces règlements de compte, qui en suit un précédent et qui déclenchera tous ceux à venir.

Il y a des tueurs implacables, de jolies allumeuses, des trahisons, de l’amitié virile. Pourtant, New York Confidential ne ressemble à aucun autre film de gangsters. L’excellent Russell Rouse (connu aussi pour un très bon western, La première balle tue, et co-scénariste du film), adopte une approche quasi-documentaire dans un beau noir et blanc, et plonge au cœur de cette mafia qui dissimule sa violence et sa cruauté derrière une discrétion et une élégance apparente.

Le milieu est violent et cruel, il est aussi absurde : l’enchaînement des faits et l’approche hyper-réaliste de Rouse souligne l’aberration de ces règles appliquées aveuglement par les gangsters, qui poussent à tuer son meilleur ami, et qui incitent notre tueur à refuser toute attache émotionnelle avec qui que ce soit, sachant qu’il peut être amené à le tuer…

Le film a des accents de vérité impressionnants. Il doit aussi beaucoup à ses acteurs, formidables. Mention spéciale à Richard Conte et à l’inattendue Anne Bancroft (la fille du boss), deux jeunes gens dont on devine qu’ils pourraient vivre une histoire d’amour, mais qui acceptent avec plus ou moins de bonne grâce de suivre les règles d’un milieu dans lequel ils sont nés. Sachant tous deux que ces règles imposées finiront par leur être fatales…

Havana (id.) – de Sydney Pollack – 1990

Posté : 20 mars, 2013 @ 3:45 dans 1990-1999, POLLACK Sydney | Pas de commentaires »

Havana (id.) - de Sydney Pollack – 1990 dans 1990-1999 havana

J’ai toujours beaucoup aimé ce film mésestimé, petite Madeleine de mon adolescence que je revois régulièrement avec un plaisir qui ne cesse de croître.

Parce que cette époque (ces jours qui précèdent la chute de Batista et l’avènement de Castro) est fascinante. Parce qu’elle offre à Pollack une toile de fond passionnante, celle d’un monde en mouvement. Et justement parce qu’il y a dans ce film la conscience d’un monde qui disparaît, une nostalgie qui n’a rien d’idéologique, mais qui tient au poids du temps qui passe.

La révolution castriste est au cœur de Havana, mais le film parle de la perte de l’innocence, et de rien d’autre. D’ailleurs, le héros interprété par un Redford royal, digne héritier de Bogart (il descend les whiskys et les daïquiris avec autant de classe, et déboule dans la grande Histoire avec autant de désinvolture que l’acteur de Casablanca et Le Port de l’angoisse) se contrefout de cette révolution en marche. S’il y intervient, c’est d’abord pour sauver ce qui compte le plus dans sa vie : le poker et les grandes parties qui l’attendent à La Havane, paradis des joueurs en cette année 1958. Puis par amour, pour une belle étrangère (Lena Olin) qui se trouve être la femme d’un membre important de la révolution (Raul Julia, dans un rôle qui rappelle évidemment celui de Paul Henreid dans Casablanca). Même même lorsque ce type sans principe (c’est lui qui le dit) s’implique le plus, il le fait avec un égoïsme hallucinant. « Tu veux changer le monde ? Change le mien » lance-t-il à celle qu’il aime.

Pollack, grand cinéaste romantique et digne descendant des grands classiques, multiplie les clins d’œil à Casablanca. Jusque dans le sacrifice annoncé de son héros. De fait, Havana a toutes les qualités des grands films des années 40 : le souffle romanesque, la virilité de Redford, la sensualité de Lena Olin (les deux acteurs sont formidables), le poids de l’histoire, l’élégance de la mise en scène. Havana, le plus mal aimé des films tournés par Pollack avec Redford, est à redécouvrir d’urgence.

 

La Conquête de l’Ouest (How the West was won) – de Henry Hathaway, John Ford et George Marshall (et Richard Thorpe) – 1962

Posté : 19 mars, 2013 @ 6:48 dans 1960-1969, FORD John, HATHAWAY Henry, MARSHALL George, STEWART James, THORPE Richard, WAYNE John, WESTERNS | Pas de commentaires »

La Conquête de l’Ouest (How the West was won) – de Henry Hathaway, John Ford et George Marshall (et Richard Thorpe) – 1962 dans 1960-1969 la-conquete-de-louest

La démesure est le mot qui définit le mieux ce western hors norme, expérience à peu près unique dans l’histoire du cinéma. Près de trois heures de métrage, un écran qui n’en finit plus de s’élargir (le film est tourné en Cinérama, un procédé qui a fait long feu, qui implique l’utilisation de trois caméras simultanément, et la projection sur trois écran, plongeant ainsi le spectateur au cœur de l’action), des tas de stars parfois réduites à des apparitions (John Wayne, James Stewart, Henry Fonda, Gregory Peck et beaucoup, beaucoup d’autres), et même trois grands réalisateurs : Ford, Hathaway et Marshall.

L’ambition, surtout, est de réunir dans un même film toutes les grandes figures du western. A travers le destin d’une famille de pionniers, c’est toute la conquête de l’Ouest qui est racontée : plus de trente ans d’épopée à travers trois générations de cette famille Prescott : Agnes Moorehead, Karl Malden et leurs descendants.

Le long voyage des colons, les guerres indiennes, la guerre civile, la construction du chemin de fer, l’arrivée de la loi dans l’Ouest encore sauvage… Le film est une suite de cinq épisodes inégaux et à peu près indépendants (la famille Prescott sert de fil conducteur) auxquels il manque sans doute un peu plus de cohérence. Mais à travers ces destins hors normes, c’est toute l’histoire américaine du XIXème siècle que le film retrace, rien moins.

Hathaway signe la majeure partie du film : trois des cinq épisodes qui ouvrent et ferment le film, lui donnant ses bases et son rythme. Ford, lui, signe le plus court, et visuellement le plus impressionnant : celui consacré à la guerre civile, dont on ne voit pas grand-chose, si ce n’est les conséquences sur les hommes. Pas de scène de bataille, dans cette parenthèse très sombre, mais deux dialogues en parallèle, au soir de la bataille de Shiloh, l’une des plus meurtrières de toute cette guerre : le général Sherman (Wayne) qui réconforte le général Grant, et deux soldats de base, l’un Nordiste l’autre Sudiste, qui partagent la même horreur des combats. C’est là que figure le plus beau moment du film : le jeune Nordiste (George Peppard) boit de l’eau dans la rivière, lui trouve un goût étrange, et réalise qu’elle est rouge du sang des centaines de morts…

Quant à l’épisode consacré au chemin de fer (signé Marshall), il est le plus spectaculaire, utilisant merveilleusement le Cinerama dans une séquence de fusillade sur le train lancé à pleine vitesse. Impressionnant, comme cette hallucinante cavalcade de centaines de bisons qui dévastent tout sur leur passage, ne laissant derrière eux que morts et ruines.

Pourtant, malgré sa démesure et ces quelques morceaux de bravoure, cette énorme production laisse un sentiment nostalgique et cruel. Ce qui marque dans cette épopée de l’Ouest américain, ce sont les sacrifices humains, et le poids du temps qui passe. Les hommes meurent, laissant les femmes passer le témoin à leur place. Les générations passent, et c’est avec ces morts que la société avance, pour le meilleur ou pour le pire.

Pas de grand héroïsme ici. Même les plus braves (comme le personnage de James Stewart), qui accomplissent les actions les plus nobles, meurent seuls. Le film, qui se veut une ode à l’esprit d’entreprise des pionniers américains, porte clairement la marque de vieux briscards qui ne se font plus guère d’illusion sur la vie et leur place dans le monde…

Batman (id.) – de Tim Burton – 1989

Posté : 19 mars, 2013 @ 6:44 dans 1980-1989, BURTON Tim, FANTASTIQUE/SF | Pas de commentaires »

Batman (id.) – de Tim Burton – 1989 dans 1980-1989 batman

Presque 25 ans après, on a un peu de mal à imaginer l’enthousiasme populaire qui a entouré la sortie de ce Batman, presque premier du nom (la série télé kitchoune avec ses waff !! bam ! pan ! et autres ohh ! avait déjà eu droit à une adaptation ciné). Christopher Reeve venait de raccrocher la cape de Superman, le pop-corn movie vivait ses premières années (les plus belles), Tim Burton était encore un tout jeune réalisateur dont on ne connaissait guère que son Beetlejuice, dont le fantôme délirant, alias Michael Keaton, revêtait contre toute attente la combinaison noire du justicier de Gotham City. Quant à Kim Basinger, elle était le plus grand sex-symbol du monde, rien de moins.

Aujourd’hui, que reste-t-il de la Batmania ? Trois suites (un chef d’œuvre, deux merdes), de nouvelles bases plus sombres et toujours d’actualité pour le film de superhéros, la question sans réponse de savoir qui est le meilleur Joker, de Jack Nicholson ou Heath Ledger (voir ici), et surtout une nostalgie incroyable. Ce Batman, c’était hier, et pourtant le film semble tellement d’une autre époque… Une époque où Burton privilégiait la bidouille aux gros effets spéciaux, et Michael Keaton à Johnny Depp. L’époque d’avant Terminator 2, où les blockbusters pouvaient avoir ce côté bricolo foutraque et cette folie assumée.

Parce qu’il fallait un sacré grain de folie pour laisser Jack Nicholson aller au bout de ses délires, souvent irrésistibles. Le voir murmurer « My balloons » avec cet air d’enfant à qui on aurait voler ses bonbons est toujours à mourir de rire. Un délire qui lui a rapporté des millions de dollars : malin, Jack a négocié un bon pourcentage sur les recettes, faisant de lui pendant longtemps l’acteur le mieux payé du monde pour un seul film. De quoi le mettre à l’abri pour ses vieux jours.

Il y a un charme fou qui se dégage de ce film étrangement rigide (les vêtements, les décors, les mouvements de caméra, tout semble carré), et dans la prestation de Michael Keaton, formidable. Burton continue à poser les bases de son univers si personnel, notamment à travers quelques éclairs de génie qui évoquent des passages bien précis de son œuvre à venir : la Batmobile qui roule sur les routes bordées d’arbres est filmée comme les cavalcades de Sleepy Hollow.

Mais il faudra attendre ses deux films suivants pour que Tim Burton trouve réellement son style : ce sera Edward aux mains d’argent et… Batman le défi, peut-être le meilleur de tous les Batman.

Les Sept Voleurs (Seven Thieves) – de Henry Hathaway – 1960

Posté : 19 mars, 2013 @ 1:17 dans * Polars US (1960-1979), 1960-1969, HATHAWAY Henry | Pas de commentaires »

Les Sept Voleurs (Seven Thieves) – de Henry Hathaway – 1960 dans * Polars US (1960-1979) les-sept-voleurs

Méconnu, ce film de cambriolage (un genre à part) a tout de même été régulièrement cité comme l’une des sources d’inspiration de Steven Soderbergh pour son Ocean’s Eleven. On y retrouve la même mécanique hyper-huilée du cambriolage, la même bande hétéroclite… mais franchement pas la même atmosphère. Le film d’Hathaway est passionnant et réjouissant, mais il est aussi très sérieux.

Ce n’était, semble-t-il, pas la volonté du cinéaste, qui voulait une œuvre légère et pleine d’humour, comme le sera le film de Soderbergh. Mais Rod Steiger refusait d’aller dans ce sens, donnant à son personnage, omniprésent, un sérieux et une rudesse qui change radicalement le ton du film.

On ne s’en plaindra pas : les trente dernières secondes, seul passage réellement dominé par la légèreté, sont de loin les moins intéressantes d’un film qui frôle le sans-faute. Le plus réussi : les rapports entre Eward G. Robinson et Rod Steiger, la tête pensante et le bras (pas) armé de cette bande forcément inattendue. Robinson a évidemment une présence magnétique, mais Steiger impressionne tout autant par la justesse et la puissance de son jeu.

Toute la première partie est entièrement centrée sur ces deux-là, et leur relation étonnamment tendre. Que sont-ils l’un pour l’autre ? Le film garde un certain mystère jusqu’à la dernière  partie. Mais leur rencontre et leurs premières discussions, dans des bars de Cannes, sont fascinantes, grâce aux comédiens, mais surtout grâce au savoir-faire exceptionnel de cette vieille baderne d’Hathaway qui, même dans un film relativement mineur comme celui-ci, est exceptionnel (suffit de comparer avec le Henri Verneuil de Mélodie en sous-sol, sur le même thème et à la même époque).

La réalisation du cambriolage, dans un casino très luxueux de la Croisette, est à l’image de la réalisation : au cordeau. Mais les à-côtés sont pas mal non plus. Alors que Steiger et Robinson parlent dans un club de jazz, la caméra s’éloigne soudain pour suivre deux des seconds rôles, sur scène : un duo formidablement filmé entre la danseuse Joan Collins et le saxophoniste Eli Walach. Une parenthèse fascinante dans ce thriller classieux et presque parfait.

1234
 

Kiefer Sutherland Filmographie |
LE PIANO un film de Lévon ... |
Twilight, The vampire diari... |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | CABINE OF THE DEAD
| film streaming
| inderalfr