Une journée en enfer (Die Hard : with a vengeance) – de John McTiernan – 1995
Près de vingt ans après, c’est étonnant de voir à quel point Die Hard 3 a influencé le cinéma d’action de ces dernières années : ce style syncopé, caméra à l’épaule, que McTiernan assumait ici avec un sens du rythme et de l’espace qui l’a toujours caractérisé, est même devenu la norme en matière d’action à Hollywood. Pas souvent à bon escient, d’ailleurs : parce que ce choix de mise en scène a un sens ici, soulignant l’état déplorable d’un John McClane qui doit faire avec un terrible gueule de bois.
Sans rien perdre de ses qualités de narrateur et de cinéaste d’action, McTiernan se réinvente totalement, comme il réinvente la saga qu’il a initiée en en gardant l’esprit. Contrairement au (très réussi) Die Hard 2, lui ne se contente pas de creuser le sillon qu’il avait lui-même tracé avec le premier Die Hard.
Mais son John McClane, avec quelques années de plus, n’est plus tout à fait le jeune inspecteur plein de fougue qu’il était. La vie l’a marqué, Holly l’a quitté, et l’alcoolisme le guette. Quand on le retrouve, au petit matin, il sort visiblement d’une beuverie solitaire et pathétique dont il semble coutumier, avec une migraine qu’il va trimballer tout au long de cette satanée journée.
Pourtant, la construction du film ressemble étrangement à celle de Piège de cristal, avec même un nouveau Gruber en méchant (Simon, le frère, joué par Jeremy Irons). A une différence près : l’immeuble Nakatomi a laissé la place à New York. Mais dans la tour comme dans la métropole, McClane arpente les moindres recoins de son terrain de jeu : les grandes artères, les sous-sols, les tuyauteries, les ascenseurs…
McClane, et McTiernan, utilisent toutes les possibilités de leurs décors, comme le cinéaste l’avait fait avec Predator, Piège de Cristal, ou tous ses grands films.
C’est fun et impressionnant. Mais c’est surtout un petit chef d’œuvre d’invention et de rythme, les nombreux rebondissements et déplacements se fondant dans un unique mouvement. Du moins jusqu’à une dizaine de minutes de la fin. Car la conclusion semble tirée d’un autre film : un peu bâclée, éclairée différemment, presque improvisée.
Die Hard 3, en tout cas, rappelle à quel point cette franchise a marqué et révolutionné le genre (jusqu’à récemment en tout cas).
• Voir aussi Piège de cristal, 58 minutes pour vivre, Die Hard 4 : Retour en enfer et Die Hard : belle journée pour mourir.
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