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Archive pour le 29 mars, 2013

Visages d’enfants – de Jacques Feyder – 1923

Posté : 29 mars, 2013 @ 5:46 dans 1920-1929, FEYDER Jacques, FILMS MUETS | Pas de commentaires »

Visages d’enfants – de Jacques Feyder – 1923 dans 1920-1929 visages-denfants

Un enfant dont la mère vient de mourir n’arrive pas à en faire le deuil, et se renferme sur lui-même lorsque son père, homme bon mais incapable d’apporter la tendresse dont son fils a besoin, décide de se remarier.

C’est un sujet particulièrement difficile que choisit Feyder, pour ce qui est l’un de ses chefs-d’œuvre. D’autant plus difficile que le cinéaste adopte la plupart du temps le point de vue du gamin, plaçant même parfois la caméra à sa hauteur, et que son film se fait le porte-parole de ses sentiments, qui oscillent de la tristesse à la colère en passant par la douleur.

La première séquence, notamment, est extraordinaire : l’enterrement de la mère, suivi en parallèle, grâce à un montage alterné, par le fils qui porte le poids de cette disparition, et sa petite sœur encore insouciante. Le montage alterné illustre parfaitement et cruellement la différence de ressenti. Cette douleur confrontée à l’insouciance de la jeune sœur est bouleversante.

C’est d’autant plus bouleversant que Feyder n’en rajoute jamais dans l’émotion. Son histoire est suffisamment dure pour ne pas surenchérir.

C’est une réussite rare, parce que c’est vraiment dans la tête de ce pauvre gamin que Feyder nous place, ce gamin qui pense à sa mère bien sûr, mais qui souffre aussi, sans jamais le dire, du manque de tendresse d’un père dont on attend jusqu’au bout qu’il l’étreigne.

En cela, Visages d’enfants est non seulement un superbe film sur le deuil d’un enfant et ses interrogations, c’est aussi l’un des plus beaux films sur l’enfance.

Et puis Feyder utilise magnifiquement des décors naturels spectaculaires : le petit village de Saint-Luc, perdu dans les montagnes suisses que le cinéaste filme avec une inspiration constante. Le voyage du gamin et de son parrain d’une vallée à l’autre, est impressionnant, comme l’est la séquence de l’avalanche et les recherches nocturnes qui suivent, filmées réellement de nuit, chose rare à l’époque et éclairée à la torche.

Jean Forest, le gamin (que Feyder avait déjà dirigé dans Crainquebille, est absolument exceptionnel, dans ce qui est l’un des sommets du muet français (franco-suisse, disons).

The Reader (id.) – de Stephen Daldry – 2008

Posté : 29 mars, 2013 @ 5:43 dans 2000-2009, DALDRY Stephen | Pas de commentaires »

The Reader (id.) – de Stephen Daldry – 2008 dans 2000-2009 the-reader

Adapté d’un roman de Bernhard Schlink, The Reader a le mérite de se pencher sur la mémoire allemande en évitant tous les poncifs et toute facilité. La frontière entre le bien et le mal est ténue et difficile à saisir. Hannah, le beau personnage interprété par Kate Winslet, est-elle un monstre ? Est-elle une victime de son époque ? La réponse est sans doute bien plus complexe.

Stephen Daldry, en tout cas, confirme son ambition grandissante : son film enchevêtre les époques de manière assez maligne, quoi que inégale. Ce sont les souvenirs d’un homme mur, Michaël, qui se souvient que des années plus tôt, alors qu’il n’était qu’un adolescent dans une Allemagne en pleine reconstruction après la guerre, il avait été dépucelé par une étrange femme au secret mystérieux, qui avait fini par disparaître. Quelques années plus tard, il l’avait retrouvée sur les bancs d’un tribunal : accusée de crimes de guerre…

Stephen Daldry est un cinéaste de l’intime, pas du romanesque. Malgré les prestations exceptionnelles de Kate Winslet et du jeune David Kross, toute une partie du film, bien que prenante, manque d’émotion. Le trouble du jeune Michael est là, et la douleur enfouie d’Hannag est marquante. Mais le film reste la plupart du temps assez froid, comme un album photo lambda que l’on feuilletterait avec un désintérêt poli.

Mais la dernière partie, et tous les passages montrant un Michael adulte, sont bouleversants. Grâce à Ralph Fiennes, acteur formidable et sensible, qui a dans son regard cette fêlure qui fait la différence et rend palpable le poids de cette relation passée.

C’est grâce à lui, aussi, que le destin d’Hannah devient aussi émouvant. Parce que ses fantômes, à elle, finissent par hanter cet homme dont la vie est broyée par une époque barbare qu’il n’a pas connue.

Ce qui est beau, surtout, dans ce film, c’est ce lien si fort et pourtant impalpable entre Hannah et Michael. Incapable de lui dire quoi que ce soit d’intime, ou de réconfortant, Michael renoue avec une Hannah emprisonnée à vie, grâce aux livres. Elle ne sait pas lire, et leur relation de jeunesse avait été marqué par les lectures que lui faisait l’adolescent avant de faire l’amour. Bien plus tard, c’est avec ces mêmes lectures, enregistrées sur bandes sonores, qu’ils renouent leurs liens à distance alors qu’elle est en prison, et que ces deux solitudes marquées par le passé sortent de leur torpeur.

Film inégal et imparfait, The Reader est parfois très émouvant (belle apparition d’une Lena Olin vieillie, notamment), et aborde un sujet lourd et difficile avec une intelligence et une sensibilité qui forcent le respect.

L’Ennemi invisible (The Silent Enemy) – de H.P. Carver – 1930

Posté : 29 mars, 2013 @ 11:28 dans 1930-1939, CARVER H.P., FILMS MUETS | Pas de commentaires »

L’Ennemi invisible (The Silent Enemy) – de H.P. Carver – 1930 dans 1930-1939 lennemi-invisible

Sur le modèle de Nanouk l’esquimau, H.P Carver signe un film qui n’est ni vraiment un documentaire, ni vraiment une fiction : un cinéma vérité passionnant, effectivement criant de vérité, et formidablement réalisé. C’est un film muet tardif, avec une introduction parlée par l’un des « acteurs » du film, un authentique Amérindien, qui explique que le film illustre le véritable mode de vie de ces Indiens, toujours en vigueur au début du 20ème siècle, et que ce mode de vie est sur le point de disparaître.

Réussite impressionnante, L’Ennemi invisible donne au spectateur l’impression d’être plongé au cœur de cette tribu amérindienne d’autrefois (longtemps avant l’arrivée de Christophe Colomb). Le film est un hommage que l’on sent sincère à ce peuple au mode de vie ancestral, mais condamné, qui vit en symbiose absolue avec la nature, au rythme des saisons. L’installation des camps, les longs voyages à travers une nature parfois hostile, la cohabitation avec les animaux, l’absence de ces derniers… Tout, dans la vie de ces Américains primitifs, est lié intimement avec leur environnement, et c’est bien ça que nous montre Carver.

L’histoire est réduite à un simple fil conducteur : la faim qui taraude (l’ennemi invisible, c’est la faim, le principal moteur de cette tribu), et la rivalité de deux hommes attirés par la même femme, et qui s’opposent sur la conduite à tenir. D’un côté le chasseur, homme viril et droit ; de l’autre le chaman, manipulateur.

Tout en évitant toute facilité scénaristique, ce dernier signe un vrai film de cinéma. Les gros plans sur les jambes en mouvement illustrent de la plus belle manière la longue marche à laquelle la tribu est contrainte ; un plan de coupe sur un arbre qui tombe symbolise la mort du chef ; la descente des rapides est l’une des plus spectaculaires qu’on ait pu voir ; et on a droit à quelques belles images d’animaux…

Perle tombée dans l’oubli, L’Ennemi invisible est plus qu’un témoignage précieux : un formidable film d’aventures.

Une journée en enfer (Die Hard : with a vengeance) – de John McTiernan – 1995

Posté : 29 mars, 2013 @ 11:19 dans 1990-1999, McTIERNAN John | Pas de commentaires »

Une journée en enfer (Die Hard : with a vengeance) – de John McTiernan – 1995 dans 1990-1999 une-journee-en-enfer

Près de vingt ans après, c’est étonnant de voir à quel point Die Hard 3 a influencé le cinéma d’action de ces dernières années : ce style syncopé, caméra à l’épaule, que McTiernan assumait ici avec un sens du rythme et de l’espace qui l’a toujours caractérisé, est même devenu la norme en matière d’action à Hollywood. Pas souvent à bon escient, d’ailleurs : parce que ce choix de mise en scène a un sens ici, soulignant l’état déplorable d’un John McClane qui doit faire avec un terrible gueule de bois.

Sans rien perdre de ses qualités de narrateur et de cinéaste d’action, McTiernan se réinvente totalement, comme il réinvente la saga qu’il a initiée en en gardant l’esprit. Contrairement au (très réussi) Die Hard 2, lui ne se contente pas de creuser le sillon qu’il avait lui-même tracé avec le premier Die Hard.

Mais son John McClane, avec quelques années de plus, n’est plus tout à fait le jeune inspecteur plein de fougue qu’il était. La vie l’a marqué, Holly l’a quitté, et l’alcoolisme le guette. Quand on le retrouve, au petit matin, il sort visiblement d’une beuverie solitaire et pathétique dont il semble coutumier, avec une migraine qu’il va trimballer tout au long de cette satanée journée.

Pourtant, la construction du film ressemble étrangement à celle de Piège de cristal, avec même un nouveau Gruber en méchant (Simon, le frère, joué par Jeremy Irons). A une différence près : l’immeuble Nakatomi a laissé la place à New York. Mais dans la tour comme dans la métropole, McClane arpente les moindres recoins de son terrain de jeu : les grandes artères, les sous-sols, les tuyauteries, les ascenseurs…

McClane, et McTiernan, utilisent toutes les possibilités de leurs décors, comme le cinéaste l’avait fait avec Predator, Piège de Cristal, ou tous ses grands films.

C’est fun et impressionnant. Mais c’est surtout un petit chef d’œuvre d’invention et de rythme, les nombreux rebondissements et déplacements se fondant dans un unique mouvement. Du moins jusqu’à une dizaine de minutes de la fin. Car la conclusion semble tirée d’un autre film : un peu bâclée, éclairée différemment, presque improvisée.

Die Hard 3, en tout cas, rappelle à quel point cette franchise a marqué et révolutionné le genre (jusqu’à récemment en tout cas).

• Voir aussi Piège de cristal, 58 minutes pour vivreDie Hard 4 : Retour en enfer et Die Hard : belle journée pour mourir.

 

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