Cogan : Killing them softly (Killing them softly) – de Andrew Dominik – 2012
Comme tous les grands films noirs, celui-ci prend pour toile de fond une Amérique qui va mal, celle des laissés pour compte. Et celle-ci se situe à une croisée des chemins, au passage de témoin entre les présidents Bush et Obama, à une époque d’espoirs et de promesses… Mais dans une Amérique profonde, presque totalement dénuée de femmes (on n’en croise qu’une : une prostitué) qui ne se fait guère d’illusions.
« In America, you live by your own. America is not a country, it’s just a business. Now fucking pay me,” lance Brad Pitt à son commanditaire.
Noir, le film l’est assurément. Pas tant pour la violence que pour l’absence totale d’espoir : dans cette Amérique-là, aucune chance d’échapper à sa condition. La seule manière de s’en sortir, c’est de jouer le jeu du business. Celui qui triche avec ça finira par en payer le prix fort. Drôle de morale.
Après la réussite de son western (L’Assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford), Andrew Dominik change de registre, mais garde un ton décalé, et une manière toute personnelle de coller à la réalité des personnages, avec de longues scènes de dialogues, et un rythme exagérément lent.
Le résultat était fascinant dans Jesse James. Ici, Andrew Dominik est un peu trop vampé par ses références : en s’attaquant au film noir urbain, il lorgne ostensiblement du côté de Scorsese (la participation de Ray Liotta fait forcément penser aux Affranchis), et surtout de Tarantino, avec des personnages aussi bavards… le style tarantinesque en moins.
La comparaison avec ces deux modèles est forcément difficile. Mais Andrew Dominik est un excellent directeur d’acteurs. Brad Pitt, également producteur, est étonnant. Et James Gandolfini, dans un second rôle, est tout simplement monstrueux, dans tous les sens du terme.
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