Play it again, Sam

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Havana (id.) – de Sydney Pollack – 1990

Classé dans : 1990-1999,POLLACK Sydney — 20 mars, 2013 @ 15:45

Havana (id.) - de Sydney Pollack – 1990 dans 1990-1999 havana

J’ai toujours beaucoup aimé ce film mésestimé, petite Madeleine de mon adolescence que je revois régulièrement avec un plaisir qui ne cesse de croître.

Parce que cette époque (ces jours qui précèdent la chute de Batista et l’avènement de Castro) est fascinante. Parce qu’elle offre à Pollack une toile de fond passionnante, celle d’un monde en mouvement. Et justement parce qu’il y a dans ce film la conscience d’un monde qui disparaît, une nostalgie qui n’a rien d’idéologique, mais qui tient au poids du temps qui passe.

La révolution castriste est au cœur de Havana, mais le film parle de la perte de l’innocence, et de rien d’autre. D’ailleurs, le héros interprété par un Redford royal, digne héritier de Bogart (il descend les whiskys et les daïquiris avec autant de classe, et déboule dans la grande Histoire avec autant de désinvolture que l’acteur de Casablanca et Le Port de l’angoisse) se contrefout de cette révolution en marche. S’il y intervient, c’est d’abord pour sauver ce qui compte le plus dans sa vie : le poker et les grandes parties qui l’attendent à La Havane, paradis des joueurs en cette année 1958. Puis par amour, pour une belle étrangère (Lena Olin) qui se trouve être la femme d’un membre important de la révolution (Raul Julia, dans un rôle qui rappelle évidemment celui de Paul Henreid dans Casablanca). Même même lorsque ce type sans principe (c’est lui qui le dit) s’implique le plus, il le fait avec un égoïsme hallucinant. « Tu veux changer le monde ? Change le mien » lance-t-il à celle qu’il aime.

Pollack, grand cinéaste romantique et digne descendant des grands classiques, multiplie les clins d’œil à Casablanca. Jusque dans le sacrifice annoncé de son héros. De fait, Havana a toutes les qualités des grands films des années 40 : le souffle romanesque, la virilité de Redford, la sensualité de Lena Olin (les deux acteurs sont formidables), le poids de l’histoire, l’élégance de la mise en scène. Havana, le plus mal aimé des films tournés par Pollack avec Redford, est à redécouvrir d’urgence.

 

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