New York Confidential (id.) – de Russell Rouse – 1955
Pas de flic, ni de point de vue extérieur dans ce film de gangster hors normes, mais le strict point de vue de ceux qui font les règles de la mafia, et de ses règlements de compte. Les « héros » ? Le patron du « syndicat » américain à New York (Broderick Crawford), et un tueur à gages aux manières parfaites mais au sang absolument froid (Richard Conte, impressionnant).
Pas non plus de réelle intrigue : c’est une succession de « contrats » passés sur ceux qui ne respectent pas les règles, ou qui représentent une menace pour le syndicat. Un enchaînement presque irréel de meurtres, dont l’origine nous restera mystérieuse, ainsi qu’à la plupart des protagonistes : le film s’ouvre directement sur l’un de ces règlements de compte, qui en suit un précédent et qui déclenchera tous ceux à venir.
Il y a des tueurs implacables, de jolies allumeuses, des trahisons, de l’amitié virile. Pourtant, New York Confidential ne ressemble à aucun autre film de gangsters. L’excellent Russell Rouse (connu aussi pour un très bon western, La première balle tue, et co-scénariste du film), adopte une approche quasi-documentaire dans un beau noir et blanc, et plonge au cœur de cette mafia qui dissimule sa violence et sa cruauté derrière une discrétion et une élégance apparente.
Le milieu est violent et cruel, il est aussi absurde : l’enchaînement des faits et l’approche hyper-réaliste de Rouse souligne l’aberration de ces règles appliquées aveuglement par les gangsters, qui poussent à tuer son meilleur ami, et qui incitent notre tueur à refuser toute attache émotionnelle avec qui que ce soit, sachant qu’il peut être amené à le tuer…
Le film a des accents de vérité impressionnants. Il doit aussi beaucoup à ses acteurs, formidables. Mention spéciale à Richard Conte et à l’inattendue Anne Bancroft (la fille du boss), deux jeunes gens dont on devine qu’ils pourraient vivre une histoire d’amour, mais qui acceptent avec plus ou moins de bonne grâce de suivre les règles d’un milieu dans lequel ils sont nés. Sachant tous deux que ces règles imposées finiront par leur être fatales…