L’Evadé d’Alcatraz (Escape from Alcatraz) – de Don Siegel – 1979
Vu et revu, L’Evadé d’Alcatraz reste d’une efficacité redoutable. Siegel, pourtant ne cède pas à la facilité, refusant d’ajouter quoi que ce soit de spectaculaire à cette histoire d’évasion.
La violence du lieu est évoquée, bien sûr, par le personnage du taulard qui veut faire d’Eastwood sa « petite amie », et surtout par la cruauté d’un directeur interprété, clin d’œil ironique, par le héros du Prisonnier, Patrick McGoohan.
Mais c’est surtout le poids du temps que filme Siegel. Ça et les longs préparatifs, tout sauf cinégéniques : modeler une fausse tête, souder un pic sur une cuillère, fabrique une plaque en carton, gratter un mur nuit après nuit…
En filmant froidement, presque cliniquement, ces préparatifs, Siegel signe une œuvre magistralement tendue, où on parle peu, où il ne se passe pas grand-chose, mais sans le moindre temps mort.
A peine triche-t-il, quand même, en ajoutant in extremis un suspense artificiel (Morris, alias Clint Eastwood, ne sait pas que le directeur a décidé son changement de cellule, ce qui réduirait à néant ses projets).
Beaux personnages, aussi, autour d’un Clint Eastwood totalement opaque. Curieusement, alors qu’il est de toutes les scènes, on ne sait strictement rien de ce Frank Morris. Les seconds rôles, eux, ont tous une personnalité forte, même s’ils n’ont qu’une poignée de scènes pour les faire exister : le peintre, le gourmand amis d’une souris, le caïd et ses livres…
Rien de forcé ici, uniquement l’essentiel. Cette ultime collaboration d’Eastwood et de son réalisateur fétiche (cinq films en commun, sans compter l’apparition de Siegel dans Un frisson dans la nuit) est du Siegel dans le texte. Et du très bon Siegel.
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