Clones (Surrogates) – de Jonathan Mostow – 2009
Il y a dans le cinéma de Jonathan Mostow un aspect « à l’ancienne » que j’aime décicément beaucoup. Qu’il signe un thriller noir poussiéreux (Breakdown), qu’il revisite le film de sous-marin (U-571) ou qu’il prenne les rênes d’une franchise à gros budget (Terminator 3), le gars renoue avec l’esprit et la facture d’un cinéma populaire et bricolo qui n’existe quasiment plus dans un cinéma de blockbusters bouffé par les effets spéciaux.
Des effets spéciaux, il y en a beaucoup dans Clones, mais ce film de science fiction porté par la star Bruce Willis a surtout la simplicité et la concision des films du genre tournés dans les années 50. Une heure vingt montre en main, c’est assez rare pour le souligner, et surtout avec un univers aussi complexe que celui-ci.
Mais Mostow pose les bases de ce futur-là en une scène d’introduction que n’aurait pas reniée le John Carpenter de New York 1997 : une série d’extraits de reportages télé qui nous explique que désormais, quasiment plus personne n’affronte directement la vie. Chacun a son « clone », un robot à l’aspect humain qu’il dirige à distance. Résultat : quasiment plus aucune criminalité, plus d’accidents graves, plus de peurs…
Comme dans les films de SF des années 50, il y derrière ce film de genre un sous-texte ouvertement politique, une critique de la société américaine et de ses dérives : le culte de l’apparence, la volonté de tout contrôler, de tout protéger, de tout maîtriser… Les clones sont des versions fantasmées de soi-même qui exagèrent à peine les résultats de certaines pratiques esthétiques. Bruce Willis tient un énième rôle de flic ravagé par ses fantômes, mais son double arbore une chevelure peroxydée, un petit rictus à peine souligné, et une peau à la perfection irréelle.
Mostow fait une nouvelle fois le choix de la simplicité. Le film n’en est pas moins très ambitieux, et très réussi. C’est passionnant.
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