Quatre hommes et une prière (Four Men and a prayer) – de John Ford – 1938
Film de commande, a priori loin de l’univers de Ford, d’autant plus que les héros sont des frères d’une grande famille anglaise… un comble pour cet Irlandais de cœur et d’esprit, dont l’œuvre est bien plus marquée par l’amour de la verte Erin.
Quatre frères, donc (dont George Sanders et David Niven), qui enquêtent à travers le monde pour réhabiliter le nom de leur père (C. Aubrey Smith), grand militaire mort dans le déshonneur.
Cette enquête internationale concerne une sombre histoire de trafic d’armes, étonnamment obscure et complexe pour une œuvrette qui, la plupart du temps, reste très légère. Une complexité quasi parodique, comme si Ford cherchait délibérément à nous éloigner de l’intrigue, au profit d’une étude de caractère pleine de charmes, de légèreté et d’ironie, que résume admirablement le personnage de Loretta Young, formidable et belle comme c’est pas permis.
Une petite légèreté, où Ford impose sa marque, notamment lors d’une scène de bagarre mémorable dans un bar, portée par l’Irish et Fordien Barry Fitzgerald.
Mais la plus belle scène, inattendue et marquante, se passe sur une île d’Amérique du Sud, en proie à la Révolution. Un décor de carte postale, que Loretta Young découvre avec une excitation de touriste. Et soudain, elle prend conscience de la réalité, de sa violence et de sa cruauté, en assistant à un massacre épouvantable… Cette soudaine immersion dans la noirceur et l’horreur est d’autant plus frappante et dure qu’elle fait irruption soudainement, au cœur d’un océan de faux semblants.
Pas une œuvre majeure, non, mais un petit film gonflé et insolent, derrière des apparence un rien inconséquentes.
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