The Pleasure garden (id.) – d’Alfred Hitchcock – 1925
Un film historique, forcément : le premier film réalisé par Alfred Hitchcock. Enfin, presque : trois ans plus tôt, le jeune cinéaste avait commencé le tournage d’un mystérieux film, Number Thirteen, resté inachevé et dont toutes les bobines semblent avoir définitivement disparu.
C’est donc une curiosité incontournable pour tous les amoureux du grand Hitch, même si le film est clairement loin de ses chefs d’œuvre. The Pleasure Garden peut trouver sa place dans une série de films réalisés par le jeune Hitchcock, qui évoquent les grandeurs et décadences d’êtres à qui tout pourrait réussir, mais qui finissent par tout perdre à force d’écouter leur mauvais génie, avant que leur ange gardien vienne leur offrir une ultime chance.
Dans le genre, il y aura Champagne (le pire film d’Hitchcock) et Downhill (très réussi). Celui-ci, du point de vue de la réussite artistique, est à mi-chemin. Plus complexe, aussi, du point de vue du scénario, puisque ce sont les destins de quatre personnages que le film raconte. Deux couples mal assortis qui seront ravagés par la cupidité, ou la luxure…
Le film commence un peu comme Une Etoile est née : une danseuse bien installée prend sous son aile une jeune apprentie qui grimpe rapidement les échelons. Mais plus elle réussit, moins elle pense à son gentil fiancé. Elle finit par s’installer dans la garçonnière d’un homme libidineux, mais riche. Pour le plus grand désespoir du fiancé, dont le pote épouse l’autre danseuse, avant de partir pour une mission professionnelle au bout du monde… où il tombera dans la pire des débauches (sans rentrer dans le détail, disons simplement qu’Hitchcock ne fait pas dans la demi-mesure avec ce personnage).
Je ne vais pas dévoiler la fin du film, qu’on voit quand même arriver de très loin : un homme délaissé ; une femme trahie… La suite est facile à deviner.
Ce n’est pas une grande œuvre hitchcockienne, non. Mais le film se regarde sans le moindre ennui, et on y reconnaît quand même par moments la patte du sieur Hitchcock. Dans la première séquence notamment, où on découvre une rangée de vieux riches reluquer avec un air franchement pervers les jambes des danseuses. Pour le reste, malgré quelques fulgurances de mise en scène (comme la noyade impressionnante), et quelques belles idées de scénario (le comportement du chien en fil rouge), le film reste le plus souvent assez anonyme. Bien content de l’avoir vu, quand même…