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Archive pour le 6 mars, 2013

The Pleasure garden (id.) – d’Alfred Hitchcock – 1925

Posté : 6 mars, 2013 @ 6:20 dans 1920-1929, FILMS MUETS, HITCHCOCK Alfred | Pas de commentaires »

The Pleasure garden (id.) - d'Alfred Hitchcock - 1925 dans 1920-1929 the-pleasure-garden

Un film historique, forcément : le premier film réalisé par Alfred Hitchcock. Enfin, presque : trois ans plus tôt, le jeune cinéaste avait commencé le tournage d’un mystérieux film, Number Thirteen, resté inachevé et dont toutes les bobines semblent avoir définitivement disparu.

C’est donc une curiosité incontournable pour tous les amoureux du grand Hitch, même si le film est clairement loin de ses chefs d’œuvre. The Pleasure Garden peut trouver sa place dans une série de films réalisés par le jeune Hitchcock, qui évoquent les grandeurs et décadences d’êtres à qui tout pourrait réussir, mais qui finissent par tout perdre à force d’écouter leur mauvais génie, avant que leur ange gardien vienne leur offrir une ultime chance.

Dans le genre, il y aura Champagne (le pire film d’Hitchcock) et Downhill (très réussi). Celui-ci, du point de vue de la réussite artistique, est à mi-chemin. Plus complexe, aussi, du point de vue du scénario, puisque ce sont les destins de quatre personnages que le film raconte. Deux couples mal assortis qui seront ravagés par la cupidité, ou la luxure…

Le film commence un peu comme Une Etoile est née : une danseuse bien installée prend sous son aile une jeune apprentie qui grimpe rapidement les échelons. Mais plus elle réussit, moins elle pense à son gentil fiancé. Elle finit par s’installer dans la garçonnière d’un homme libidineux, mais riche. Pour le plus grand désespoir du fiancé, dont le pote épouse l’autre danseuse, avant de partir pour une mission professionnelle au bout du monde… où il tombera dans la pire des débauches (sans rentrer dans le détail, disons simplement qu’Hitchcock ne fait pas dans la demi-mesure avec ce personnage).

Je ne vais pas dévoiler la fin du film, qu’on voit quand même arriver de très loin : un homme délaissé ; une femme trahie… La suite est facile à deviner.

Ce n’est pas une grande œuvre hitchcockienne, non. Mais le film se regarde sans le moindre ennui, et on y reconnaît quand même par moments la patte du sieur Hitchcock. Dans la première séquence notamment, où on découvre une rangée de vieux riches reluquer avec un air franchement pervers les jambes des danseuses. Pour le reste, malgré quelques fulgurances de mise en scène (comme la noyade  impressionnante), et quelques belles idées de scénario (le comportement du chien en fil rouge), le film reste le plus souvent assez anonyme. Bien content de l’avoir vu, quand même…

Lifeboat (id.) – de Alfred Hitchcock – 1944

Posté : 6 mars, 2013 @ 6:13 dans 1940-1949, HITCHCOCK Alfred | Pas de commentaires »

Lifeboat (id.) – de Alfred Hitchcock – 1944 dans 1940-1949 lifeboat

Dans la série des défis que s’est lancé Hitchcock (limiter un film à un long plan-séquence dans La Corde, immobiliser le héros dans Fenêtre sur cour…), celui-ci est sans doute le plus radical : la totalité de Lifeboat se déroule à l’intérieur d’un canot de sauvetage, perdu en pleine mer. Aucune tricherie, aucune facilité : le film commence après le naufrage d’un bateau, et se termine avant que les naufragés quittent le canot.

De ce huis clos en pleine mer, Hitchcok tire un chef d’œuvre absolu, un film qui réussit le pari assez fou de rendre constamment perceptible l’isolement des personnages au milieu de l’immensité de l’océan, tout en évitant l’étouffement d’un espace aussi confiné. Par une espèce de miracle, Hitchcock parvient à multiplier les angles de prise de vue, et signe une mise en scène d’une fluidité et d’une intelligence exemplaires. Même sa traditionnelle apparition relève du coup de génie : on le voit dans une publicité pour un régime, sur un journal que l’un des rescapés lit sur le canot.

Mieux : avec ce film de propagande adapté de John Steinbeck (dont le nom, cas rarissime, figure en aussi grands caractères que celui du réalisateur au générique), Hitchcock propose une sorte de condensé de l’humanité en temps de guerre. La « population » de ce canot regroupe des personnages qui représentent autant d’aspects de l’Amérique en guerre : le machiniste un peu brut, le marin fleur bleue, l’entrepreneur qui fait fortune grâce à l’effort de guerre, la reporter cynique, le noir pas tout à fait intégré…

Les caractères si marqués de ces personnages qui symbolisent chacun une classe de la société, vont tour à tour être soulignés ou gommés par cette situation hors du commun. Et l’irruption d’un autre rescapé, Allemand celui-là, va servir de catalyseur à cette soudaine promiscuité « contre-nature ».

De ce pari un peu fou, Hitchcock tire un film d’une évidence magistrale, porté par des comédiens exceptionnels (Tallulah Bankhead en snob qui se découvre un cœur, William Bendix en éclopé bouleversant…), fascinant portrait d’êtres humains en crise. Le cinéaste signe là l’un des plus fins, et des plus intelligents films de guerre. Simplement formidable.

Gueule d’amour – de Jean Grémillon – 1937

Posté : 6 mars, 2013 @ 6:09 dans 1930-1939, GABIN Jean, GRÉMILLON Jean | Pas de commentaires »

Gueule d’amour – de Jean Grémillon – 1937 dans 1930-1939 gueule-damour

A travers le portrait déchirant d’un homme ravagé par la jalousie et le désir, Jean Grémillon signe l’un des plus beaux films sur la nostalgie. Précurseur du grand film noir américain, Gueule d’amour évoque en fait le cruel passage à l’âge adulte, la perte de l’innocence, et la nostalgie de l’enfance. Comment expliquer autrement ce surnom infantile que même Gabin prononce avec une certaine gêne : « Gueule d’amour ». Comment aussi expliquer autrement le tour, digne d’un jeu d’enfant, que Gabin et son pote jouent au restaurateur pour avoir un repas gratuit.

Ce jeune soldat au sourire d’ange, fier d’arborer un bel uniforme tel un déguisement, et qui s’amuse sans arrière-pensée de l’attirance qu’il exerce sur les jeunes femmes… Difficile d’imaginer plus enfantin que ce type insouciant qui aime se déguiser et semble presque totalement asexué.

Mais il y a Mireille Balin, vamp dont on devine immédiatement qu’elle apporte le malheur, et qui scelle le destin du pauvre Gabin dès qu’il croise son regard. A partir de là, ce sont les longues périodes d’attente et de frustration, le désir et le manque qui rongent les sangs, le doute et la jalousie qui vrillent la tête.

En quittant l’armée, Gueule d’amour imagine que tout lui réussira aussi bien à Paris. Il ne lui faut pas longtemps pour comprendre que ce qu’il a lâché, ce sont ses années d’innocence et de pureté, et qu’il est entré dans une vie d’adulte autrement plus violente et cruelle.

C’est cette prise de conscience qui est le plus beau dans ce film: l’apparition de la nostalgie chez cet homme pas habitué à souffrir. A l’opposée de La Bandéra, autre film dans lequel Gabin interprétait un militaire, et qui avait fait de lui la plus grande star du cinéma français deux ans plus tôt.

Plus que l’intrigue de film noir, c’est bien cette nostalgie qui est au cœur du scénario de Charles Spaak, et qui pousse Gabin, lorsqu’il a perdu toutes ses illusions, à retourner à Orange, où il a vécu (sans s’en rendre compte alors) les plus belles années de sa vie. Trop tard : l’insouciance n’est pas une chose que l’on peut retrouver. C’est tout le sujet de ce chef d’œuvre terriblement émouvant, porté par un Jean Gabin exceptionnel.

 

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