Les Affameurs (Bend of the River) – d’Anthony Mann – 1952
Encore une merveille signée Anthony Mann. Ce western à la fois intime et à grand spectacle résume admirablement tout ce qu’a apporté le cinéaste à un genre qui lui a bien réussi, de Winchester 73 à La Ruée vers l’Ouest en passant par quelques chefs d’œuvre.
Dans Les Affameurs, on retrouve James Stewart bien sûr, une nouvelle fois admirable en cow-boy au passé trouble, tiraillé entre ses démons et ses idéaux. On retrouve aussi l’utilisation exceptionnellement précise des décors (naturels) : comme dans L’Appât, chaque élément du décor semble avoir une utilité, chaque caillou, chaque souche, chaque colline. La nature, omniprésente, est un personnage à part entière de l’histoire, à la fois accueillante (le fleuve qui offre un réconfort bienvenu à la troupe) et menaçante (la montagne qui domine constamment l’action, promesse d’une rencontre à hauts risques au sommet)…
Stewart est un ancien pillard qui ne rêve que d’une vie de fermier, et qui guide une caravane de colons à travers le pays. Après une pause à Portland, ville calme et accueillante où ils commandent des vivres pour l’hiver, ils continuent leur route et s’installent. Mais l’hiver arrive, et pas les vivres. Stewart retourne à Portland réclamer son dû, et trouve une ville au visage radicalement transformé par la découverte d’or dans la région.
Des portraits d’hommes et de femmes passionnants, des relations humaines complexes et sans concession… Bend of the River est un film d’une richesse assez rare. En moins d’une heure et demi, Mann nous fait passer d’une bluette légère et charmante à un film d’une noirceur abyssale. En fil conducteur : l’amitié de Stewart et Arthur Kennedy, deux êtres qui partagent le même passé, et qui se comprennent sans un mot (la manière dont chacun réagit à l’évocation du nom de l’autre, lors de leur rencontre, en dit plus que tous les dialogues qui suivent sur le passé de ces deux-là), qui partagent les mêmes idéaux, les mêmes façons de faire, mais qui ne feront pas les mêmes choix.
Pas la moindre baisse de rythme dans ce chef d’œuvre qui fait le lien entre tous les westerns de Mann.
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