Créance de sang (Blood Work) – de Clint Eastwood – 2002
Il y a tout juste dix ans, Eastwood offrait à ses fans de la première heure un ultime polar pur et dur. Un beau cadeau qui ne s’apparente pas aux combats de trop d’un Charles Bronson. Depuis le début des années 90, Eastwood prend un malin plaisir à souligner son âge, jouant avec délectation de ses rides et des limites de son corps.
Pour ce retour à un genre qu’il connaît par cœur (les premières images, plans nocturnes d’une grande ville filmée d’hélicoptère, rappellent le début de Dirty Harry et ses suites, et d’autres polars comme La Corde raide), Eastwood trouve le matériau idéal dans l’excellent roman de Michael Connelly. Le personnage de Terry McCaleb est vieilli d’une trentaine d’années (Clint a 72 ans), mais le film reste globalement fidèle au roman.
Ce qui a attiré l’acteur de Dans la ligne de mire dans cette histoire est évidente : McCaleb est un super flic à la Dirty Harry, mais dont le cœur lâche alors qu’il est sur la piste d’un tueur en série. On le retrouve deux ans plus tard, fraîchement transplanté, et reprendre du service quand il apprend que celle qui lui a donné son cœur a été assassinée.
Eastwood joue avec son âge, son corps abîmé, qu’il exhibe avec pudeur, dans de très belles séquences nocturnes, où sa longue cicatrice semble sortir de la pénombre.
Mais son film est aussi un vrai polar, qui porte clairement la marque d’Eastwood : le rythme, volontiers lent, est à l’opposée de la norme hollywoodienne. Il ne prend par l’enquête policière à la légère, comme il l’avait fait avec Jugé coupable, mais il la mène à son rythme, à l’image de la force tranquille du personnage. S’autorisant même une improbable pause beignets dans une salle d’interrogatoire, l’action et les dialogues s’arrêtant durant de longues secondes. Typiquement eastwoodien.
Créance de sang n’est pas un chef d’œuvre. Le scénario de Brian Helgeland est efficace, mais assez convenu, et les dialogues parfois stéréotypés. Mais ce polar hors du temps est une gourmandise indispensable pour les amoureux du grand Clint : ses adieux à un genre dont il est indissociable.
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