Casablanca (id.) – de Michael Curtiz – 1942
I remember every detail. The Germans wore grey, you wore blue.
Les lecteurs de ce blog l’auront compris facilement : j’ai pour Casablanca une passion totale, qui ne se dément pas. A tel point qu’écrire quelques lignes sur le sujet me paraît bien difficile. Je pourrais juste dire ceci : Casablanca est le plus beau film du monde, une merveille absolue où tous les talents ayant collaboré à sa réussite semblent en état de grâce.
Il s’est passé une sorte de miracle avec ce film, dont le tournage n’a pourtant pas été simple, le scénario étant le plus souvent écrit au jour le jour, avec une fin incertaine jusqu’au dernier moment : Ingrid Bergman allait-elle, oui ou non, prendre ce fichu avion et planter le pauvre Humphrey Bogart… ?
Malgré cette quasi-improvisation, il y a une sorte d’évidence qui se dégage du film, une fluidité de l’action, et un souffle romantique qui emporte tout sur son passage. Michael Curtiz n’a sans doute jamais été aussi inspiré qu’ici. Dans la première séquence, il lui suffit de quelques plans extraordinaires pour planter le décor : le Casablanca de décembre 1941, territoire de la France libre où se retrouvent tous ceux qui fuient le nazisme, attendant désespérément l’autorisation d’embarquer sur un vol pour l’Amérique. Des citoyens du monde désespérés, ou des résistants dont la tête est mise à prix… En une série de plans parfaitement enchaînés, Curtiz dit plus sur l’état du monde, et sur l’ambiance de cette ville, à ce moment-là, qu’avec n’importe quel discours.
Play it Sam, play « As time goes by »
Et puis il y a l’introduction des personnages, elle aussi sublime, les retrouvailles bouleversantes d’Ilsa et Rick, amants d’un autre temps (celui de la paix), dont la passion toujours vivante est contrariée par un enjeu qui les dépasse de loin : l’avenir du monde libre, symbolisé par le mari d’Ilsa, Victor Laszlo… l’homme de trop des habituels triangles amoureux. Mais cet homme de trop-là est un grand homme, un mari aimant et compréhensif, un chef de la Résistance particulièrement important, et un type bien. Le personnage le plus pur, le plus honnête, le plus courageux que l’on croisera dans ce film.
Autour de lui, le cynisme est omniprésent : le capitaine Renault (Claude Rains) échange ses visas de sortie contre les faveurs sexuelles des jeunes femmes ; l’intriguant Urgate (Peter Lorre) n’aide les migrants que pour son profit personnel ; le gros Ferrari (Sydney Greenstreet) profite de cet afflux du monde entier pour faire fortune… Même Rick Blaine (Bogie), patron du « Café americain » Rick’s, affiche un cynisme désabusé… qui ne trompe pas grand monde.
Of all the gin joints, in all the towns, in all the world… she walks into mine.
Les acteurs sont fabuleux, portés par la mise en scène pas loin de les transformer en mythes, et par des dialogues inoubliables (« The German wore grey, you wore blue »).
Et puis il y a l’ambiance du film, son atmosphère, particulièrement à l’intérieur du café, portée par une bande son magnifique, les chansons parmi les plus belles de l’histoire du cinéma (« As time goes by »)… Et puis a-t-on entendu Marseillaise plus bouleversante ?
Casablanca est un film miraculeux. Si on ne devait en voir et revoir qu’un, c’est bien celui-là que je conseillerais…
Louis, I think this is the beginning of a beautiful friendship.
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