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Gone baby gone (id.) – de Ben Affleck – 2007

Classé dans : * Thrillers US (1980-…),2000-2009,AFFLECK Ben — 24 janvier, 2013 @ 11:07

Gone baby gone (id.) – de Ben Affleck – 2007 dans * Thrillers US (1980-…) gone-baby-gone

Décidément, Dennis Lehane est bien servi au cinema. Après avoir été adapté par Clint Eastwood (Mystic River) et Martin Scorsese (Shutter Island), c’est au tour de Ben Affleck de s’intéresser à l’œuvre du génial écrivain. Oui, bien sûr, sur le papier, Ben Affleck fait pale figure face à Clint et Marty. D’autant plus qu’il s’agit du premier film réalisé par une star bovine et dans le creux de la vague. Bref, pas forcément le type sur lequel on aurait musé le plus…

Sauf que Ben Affleck est autant un acteur fade et inintéressant qu’un cinéaste fin et inspiré. Et ce qu’il réussit avec Gone baby gone est assez magnifique. C’est bien simple : il n’y a à peu près aucune faute de goût, aucune facilité, aucun faux pas dans cette première réalisation, qui rend parfaitement justice à un roman dur, fort, et diablement complexe, que ce soit par l’intrigue elle-même ou par les enjeux moraux qu’elle véhicule.

Gone baby gone, le roman (à lire absolument aux éditions Rivage Noir), est le troisième des six romans (dont le dernier, sorti l’an dernier, est justement la suite tardive de Gone baby gone) mettent en scène un couple de détective, Patrick Kenzie et Angie Gennaro. Les fans de Lehane (dont je suis) seront un peu déstabilisés par les personnages principaux, assez différents de ce qu’ils sont dans le livre. Angela, surtout, perd ses illusions et les derniers relents de légèreté dans le livre. Interprétée ici par Michelle Monaghan, elle paraît dès les premières images être au bord de la dépression, ne donnant jamais le change ?

Kenzie, lui, a le visage poupon de Casey Affleck (le frangin), et c’est une idée grandiose. Parce que c’est un acteur passionnant, et parce que ces faux airs d’enfants tranchent radicalement avec la volonté jusqu’au-boutiste et la violence à fleur de peau de ce personnage.

Dans Gone baby gone, nos deux détectives sont engagés pour retrouver la petite fille d’une toxico insupportable. Trafiquants, pédophiles, ripoux… les mauvaises pistes et les mauvaises rencontres se succèdent, jusqu’à un dénouement que je me garderai bien de dévoiler ici, mais qui laisse au fond un sentiment de malaise tenace, et violent.

Le roman est dur, insoutenable même parfois, en particulier lors de l’affrontement avec la « famille » de pédophiles. Le film d’Affleck a l’intelligence, et le courage, de ne rien édulcorer, tout en évitant toute surenchère de violence visuelle. A l’image de cette séquence des pédophiles, traitée avec une concision et une force rare (une série de flashs qui nous font ressentir toute l’horreur et toute la tension insupportable de ce moment), le film n’est jamais racoleur, toujours sur la note juste.

De la même manière, Affleck retranscrit parfaitement l’atmosphère de Boston, cette impression que donnait Lehane de nous amener au cœur de son quartier, par le regard de Patrick Kenzie. On ressent la vie de ces quartiers, emplis de gueules pas possibles, et où la violence et la drogue sont des compagnons de vie.

Affleck frappe fort et juste. Gone baby gone est l’œuvre d’un grand réalisateur.

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