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Archive pour le 23 janvier, 2013

Les Caves du Majestic – de Richard Pottier – 1944

Posté : 23 janvier, 2013 @ 3:04 dans * Polars/noirs France, 1940-1949, d'après Simenon, Maigret, POTTIER Richard | Pas de commentaires »

Les Caves du Majestic – de Richard Pottier – 1944 dans * Polars/noirs France les-caves-du-majestic

Dynamique, bavard, primesautier, Albert Préjean est un Maigret formidable à une réserve près : il n’a pas grand-chose à voir avec le personnage de Simenon. Maigret, le vrai, est un taiseux, qui se fond dans l’atmosphère des lieux, et laisse gagner par la « musique » qui l’aide à comprendre les gens, le contexte…

Maigret, sous les traits de Préjean, passe à son temps à dire qu’il va flâner en se laissant gagnant par la musique, mais fait constamment le contraire. Un beau parleur et un manipulateur, qui interroge en usant de trucs un rien éculés (comme celui, redondant, qui consiste à poser une question anodine pour tester la nervosité de l’autre).

Maigret n’est donc pas Maigret, mais cela n’enlève rien à la réussite du film, polar absolument passionnant qui est, au final, une adaptation qui colle plutôt bien à l’esprit de Simenon. Car si Maigret est un observateur bien bavard, Richard Pottier, lui, laisse bel et bien sa caméra s’imprégner des lieux, en l’occurrence un grand palace parisien et quelques lieux de nuit où se croisent tous les suspects dans une affaire de meurtre.

Une cliente du palace a été retrouvée morte dans les caves du Majestic, et Maigret réalise bientôt que la plupart des suspects la connaissaient, qu’ils soient milliardaires ou simples employés, secrétaires ou danseurs… Une intrigue complexe, avec des tas de fils qui se croisent, et que Maigret démêle avec une fluidité parfaite.

Trop démonstratif, peut-être (« Dans mon métier, il est important de paraître plus bête qu’on est » fait partie des nombreuses phrases inutiles). Et l’intrigue secondaire, qui tourne autour de l’enfant, est très émouvante, mais paraît quelque peu hors sujet.

Il y a en tout cas le bonheur de retrouver des tas de seconds rôles incontournables du cinéma français des années 40, avec le débit incompréhensible d’André Gabriello et la voix profonde et gouailleuse de Jacques Baumer parfaitement mis en valeur par les dialogues et le scénario de Charles Spaak (à qui on doit entre autre La Grande Illusion).

Spaak et Pottier assument totalement le film de genre : Les Caves du Majestic ne se veut pas autre chose d’une intrigue policière passionnante.

Les Amants du Capricorne (Under Capricorn) – d’Alfred Hitchcock – 1949

Posté : 23 janvier, 2013 @ 1:46 dans 1940-1949, HITCHCOCK Alfred | Pas de commentaires »

Les Amants du Capricorne (Under Capricorn) – d’Alfred Hitchcock – 1949 dans 1940-1949 les-amants-du-capricorne

Curieux film d’Hitchcock, mal aimé du public, de la critique, et même de son auteur. Les Amants du Capricorne, d’après Hitchcock lui-même, est le film d’un orgueilleux qui, fort du succès de ses précédents films, n’a choisi ce sujet que pour diriger à nouveau la grande star qu’était Ingrid Bergman, dans une grosse production prestigieuse. Comme souvent, Hitchcock a la dent bien dure avec lui-même.

Le film, à vrai dire, est bien plus personnel et hitchcockien que le cinéaste veut bien le reconnaître. Même s’il ne s’agit pas d’un suspense traditionnel, on y retrouve de nombreux thèmes et motifs chers à Hitch : le faux coupable, traité ici d’une manière totalement inédite ; la menace domestique (avec un verre de vin qui rappelle le verre de lait de Soupçons) ; ou encore cette gouvernante fascinée par son maître et aussi inquiétante que la Mme Danvers de Rebecca

Michael Wilding (que le réalisateur retrouvera dans Le Grand Alibi), pivot du film jusqu’au dernier tiers, débarque en Australie en 1831, avec son gouverneur de cousin. Venant d’Irlande, il y rencontre des concitoyens : un ancien bagnard (Joseph Cotten) et son épouse (Bergman), psychologiquement fragile, qu’il aide à sortir de sa dépression.

Il y a dans Les Amants… un parti-pris formel fascinant : le cœur du film, ce qui fait son essence, est presque constamment en retrait. La caméra filme des dialogues sans grande importance, des personnages sans relief, mais les échanges les plus forts, les présences les plus frappantes, sont constamment au second plan. Michael Wilding se réjouit des progrès d’Ingrid, et on aperçoit Joseph Cotten se refermer sur lui-même ; tandis que le gouverneur parle avec Wilding, Bergman lui prend doucement la main…

Plus généralement, le film, dans sa première partie, se concentre sur les relations troubles entre Wilding et Bergman, mais c’est le couple Cotten-Bergman qui est la raison d’être du film. Ce sont ces deux êtres, qui se sacrifient l’un pour l’autre depuis des années, par amour, et qui passent à côté de leur amour et de leur vie, qui intéressent Hitchcock.

Et c’est souvent bouleversant, en particulier grâce à Cotten, tout en retenue et très émouvant, et à une caméra qui enveloppe littéralement les personnages, les accompagnant avec discrétion dans de longs plans d’une fluidité exemplaire.

Hitchcock, à l’origine, voulait renouveler l’expérience de La Corde, son précédent film : ne faire que de longs plans de huit à dix minutes. Il ne reste hélas que quelques plans-séquences (remarquables), et ce sont ces moments qui sont les plus envoûtants.

Les autres sont formellement plus conventionnelles. C’est le principal défaut (avec le dénouement, un peu téléphoné) de ce film qui vaut bien mieux que sa réputation.

Usual Suspects (The Usual Suspects) – de Bryan Singer – 1996

Posté : 23 janvier, 2013 @ 12:31 dans * Thrillers US (1980-…), 1990-1999, SINGER Bryan | Pas de commentaires »

Usual Suspects (The Usual Suspects) – de Bryan Singer – 1996 dans * Thrillers US (1980-…) usual-suspects

Quinze ans après, Usual Suspects reste le sommet de la carrière de Bryan Singer, et une référence incontournable pour le « film de manipulation ». On a beau l’avoir vu une demi-douzaine de fois, on a beau le connaître par cœur, on marche toujours à 100% dans cette histoire machiavélique tournant autour d’un génie du crime mythique. Et il ne faudrait pas sous-estimer le travail de Singer, cinéaste souvent bien moins inspirée qu’ici, qui fait mieux que servir le scénario génial de Christopher McQuarrie.

Complexe, malin, tordu, le scénario aurait pu donner tout autre chose devant la caméra élégante d’un David Mamet, autre expert es-manipulation (La Prisonnière espagnole). De ce criminel mystérieux au cœur de l’intrigue, la mise en scène de Singer fait une légende, un mythe, une chimère, la meilleure incarnation du Diable. Dès que son nom est cité, par un Hongrois qui parle dans sa langue, tout s’arrête. « Keizer Soëze »… Il ne faut pas plus que ce nom, et le regard soudain fixe de tous ceux qui l’entendent, pour qu’on retienne son souffle, et que le film prenne une autre dimension.

Sans que l’on sache quoi que ce soit de lui (on n’en saura d’ailleurs pas grand-chose), Keyzer Soëze fait instantanément son entrée dans la cour des grands criminels de l’histoire du cinéma. La caméra de Singer, travail intelligent et complexe sur la dissimulation, sur l’imperceptibilité, sur le mensonge, donne une âme à ce personnage qu’on ne voit pas, et dont on ne sait même pas s’il existe.

Difficile de raconter le film comme ça. En résumant à l’extrême, on a cinq criminels (Gabriel Byrne, fascinant ; Kevin Spacey et Benicio Del Toro, deux révélations ; Stephen Baldwin et Kevin Pollack, dans leurs meilleurs rôles) réunis pour une séance d’identification, qui se retrouvent pris au piège par ce mystérieux Keyzer Soëze qui se sert d’eux.

La construction du film est brillante, faite de flash-backs et de sauts dans le temps. Ce pourrait être un film de scénariste, mais Singer en fait une pure œuvre de cinéma, dont tous les rebondissements, tous les plans, mènent inexorablement vers le coup de théâtre final, et cette voix off : « And like that… he’s gone… »

 

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