Comanche (id.) – de George Sherman – 1956
Il n’y en pas beaucoup, des films qui alternent à ce point le très bon et le très mauvais. Ce western à l’histoire très classique (un éclaireur jour les intermédiaires entre les Indiens et le gouvernement américain pour obtenir la paix, mais des intrigants cherchent à raviver la guerre) n’est jamais entre les deux. Un peu à l’image de George Sherman, cinéaste qui, de film en film, passe de l’excellence (La Fille des prairies) au passable (Le Grand Chef).
Celui-ci, une nouvelle fois basé sur des personnages réels (c’est une habitude pour Sherman, dont la filmographie revisite tout un pan de l’histoire de l’Ouest américain), et par moments assez proche de l’excellence. Dans ces moments où Sherman suspend l’action, et nous fait ressentir le poids de leur environnement sur les personnages : cette très belle séquence d’ouverture, scène de la vie quotidienne dans un village mexicain calme et bercé par la musique des Mariachis ; ou quelques scènes dans les étendues désertes, qui rendent soudainement palpable l’immensité des espaces…
Mais la plus belle scène, c’est ce long face-à-face extrêmement tendu entre les soldats blancs et les Indiens rebelles, avant l’arrivée des Comanches que Quanah Parker, au sommet de la montagne. Une séquence superbe, à la mise en scène ample et splendide.
Dana Andrews est excellent dans le rôle de Jim Read. Et son sidekick Henry Brandon est à la hauteur d’un Walter Brennan, avec sa moumoute assez irresistible.
Leur épopée est joliment rythmée par une chanson qui fait partie des titres incontournables du western, et qui semble juste ancrer l’histoire à laquelle on assiste (dans des paysages grandioses et très bien filmés) dans la mythologie américaine.
Bref, il a tout pour s’approcher du chef d’œuvre, ce film, d’autant que les scènes qui reposent avant tout sur l’image sont magnifiquement mises en scène. Mais voilà, il y a des dialogues. Beaucoup. Et absolument imbuvables. Trop démonstratifs, trop explicatifs, trop grand guignol, trop caricaturaux, les dialogues cassent constamment le rythme. Mais le scénariste du film en est aussi le producteur, ce qui explique peut-être certains choix bien malheureux.
D’autant plus que beaucoup de grands rôles (comme Quannah, le chef indien, joué par un Kent Smith ridicule) sont assez approximatifs. Mention spéciale à Linda Cristal, qui sera à l’affiche de grands westerns (Alamo, Les Deux Cavaliers), mais qui est insupportable ici, et constamment fausse. Le film a de tels atouts que ces défauts n’en sont que plus frappants.
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