Aux yeux de tous – de Cédric Jimenez – 2012
Typiquement le genre de films construits uniquement sur un parti-pris de mise en scène, et qui peut très facilement tomber dans l’exercice de style un peu vain. Le point de départ : un attentat dans une gare parisienne, qui fait 17 morts et des dizaines de blessés. Le postulat : un hacker de génie a déniché les images de l’attentat, identifier les coupables, et les piste par le seul intermédiaire des caméras de surveillance et autres webcams auxquelles il parvient à avoir accès.
En grande partie, le film, dans sa forme, n’est que ça : uniquement fait de ces images volées que notre mystérieux hacker fait défiler pour démasquer et piéger tous les protagonistes de cet attentat, et pour mettre à jour une conspiration internationale. Tout ça de chez lui, en n’étant qu’un simple spectateur-manipulateur.
Pendant une petite demi-heure, la maîtise de cette narration hors normes est assez bluffante. Cédric Jimenez réussit son pari, et réussit à faire vivre ses personnages (Mélanie Doutey, Olivier Barthélémy, Francis Renaud) à travers ces seules images froides et impersonnelles. Un tour de force.
Et lorsque la mécanique commence à lasser (parce que ça arrive immanquablement), Jimenez fait évoluer son film. Pas de révolution brutale, non : le principe voyeuriste reste de rigueur. Mais le hackeur déshumanisé, dont on ne voit que les yeux froids, assiste à un acte d’une brutale réalité, à laquelle il n’était pas préparé. Le spectateur-internaute s’humanise enfin, et entre dans l’action. Toujours par écrans et téléphone interposés cependant, jamais en se coltant directement avec l’âpre réalité de l’extérieur.
On passera sur le dénouement un peu trop paranoïaque pour être vraiment honnête. Et on retiendra que Cédric Jimenez a réussi son pari : faire d’un exercice de style assez extrême un pur film de genre efficace et tendu comme il faut.
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