Mystère à Mexico (Mystery in Mexico) – de Robert Wise – 1948
Ce n’est pas le film le plus connu de Robert Wise. Pas le meilleur non plus, assurément. Mais il y a dans ce petit noir sans moyen et sans tête d’affiche une fraîcheur, une légèreté, et une authenticité assez remarquables. Petite production ? Oui, mais grande réussite, et plongée passionnante et assez fascinante au cœur de Mexico.
Le film porte parfaitement bien son titre. Il y a du mystère, dans cette histoire, et il y a beaucoup de Mexico aussi : on a même rarement vu la capitale mexicaine comme ça, débarrassée des clichés touristiques. Wise place ses caméras dans les rues de la ville, ou en studio peut-être, mais d’une manière aussi réaliste que mystérieuse. Ce Mexico-là, celui des Mexicains aussi bien que celui des touristes, Wise le rend plus mystérieux encore, et plus fascinant, grâce à de magnifiques jeux sur les ombres, l’obscurité… Il y a de l’expressionnisme derrière cette enquête assez banale sur le fond, et la signature flagrante de la RKO, le mini-studio ayant le don de compenser le manque de moyens par des trouvailles visuelles passionnantes.
Côté histoire, le mystère est effectivement profond : un détective d’une compagnie d’assurance se rend à Mexico pour enquêter sur la disparition suspecte d’un confrère, qui enquêtait lui sur la disparition d’un collier. Grande criminalité et meurtre sont derrière cette enquête, dont le collier n’est qu’un macguffin comme un autre. Qu’importe si l’objet semble bien insipide pour une conspiration aussi vaste, ce qui compte, bien sûr, c’est l’atmosphère, les situations, les personnages.
La réussite du film tient à ce que Wise trouve le parfait équilibre entre noirceur, suspense et humour. Le jeu des personnages, le rapport entre le détective et la sœur de celui qu’il recherche tient plus de la screwball comedy, que du couple traditionnel de film noir. Dans les rôles, William Lundigan et Jacqueline White sont aussi insipides qu’attachants.
Imparfait, mais très sympathique, le film est une curiosité menée à un rythme d’enfer : 66 minutes seulement pour une belle virée au pays du mystère.
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