Embrasse-moi idiot (A Fool there was) – de Frank Powell – 1915
Un diplomate américain, riche et reconnu, lâche femme et enfant pour céder aux avances d’une vamp qui en a poussé plus d’un à la ruine… ou à la mort.
Theda Bara, l’une des premières femmes fatales de l’histoire du cinéma, invente la « vamp » au milieu des années 10, particulièrement avec ce film qui accuse le poids du siècle écoulé depuis sa sortie, mais qui ne manque pas d’intérêt. La cruauté des sentiments, surtout, est particulièrement frappante. La Vamp est une pure ordure, qui assiste sans la moindre émotion au suicide d’un jeune homme raide dingue d’elle.
Quant à la « victime » au cœur de ce film, richissime émissaire américain cédant aux attraits de la chair, c’est une sorte de DSK sans orgueil ni arrogance. La chair est faible, et le diplomate perd totalement sa superbe, suivant la Vamp comme un jeune chiot qui sait qu’il fait une connerie… Difficile, quand même, de prendre en pitié un type aussi faible et aussi dénué de fierté. Sa déchéance est aussi terrible que celle du héros du Rachat suprême, le film de Cecil B. De Mille.
S’il échappe au traditionnel plan large et fixe, face caméra, la mise en scène reste quand même plus proche du roman photo que du grand film de cinéma. Et puis il y a ici une fâcheuse tendance à ne pas savoir couper quand il le faudrait. Même si le film dure à peine plus d’une heure, certaines séquences gagneraient à être écourtées, voire complètement supprimées, comme ces plans qui reviennent sans cesse, et qui nous montrent la famille modèle du diplomate (toujours avec un sourire béat… on se croirait dans la maison du bonheur de Céline Dion), en contrepoint de la triste luxure du pêcheur.
Là où le film a aussi beaucoup vieilli, mis à part l’outrance de la déchéance (les dernières séquences sont tout de même énormes !), c’est par le symbolisme outrancier qui paraît aujourd’hui très maladroit. Comme ce plan où John, qui a laissé passer toutes les chances que sa femme lui a laissées, est filmé derrière les barreaux d’un escalier… Looouuuuuuurd.
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