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Archive pour le 6 décembre, 2012

Sur la piste des Mohawks (Drums along the Mohawk) – de John Ford – 1939

Posté : 6 décembre, 2012 @ 7:52 dans 1930-1939, BOND Ward, CARRADINE John, FORD John, WESTERNS | Pas de commentaires »

Sur la piste des Mohawks (Drums along the Mohawk) – de John Ford – 1939 dans 1930-1939 sur-la-piste-des-mohawks

1939 est souvent considéré comme la plus grande année du cinéma américain. On pourrait ajouter que c’est aussi l’année la plus faste de John Ford. En quelques mois (et alors qu’il tourne Les Raisins de la Colère) sortent sur les écrans La Chevauchée fantastique, Vers sa destinée, et ce Sur la piste des Mohawks. Une liste tout simplement hallucinante !

Dans cette série de chefs d’œuvre, ce dernier film fait presque figure de curiosité, tant il est méconnu. Drums along the Mohawk, premier film en couleurs de Ford, est pourtant tout aussi réussi que les autres. En tant que formaliste, Ford est au sommet. Il n’a pas encore adopté le dépouillement relatif qui marquera ses films d’après-guerre, et chaque plan de ce film impressionne par la beauté pictural de ces cadres, et par l’utilisation des couleurs.

Le choix d’utiliser la couleur, après plus de vingt ans de cinéma, ne doit visiblement rien au hasard. La couleur est ici totalement au service du sujet : la place des pionniers américains vivant à la « frontière » en 1776, lors de l’indépendance des Etats-Unis. Les couleurs, vives et chaudes, rehaussent l’importance de cette nature à la fois sublime et hostile, d’où les Indiens (à la solde des Anglais) surgissent comme par magie, menaces quotidiennes sur la vie de ces pionniers.

Le vert des forêts, le jaune des moissons, le rouge des couchers de soleil… Les couleurs vives sont omniprésentes et envoûtantes, et semblent justifier l’amour que les pionniers ont pour ces terres isolées et éloignées des grands événements historiques qui se déroulent simultanément à l’action du film : la guerre pour l’indépendance, dont on ne voit que des menaces lointaines, l’arrivée de messagers porteurs de nouvelles inquiétantes, ou le retour d’hommes meurtris.

Ford s’intéresse à une poignée d’hommes et de femmes qui ont décidé de s’installer loin de la civilisation, dans un pays qui reste à construire, où tout reste à faire. La ferme qu’achètent Henry Fonda et Claudette Colbert symbolise parfaitement ces contrées encore sauvages : la terre est défricher, la maison est à construire ; et même là, rien n’est jamais acquis pour de bon… A travers le destin de ce couple qui quitte la civilisation pour s’installer loin de tout, dans un pays où les « voisins » les plus proches se trouvent à des heures de cheval, Ford raconte l’histoire de tous ces pionniers qui ont accompagné la naissance des Etats-Unis.

Sur la piste des Mohawks est sans doute le meilleur film consacré à cette période, notamment parce qu’il reste constamment à hauteur d’hommes, ne montrant de l’histoire en marche que ce que les pionniers en voyaient.

C’est aussi un petit chef d’œuvre de mise en scène, qui utilise constamment brillamment les décors naturels. L’apogée du film : une course poursuite à pied ébouriffante, dans le soleil levant et à travers l’immensité de la nature, où Fonda court chercher de l’aide, les Indiens attaquant le fort dans lequel se sont réfugiés les pionniers. Un moment de cinéma qui ne ressemble à aucun autre, absolument sublime.

• Le film est disponible dans un coffret formidable réunissant trois chef d’œuvre de Ford de la fin des années 30, avec Vers sa destinée et Je n’ai pas tué Lincoln. Trois grands films visuellement splendides ayant pour toile de fond la naissance des Etats-Unis.

Le Maître du Logis (Du skal aere din hustru) – de Carl Theodor Dreyer – 1925

Posté : 6 décembre, 2012 @ 12:36 dans 1920-1929, DREYER Carl Theodor, FILMS MUETS | Pas de commentaires »

Le Maître du logis

Difficile de faire moins cinégénique, a priori, que cette histoire de couple qui se déroule presque exclusivement dans l’espace confiné d’un petit appartement, qui commence par une longue séquence montrant le quotidien terne d’une femme d’intérieur, et qui ne met en scène qu’une poignée de personnages. Un mari trop dur avec sa femme et ses enfants, une épouse aimante mais au bord de la dépression, et une vieille dame qui fut la nounou du mari, et qui convainc la jeune femme de partir se refaire une santé loin de son mari, pendant qu’elle-même s’acharne à remettre le « tyran » dans le droit chemin.

De ce huis-clos antispectaculaire au possible, Dreyer tire l’un des grands chef-d’œuvre du muet, un film qui n’a rien du théâtre filmé, et qui ‘avère, neuf décennies plus tard, d’une modernité étonnante dans sa mise en scène.
Dreyer n’est pas un cinéaste tape-à-l’œil. Mais sa science du cadrage et du montage est sidérante. En montrant successivement, et rapidement, trois plans presque identiques de la vieille dame, il évoque le trouble naissant du mari. En isolant les personnages dans des cadres rigides, il souligne le manque de communication. En filmant l’épouse en gros plan, avec un large espace vide au dessus de sa tête, il fait ressentir le poids que cette dernière accepte d’endosser pour son mari…

Tout le film est fait de ces petits coups de génie d’un cinéaste qui a su, comme les plus grands manier le cinéma comme un art et comme un langage. On pense souvent à Lubitsch, pour le rythme et les relations compliquées entre les hommes et les femmes. Le rôle du mari (excellent Johs Meyer) semble d’ailleurs tout droit sorti du cinéma de Lubitsch.

Mais le personnage de la vieille dame est la véritable âme du film. Cette espèce de Mary Poppins du troisième âge, qui s’amuse à martyriser le mari-tyran pour le faire réagir, et ressusciter sa tendresse disparue, est un personnage pour le moins haut en couleurs.

Elle est dure, mais on y prend tellement de plaisir, après avoir assisté pendant plus d’une demi heure aux petites cruautés quotidiennes de ce mari devenu odieux parce qu’il peine à subvenir aux besoins de sa famille… Il est odieux, arrogant, impardonnable. Et après cette première demi-heure sombre et difficile, voir ce tyran du quotidien souffrir à son tour tout en regagnant son humanité perdue, donne au film un nouveau souffle plus léger, parfois proche de la comédie.

Dans le drame comme dans la comédie, Dreyer excelle. Son film n’est ni une critique sociale, sur un homme ravagé par la perte de son emploi (le happy-end balaiera d’un coup tous les soucis financiers du couple), ni une œuvre féministe sur la libération de la femme (l’épouse reste dévouée totalement à son mari). C’est juste une histoire d’amour d’un couple bien installé. Mais filmé par un génie qui signe là l’un de ses tout premiers grands chefs d’œuvre.

 

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