What price Hollywood ? (id.) – de George Cukor – 1932
Une star d’Hollywood donne sa chance à une petite serveuse, qui devient en quelques films l’une des plus grandes stars, pendant que la carrière de son pygmalion périclite… Plus le nom de sa protégée monte au fronton des cinémas, plus il s’enfonce dans la dépression et l’alcoolisme. Il finit par tout perdre. L’histoire vous dit quelque chose ? Normal, le film de Cukor a inspiré A Star is born (dont Cukor lui-même réalisera la deuxième version, en 1954), et il est l’une des inspirations revendiquées pour The Artist. Tout le début du film de Cukor a été repris fidèlement par Michel Hazanavicus dans son film muet.
Le réalisateur français s’est consacré uniquement au destin croisé de ses deux stars. Le film de Cukor, lui, est plus foisonnant, ou plus brouillon, c’est selon. What Price Hollywood ? semble plus spontané, moins construit. Surtout, on sent que Cukor, grand filmeurs de femmes, est bien plus intéressé par la petite serveuse qui devient une grande star que par le personnage du réalisateur Max Carey. C’est dommage, parce que le personnage interprété par Lowell Sherman est passionnant, et l’alchimie avec Constance Bennett, dans le rôle principal, est de celles qui forgent les légendes. Mais au fil du film, la relation entre ces deux-là devient secondaire, Cukor lui préférant celle nettement plus convenue et moins intéressante de la jeune star avec son mari (Neil Hamilton, charmant mais un peu transparent). Le destin tragique de Max n’est alors pas aussi bouleversant qu’il devrait l’être…
Constance Bennett, elle, trouve un rôle en or : à la fois belle et émouvante, légère et grave, drôle et tragique… Un rôle complexe et d’une extrême richesse, qu’elle assume avec talent. Me souviens pas l’avoir vue aussi juste et pleine de nuances que dans ce rôle.
Le film est aussi, et surtout, l’une des visions les plus passionnantes du Hollywood de l’âge d’or. La manière dont Cukor filme les studios évite les clichés, et nous fait réellement pénétrer au cœur de la machine à rêve. On empreinte les portes dérobées, on déambule dans les larges allées ou entre les câbles et les cordes des décors, et on a l’impression d’être de la famille. Et si le côté « machine » est bien perceptible, l’aspect « rêve » l’est tout autant. Alors que la plupart des films sur le cinéma dénonce le cynisme et la cruauté d’Hollywood, Cukor, lui, filme son milieu de travail avec amour et tendresse, sinon avec bienveillance. Visiblement pas blasé par l’usine à rêve, il n’élude pas le côté autodestructeur de certaines idoles. Mais il aime Hollywood, et ça se sent.
Laisser un commentaire
Vous devez être connecté pour rédiger un commentaire.