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Cœur fidèle – de Jean Epstein – 1923

Classé dans : 1920-1929,EPSTEIN Jean,FILMS MUETS — 19 septembre, 2012 @ 10:31

Cœur fidèle

C’est l’un des premiers films de Jean Epstein, immense formaliste du cinéma de la fin des années 20, et déjà on retrouve derrière cette histoire d’une grande simplicité une approche formelle et une richesse incomparables. Oscillant constamment entre le naturalisme, le réalisme poétique (bien avant Carné et Grémillon), le romantisme à l’américaine (on pense souvent aux grands films de Borzage, avec même un travelling vertical dans une cage d’escalier qui préfigure celui, célèbre et sublime, de L’Heure suprême), et même l’expressionnisme allemand, Epstein explore les infinies possibilités de l’outil cinématographique.

Parfois, le résultat est un peu brouillon, et peut laisser perplexe (ces visages déformés qui apparaissent en plein écran, les surimpressions qui se succèdent pour illustrer l’orage qui éclate dans l’esprit de la pauvre Gina Manès…). Mais le plus souvent, c’est d’une beauté et d’une force absolues.

Tout l’intérêt, d’ailleurs, réside dans la réalisation d’Epstein. L’histoire, elle, est classique et très simple : dans le vieux port de Marseille, une pauvre serveuse est promise au mariage avec un sale type, mais en aime un autre, qui se bat avec son rival, et est condamné à la prison. A sa sortie, il retrouve sa belle vivant dans la misère avec le salaud qui leur a fait un enfant…

On est à peu près dans ce que l’humanité fait de plus misérable : des rues sales, des appartements miteux, des enfants malades, des chômeurs sans avenir, des maris alcooliques, des amours sans joie…

Rien de bien réjouissant, et même l’espoir qui jaillit parfois n’enlève rien au poids de ce milieu dont les personnages sont prisonniers. Jamais les bateaux que l’on voit en arrière-plan dans ce port qui sert de décor réel ne sont vus comme des possibles moyens de s’évader de ce quotidien : ils se contentent de rappeler qu’il y a autre chose ailleurs, pour d’autres mieux nés. Sans illusion.

Les comédiens, que je ne connaissait pas avant de voir ce film, sont parfait : rien d’héroïque, ni de glamour chez ces personnages marqués par le destin, qui se raccrochent avec la force de leur désespoir à la seule belle chose qu’ils possèdent : leur amour à toute épreuve.

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