Les Nibelungen, 2ème partie : La Vengeance de Kriemhild (Die Nibelungen. Teil II : Kriemhilds Rache) – de Fritz Lang – 1924
Changement de ton : avec La Mort de Siegfried, on était dans un univers d’heroic fantasy, peuplé de dragons, de créatures difformes et de magie… Cette seconde partie sent la poussière, le sang et la souffrance. Le beau Siegfried est mort, et Kriemhild s’est remariée avec le redoutable (et repoussant) Attila, et ça change beaucoup de choses…
Point de romantisme ici, mais un désir de vengeance qui emporte tout. C’est cette haine qui pousse Kriemhild à épouser le roi des Huns, consciente que son armée sera une arme indispensable pour assouvir sa vengeance. Mais c’est sans compter sur l’honneur, cette notion qui est au cœur de ce second volet, comme la trahison l’était dans le premier.
A la fois règle de vie absolue, et moteur des pires horreurs, cet honneur est typiquement un truc de mecs, dans le film de Lang. Ces hommes qui dirigent le monde selon des règles aussi incontournables qu’absurdes, qui poussent une nation vers sa perte… Difficile de ne pas penser au destin moderne du peuple allemand, à qui le film est d’ailleurs dédié, qui peine alors à se redresser d’une défaite historique, et que l’honneur bafoué allait pousser dans la pire des horreurs.
Ambivalent, le film est toutefois uniformément sombre. Pas de héros, cette fois. Pas de gentils, pas de vrais méchants non plus. Hagen, l’assassin borgne, finit par faire naître la sympathie par sa fidélité à toute éprouve ; tandis qu’Attila, le redoutable Huns, ressemble moins à un exterminateur sans pitié qu’à un vieux romantique gâteux et grotesque. Quant à « l’héroïne » Kriemhild, elle n’a plus grand chose d’humain, pleurant à peine la mort de son fils, et sacrifiant sans ciller ses proches. Noir, noir, noir…
Mais la mise en scène virtuose, pleine de trouvailles géniales, vient donner une bouffée d’air frais bienvenue. On ne peut pas dire que ces Nibelungen, décidés au peuple allemand, leur délivre un grand message d’espoir…
Laisser un commentaire
Vous devez être connecté pour rédiger un commentaire.