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Welcome in Vienna – Partie 2 : Santa Fé (Wohin und Zurück. 2 : Santa Fé) – d’Axel Corti – 1985

Classé dans : 1980-1989,CORTI Axel — 6 septembre, 2012 @ 17:00

Welcome in Vienna 2

« Ils ne nous pardonneront jamais ce qu’ils nous ont fait »

Après un interminable exil de plusieurs années à travers l’Europe, quelques Juifs d’Autriche ont réussi à s’embarquer, direction New York. Arrivés à bon port, certains sont maintenus en détention, faute de papier. D’autres, plus chanceux, sont accueillis sur le sol américain, où ils tentent de créer un semblant de vie…

Ce second volet pourrait être plus optimiste : tout commence par la découverte de la terre promise, avec des personnages qui sont des survivants, et à qui tout semble possible désormais. Mais les apparences sont trompeuses. Superbe vue de loin, la ville de New York se révèle grise et glauque au quotidien. Le romantisme du voyageur ne passe pas l’épreuve du temps… « Ici ils sont gentils, souligne un personnage : s’ils te renvoient, ils le font avec le sourire »

Loin de marquer la fin de ce long exil, loin du tumulte de la guerre en Europe et de la menace omniprésente des Nazis, l’arrivée en Amérique n’est que le prolongement de cet exode. Moins spectaculaire, mais plus pernicieux, mais le poids terrible de cette tragédie est toujours aussi présente.

L’absurdité de cette tragédie est bien là, elle aussi, et éclate de la plus inattendue des manières : dès les premières minutes du film, Ferry Tobler, le « héros » du premier volet Dieu ne croit plus en nous, survivant de tant d’horreurs, se noie bêtement dans le port de New York, à quelques mètres du quai, sans avoir pu fouler le sol américain…

Le personnage principal, ici, à qui le pauvre Ferry passe le relais dans les premières scènes, c’est Freddy Wolff, jeune homme dont on ne saura quasiment rien du passé. Qu’importe : ce survivant partage avec tous les autres Juifs d’Europe le même passé récent, la même fuite sans fin… Lui-même reconnaît qu’il se souvient à peine de sa vie d’avant, entièrement habité qu’il est par la haine, le rejet, l’incompréhension, et cette douleur d’incompréhension lorsqu’il repense à Vienne, cette ville qui est la sienne et où il sent qu’il doit retourner.

A New York, Freddy, comme beaucoup d’autres Juifs, trouve un emploi (dur), un logement (miteux), des amis (tous Juifs exilés). Mais comme beaucoup d’autres, il ne défait pas sa valise. Lui et les autres font bonne figure, affichant un optimiste de rigueur. Freddy rêve même de partir vers l’Ouest, à Santa Fé, loin de cette zone de transit qu’est New York. Là, sûr, une nouvelle vie l’attend, il pourra tourner la page.

Sauf que cet optimisme ne trompe personne. Ni les spectateurs, ni les personnages, qui possèdent tous des fêlures grandes comme le Mississipi. Chacun s’invente un présent glorieux, ou un futur réjouissant, sachant bien que personne n’est dupe. Tous jouent le jeu, conscients que ces masques leur permettent de survivre tant bien que mal.

Freddy réussit son intégration aussi bien que possible. Mais il n’a qu’une obsession : le rejet dont il fait l’objet par son propre peuple. « Ils ne nous pardonneront jamais ce qu’ils nous ont fait », lance un vieil écrivain juif conscient qu’un retour au pays n’est pas envisageable. Ce retour, Freddy sait pourtant qu’il ne peut en faire l’économie. Dans ce deuxième volet aussi beau et cruel que le premier, Axel Corti ne montre aucune image de l’Europe et de la guerre, mais on ne voit que ça dans les regards de ces êtres en transit. Le retour au pays sera au cœur du troisième volet, Welcome in Vienna, de cette trilogie décidément sublime et indispensable.

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