Two o’clock courage (id.) – d’Anthony Mann – 1945
Anthony Mann a près de 40 ans lorsqu’il réalise ce Two o’clock courage, mais c’est encore une œuvre de jeunesse : il ne s’agit que de son septième long métrage derrière la caméra, et il faudra attendre Desperate, en 1947, pour qu’il soit enfin le principal auteur de ses films, dont il supervisera désormais les scénarios.
Dans cette petite production RKO, on retrouve tout de même son goût pour la concision et un montage serré, son sens déjà bien acéré du rythme, ainsi que son penchant pour les ambiances nocturnes, tout ce qui sera sa marque de fabrique dans la série de chef d’œuvre du film noir qu’il signera à la fin de cette décennie. Pas encore, toutefois, ces ombres et cette obscurité qu’il filmera mieux qui quiconque avec son chef op John Alton, dans d’autres productions RKO. Pas non plus la sécheresse hyper-percutante de ses plus grands « noirs ».
Ici déjà, en tout cas, Mann ne tergiverse pas, et nous fait entrer directement dans l’action, et d’une manière particulièrement originale. Les premières images nous montrent un homme blessé à la tête, titubant dans la nuit, dans les rues désertes d’une grande ville. Un taxi manque de le renverser. Le chauffeur en descend : c’est une charmante jeune femme (Ann Rutherford, magnifique), qui décide aussitôt de venir en aide à cet inconnu qui a tout oublié de qui il était et ce qui lui est arrivé. La belle est sous le charme de ce grand dadais aux faux airs de George Sanders (normal, c’est Tom Conway, le frère du susmentionné).
Une introduction choc, mais la suite est un peu plus convenue. L’enquête prend de nombreux chemins de traverse. Toute le suspense repose sur l’identité de l’assassin qui a tué un célèbre producteur et évidemment, tout semble désigner Tom Conway. Est-il le véritable coupable ? Ou est-ce l’un des nombreux personnages secondaires qu’il croise sur son chemin au fil de cette nuit pas comme les autres ? Les fausses pistes se succèdent, ce qui finit par lasser et perdre un peu, mais qui donne un gag récurrent assez réjouissant : un journaliste qui suit l’affaire n’en finit plus de donner des infos qui se contredisent à un rédacteur en chef au bord de la crise de nerf…
Mann ne prend visiblement pas trop au sérieux cette intrigue tarabiscotée et sans grand intérêt. Il préfère mettre l’accent sur l’aspect humoristique, quasi parodique des situations. Il faut reconnaître qu’il sera plus à l’aise dans le noir le plus noir… Two o’clock courage n’a pas l’aspect cinglant de ses chef d’œuvre à venir, mais c’est une fantaisie policière légère et finalement réjouissante, qui ne manque ni de charme, ni de rythme.
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