The Game (id.) – de David Fincher – 1997
Autant Fight Club est le film le plus surestimé de Fincher, autant The Game est son chef d’œuvre le plus méconnu. Mal aimé, considéré à tort comme mineur et jamais vraiment réévalué depuis sa sortie il y a quinze ans, ce film est forme de trompe-l’œil est celui par lequel Fincher a commencé à remiser ses trucs de clippeur. Son premier film « mature », réalisé avec un classicisme et une élégance qui préfigure ses grandes œuvres à venir, de Zodiac à Social Network.
Faux thriller, faux film de complot, mais vrai film de manipulation, The Game est un pur plaisir de cinéma, une œuvre sur le pouvoir du cinéma et de la mise en scène que n’aurait pas reniée Hitchcock. Et avec un personnage principal magnifiquement écrit, et interprété par un Michael Douglas au sommet de son talent.
Homme d’affaire aussi riche et puissant que profondément seul, Douglas est un sale type, qui vit avec le souvenir d’un père qui s’est suicidé lorsqu’il était enfant. Divorcé, il s’est coupé de tous ses proches à force d’intransigeance et d’égoïsme. Dans son immense bâtisse familiale, où il vit seul, il mène une non-vie sinistre et froide. Jusqu’à ce que son petit frère, interprété par Sean Penn, lui offre un cadeau mystérieux : une sorte de jeu de rôle dont il ignore tout.
Du jour au lendemain, son quotidien change du tout au tout, avec de petits incidents apparemment sans gravité qui s’accumulent, créant une sourde menace. Bientôt, sa vie semble menacée, et un piège machiavélique se referme sur lui.
La force du film est de ne jamais quitter le point de vue de Michael Douglas. Les événements qui surviennent nous semblent aussi incompréhensibles que pour le personnage. David Fincher s’amuse à nous manipuler, comme le personnage de Douglas est manipulé tout au long du film. Ses réactions à lui illustrent nos émotions, et résument la puissance du cinéaste, démiurge tout puissant lorsqu’il maîtrise son art.
Et Fincher le maîtrise parfaitement. Avec ses rebondissements innombrables, son efficacité à toute épreuve et sa belle élégance, The Game rappelle les chef d’œuvre d’Hitchcock, lorsque le cinéaste maîtrisait le moindre détail de ses films, et amenait le spectateur exactement où il voulait. C’est ce miracle que Fincher réédite avec ce petit bijou à redécouvrir d’urgence.
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